Crazy Zoo - Actualité manga
Dossier manga - Crazy Zoo
Lecteurs
16/20

Du délire à la bagarre, une évolution progressive



Les respects d’un schéma traditionnel


On ne compte plus le nombre de shônen qui débutaient de manière douce ou modérée avant d’entamer une escalade dans le spectaculaire ou dans le combat. Un excellent exemple est celui de Reborn, qui présentait pendant sept tomes de courtes aventures humoristiques afin d’implanter les personnages, avant de virer toujours plus loin dans des arcs narratifs sérieux où les héros devenaient de surpuissants combattants livrant bataille. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres puisque des productions de ce type sont nombreuses.

C’est ainsi que sur les cinq volumes qui composent Crazy Zoo, seul le premier s’adonne entièrement à l’humour et à l’excentricité, avec tous les ingrédients décrits dans la partie précédente. Le second volume arrivé débute le premier grand arc de la série, centré cette fois sur un aquarium, puis le troisième et dernier de l’œuvre qui narre les péripéties autour d’un cirque implanté en ville. Crazy Zoo ne perd jamais sa thématique première qui est celle de l’animal, mais se permet de dériver dans un style clairement nekketsu, une manœuvre très classique pour les titres du Shônen Jump. Cela n’a malheureusement pas suffi à la série pour gagner un grand lectorat au Pays du Soleil Levant, ce genre de tournure étant trop classique. Pourtant, si la série part dans la baston, ses traits n’ont pas tous changé : Les animaux restent farfelus, notamment Shîna et sa nature de lapin capricieux, et les nouveaux venus ne manquent pas de faire rire par leur alchimie entre la psychologie humaine et l’instinct animal. Bien que partant dans l’action, le titre de Kôhei Horikoshi n’abandonne jamais son cahier des charges initiales et à ce titre, on aurait tort de dire que la série a gratuitement viré dans la baston pur jus.


Que pleuvent les coups !


Inutile de le cacher, Crazy Zoo suit donc le chemin de nombre de shônen qui peinent à séduire avec leur formule initiale et empreinte rapidement le chemin du combat. Dès lors, les créatures atypiques, mais si attachantes et farfelues que nous avons connues, sans toutefois renier leurs caractères, deviennent des bêtes féroces aptes au combat ce qui, en soi, et étant donné les animaux sélectionnés pour constituer le casting de la série, s’avère être un choix cohérent. En effet, les capacités naturelles de chaque être sont exploitées avec justesse. Le mangaka prend grand soin de mettre en avant des personnages issus de créatures à la force colossale comme le gorille ou alors doués d’une grande agilité comme le guépard afin de justifier des combats dantesques qui ont le mérite de faire plaisir aux yeux tant le trait de Kôhei Horikoshi brille de dynamisme. Il en va de même pour les bestioles d’horizons divers qui surviennent par la suite, notamment des créatures aquatiques qu’on n’imagine pas comme de féroces combattants à l’origine. Mais là aussi, les choix de l’auteur sont judicieux et mettent en avant le fossé entre deux animaux nettement différents en opposant leurs dons physiques, une autre manière d’assumer les inspirations écologiques de l’œuvre. Le seul qui sort réellement du lot est Shîna qui, de sa carrure de simple lapin, possède finalement une force aussi grande que celle de ses compagnons sinon plus importante. Mais ce dernier ayant des origines différentes et étant le noyau de la malédiction du zoo, il convient de faire abstraction de cette déviation dont la source est scénaristique.

Le format même de la série correspond à ce qu’on a l’habitude de voir quand il s’agit de présenter des récits de combats physiques. Les deux grands arcs qui composent les volumes 2 à 5 présentent chacun un objectif et surtout une troupe d’ennemis à vaincre. Des rivalités se forment, les adversaires sont clairement hiérarchisés dans le sens où l’on reconnaît d’emblée les meneurs de groupe et les simples subalternes, il ne reste alors qu’à engager des affrontements à un contre un de manière linéaire pour mettre en avant les différentes figures du casting, aussi bien alliées qu’ennemies. La recette ne peut alors que fonctionner, d’autant plus que l’aspect hybride des personnages apporte une originalité bienvenue qui permet d’aller loin de manière rapide dans le spectaculaire, le tout de manière cohérente. Shônen classique, oui, mais shônen classique assumé et réussi.


