Deep Scar - Actualité manga
Dossier manga - Deep Scar

Influences et colocation


L'histoire de Deep Scar part d'un postulat simple. Une jeune adulte issue de la campagne rejoint la grande ville italienne, celle de Turin. Mais parce que les loyers sont excessifs, une colocation est obligatoire pour elle. C'est ainsi que Sofia doit cohabiter avec Véronica, une fille branchée qui revêt même quelques allures punks dans certains de ses styles. Sofia est sage, du genre à lire avec une bonne infusion avant de se coucher tôt en plus d'être encore dans ses études, tandis que sa colocataire a un emploi, est fêtarde, et a une bande d'amis aussi casse-cou qu'elle.

Une colocation entre deux femmes opposées, donc... Voilà qui n'est pas sans rappeler l'un des mangas sentimentaux et dramatiques modernes les plus appréciés, à savoir Nana d'Ai Yazawa. La comparaison pourrait se faire dès les premières pages, mais elle sera balayée très rapidement, et ce pour deux raisons. La première, c'est simplement le fait que Rossella Sergi n'avait jamais lu l’œuvre centrée sur Nana et « Hachi », au moins jusqu'à la parution française du premier tome de son récit. Difficile alors de s'inspirer d'un titre qu'on connait au mieux de synopsis, mais pas en détail. Le second motif est plus simple, et vient de la place que va occuper cette colocation dans l'histoire.

Ainsi, cette cohabitation n'est qu'un moyen de planter un rapport entre Sofia et Véronica, point de départ des péripéties qui suivront. Dans Nana, l'idée de la colocation est beaucoup plus forte, l'appartement devenant même un personnage pour lequel Ai Yazawa insiste dans ses représentation visuelles, ce que l'adaptation animée fera très bien de son côté. Dans Deep Scar, on aurait presque pu substituer l'appartement à un autre environnement, par exemple un emploi au sein duquel Sofia et Véronica deviennent collègues contraintes à collaborer malgré leurs différences. Le lieu d'habitat est surtout utile pour les les deux femmes et imposer leurs existence commune pour amener plusieurs déboires supplémentaires, mais rien d'autre. Car les clés du scénario sont ailleurs, au point que Véronica devienne un personnage plus secondaire par la suite. Sa présence est récurrente, mais elle n'est clairement pas le point central d'une intrigue dont les focus sont Sofia et Lorenzo.


Aussi, l'écriture de la relation entre les deux colocataires de la série de Rossella Sergi est totalement différente. Chez Ai Yazawa, nous trouvons l'idée d'une relation d'une humanité sans limite, d'une amitié folle qui n'aurait rien d'étrange à être interprétée comme une forme d'amour par certains. La démarche est différente dans Deep Scar tant il sera difficile, même à terme, de considérer Sofia et Véronica comme de grandes amies. Au mieux, toutes deux deviendront des colocataires qui s'acceptent mutuellement. Néanmoins, l'évolution du personnage de Véronica sera intéressante à observer sur la durée. La débauchée insouciante, et presque mauvaise au départ, montrera une humanité plus grande par la suite. Elle ne se contentera plus de juger Sofia par son allure rustique et de soupirer au moindre de ses choix de vie, mais préfèrera comprendre ses maux, se soucier d'elle et l'accepter entièrement. Cela peut paraître très en retrait tant la jeune femme fait presque de la figuration dans les derniers chapitres de l'histoire, mais l'ensemble reste suffisamment flagrant pour qu'il ne soit pas un résultat hasardeux de la part de la mangaka et de son écriture.

Deep Scar n'est donc pas une Nana bis, mais un récit d'amour dramatique à part entière. En vérité, l'opposition est rapidement évidente et le rapport entre les deux œuvres n'a pas de légitimité à être débattu. Mais ce faux comparatif fut pour nous un moyen efficace pour aborder d'autres dimensions, humaines, et ne tournant pas exclusivement autour des garçons.
  
  

DEEP SCAR © 2018 ROSSELLA SERGI / EDITIONS H2T

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