Deep Scar - Actualité manga
Dossier manga - Deep Scar

S'émanciper, tourner le dos au passé


Adepte des œuvres romantiques, Rossella Sergi ne s'est pas laissée allée au hasard pour dépeindre l'intrigue de Deep Scar. Autrement dit, si sa série s'articule énormément sur la romance et le drame, elle est aussi vectrice d'idées fortes qui concernent le plus grand nombre : L'émancipation, l'abandon de son foyer pour mener sa vie d'adulte, et la responsabilité.

L'histoire est donc celle de Sofia, jeune italienne qui quitte sa petite ville pour rejoindre la grande et mener sa propre vie, celle d'une adulte. Après tout, la voilà étudiante et parée à se confronter d'elle-même à la société. L'amorce du récit pose rapidement les premières difficultés en présentant la colocation avec Véronica qui s'annonce houleuse. Les deux jeunes femmes sont diamétralement opposées, ce qui sous-entend de trains de vie différents et une coexistence probablement peu harmonieuse. Voilà qui fait tilte pour l'entourage de Sofia qui, dès lors, remet en question la capacité de l'étudiante à vivre en autonomie. L'intrigue ira bien plus loin que ça et attribuera d'autres motifs aux doutes des parents de l'héroïne, mais nous y reviendrons.


D'une manière très globale, Deep Scar croque cette idée de l'émancipation via une Sofia qui, malgré énormément de difficultés, devra s'affirmer dans sa destinée et lutter contre vents et marées afin de prouver qu'elle est digne de vivre en autonomie. Le scénario n'aura de cesse d'amener des complications dans le quotidien de la protagoniste pour donner lieu à un véritable parcours du combattant dans lequel s'immisceront d'autres enjeux de l'ordre de l'amour et du drame. Un chemin semé d'embuches pour Sofia dont la quête ne changera pas vraiment au cours des quatre opus, quand bien même la trame prendra des élans un poil différents au fil des chapitres.

Et c'est bien là le crédit que l'on peut accorder à Rossella Sergi : Sa capacité à écrire une histoire sans jamais s'éloigner des idées qu'elle veut transmettre dans son œuvre. C'est d'ailleurs une volonté de l'artiste, un véritable leitmotiv de sa démarche d'auteur, celle de proposer ses propres histoires enrichies de thèmes et de messages. Chaque péripétie sera donc un moyen de confronter Sofia à cette idée de l'émancipation, mais aussi de créer une véritable opposition entre le présent et le passé. Sans trop en dire, l'un des choix scénaristiques peut faire office de figure de style pour présenter la capacité de l'héroïne à aller de l'avant, et à ne pas trop s'ancrer dans son existence d'autrefois. Une idée passionnante et qui nous concernent toutes et tous, à l'heure où plier bagages pour mener son existence d'adulte devient de plus en plus compliqué, pour bien des raisons d'ampleur sociale.

Deep Scar entretient tout ce rapport à cette idée de progression personnelle de manière assumée. Preuve en est l'accroche de chaque quatrième de couverture : « Se relever pour commencer une nouvelle vie... ». La tirade n'est pas simplement jolie dans ses idées, mais elle incarne aussi tout ce que la série cherche à transmettre. Car comme nous l'avons dit, chaque obstacle sera un moyen pour l'héroïne d'aller de l'avant, jusqu'à ce qu'elle fasse des choix décisif. Se complaire dans sa vie d'enfance ou s'affirmer en tant qu'adulte autonome demeure le véritable fil conducteur de la série, ce qui nous force à parler de sa fin.

Rossella Sergi fait alors un choix, celui de conclure son histoire assez brutalement. Pas d'épilogue pour nous permettre d'apprécier le devenir des personnages et ancrer leur confort dans le quotidien résultant de leurs décisions, mais une finalité qui pourra en brusquer plus d'un(e). Pourtant, la démarche a du sens. Comme nous l'avons répété, Deep Scar narre le chemin d'une Sofia qui doit aller de l'avant après avoir tourné le dos à son passé. Aussi, l'objectif est accompli via la dernière page, et on ne pourra pas reprocher à l’œuvre de ne pas proposer de finalité. Il est certes toujours agréable d'observer des focus sur les personnages secondaires (d'autant plus que certains auraient peut-être pu profiter de leurs rédemptions), mais l'autrice a transcrit ce qu'elle avait à raconter via la conclusion, ce qui semble indéniable.


Enfin, il convient d'évoquer une certaine nuance dans la thématique centrale de la série. En plus de l'émancipation, l'une des grandes idées de Deep Scar est bel et bien de se confronter à un passé douloureux pour aller de l'avant, plus que simplement s'émanciper comme tout adulte doit le faire. La série parle de passage à l'âge adulte, mais pas avec la mélancolie qu'on peut observer dans ce type de récit. Au contraire, la progression est rude pour Sofia, et il sera difficile pour le lecteur de s'identifier strictement à elle. Chacun devra transposer ses propres expériences pour établir un parallèle qui, dans tous les cas, ne sera pas similaire.
  
  

DEEP SCAR © 2018 ROSSELLA SERGI / EDITIONS H2T

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