Ne jamais oublier le scénario


La série, sur son petit nombre d’opus, tâche de ne jamais oublier ce qui forme son scénario : la malédiction qui frappe Shîna, sa véritable nature et la manière de s’en débarrasser. Les adversaires rencontrés par nos héros ne sont donc pas le fruit du hasard et ont un lien concret avec l’intrigue de la malédiction, bien qu’en dire davantage serait de l’ordre du spoiler. On sent ainsi que le récit de Kôhei Horikoshi avait pour vocation d’être autre chose qu’un petit manga de cinq tomes et que le récit aurait volontiers atteint la dizaine de volumes pour boucler toute son intrigue. Les pistes présentées sont nombreuses dans les deux arcs et, malgré le temps qui pressait le mangaka, celui-ci n’hésite jamais à développer le concept de la malédiction de telle sorte à ce que le lecteur se fasse une idée des ambitions globales de l’auteur.

Car l’intrigue de Crazy Zoo semblait véritablement riche et cherche à développer un message hautement écologique à travers le respect de l’animal, d’abord présenté par le personnage de Hana qui est une amoureuse des bêtes, mais aussi par les différentes mécaniques du shônen. Il va sans dire qu’un ennemi devenant allié prend du sens quand il s’agit de véhiculer un message de paix entre l’Homme et la Nature, une manière bien belle de rendre crédible une ficelle vue et revue.

Gageons qu’avec tant de potentiel narratif et une thématique générale si séduisante, il est frustrant que Crazy Zoo n’ait pas pu aller jusqu’au bout de ses idées. Jusqu’à la fin, les indices glissés par le mangaka sur ses intentions sont présents et on imagine sans mal ce qu’aurait pu devenir la série. Quelle frustration de se dire qu’une rencontre entre les héros et des entités mystiques d’origine naturelle, typiques du folklore nippon, ne verront jamais le jour sous nos yeux !
  
  
  

OUMAGADOKI DOBUTSUEN © 2010 by Kohei Horikoshi/SHUEISHA

Commentaires

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FinalMangaka

De FinalMangaka [759 Pts], le 31 Mars 2015 à 18h29

Si sa deuxième série arrive chez nous, la déception des fans sera encore plus grande !
J'ai découvert Sensei no Bulge dans les pages d'un Jump qu'on m'a offert, et après l'avoir lu sur le net, je suis tombé amoureux de cet auteur, tristement boudé du lectorat japonais.
Ses deux premières oeuvres cherchent l'originalité mais n'ont pas plu, et le plus triste c'est que comme pour Crazy Zoo, on sent l'ambition et le potentiel énorme de ses intrigues... Fort heureusement Boku no Hero a trouvé son public !

Karakuri

De Karakuri [3196 Pts], le 29 Mars 2015 à 16h43

16/20

J'ai lâché ce manga au tome 2 ou 3, c'était trop superficiel, trop prévisible et trop banal niveau dessins. J'ai eu l'impression de l'avoir déjà lue, malgré l'idée des animaux qui est ce qui m'a attiré au début.

Mais le dossier est bon. Cependant il me confirme que je ne redonnerai pas de chance à cette série si c'est pour avoir un truc à moitié inachevé.

Je déteste le Shônen Jump pour ça. En plus d'avoir de séries de moins en moins originales, ils en vendangent la moitié faute de popularité.

 

Désormais j'évite les séries du Shônen Jump dont je hais la mentalité.

Takato

De Takato [1931 Pts], le 29 Mars 2015 à 10h49

C'est malheureusement une réalité qu'on ne peut ne pas traiter quand on aborde ce genre de série. Surtout quand celles-ci sont bourrées de qualité, comme ce fut le cas pour Crazy Zoo.

Daigo

De Daigo [917 Pts], le 28 Mars 2015 à 21h09

16/20

C'est la première fois que je dis ça d'un dossier, mais cette lecture a quelque chose de déprimant!

Dure réalité, pour les manga qui ne trouvent pas leur public... J'hésite à me lancer

à cause des bastons/histoire pas réellement terminée.

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