Ces mangas qui font du bien – Partie 2 - Actualité manga
Dossier manga - Ces mangas qui font du bien – Partie 2

L’histoire du jour


Mélanger la tranche de vie et le récit historique, c’est possible. C’est ce que fait Fumiyo Kôno avec des mangas comme Le pays des cerisiers et Dans un recoin de ce monde. L’artiste cherche à dessiner des périodes historiques d’un point de vue des habitants, et non des dirigeants ou des militaires. C’est pour cela qu’elle dessine la vie quotidienne de jeunes femmes aux alentours de Hiroshima, avant ou après le bombardement du 6 août 1945. Bien évidemment, ses récits sont teintés de drames et peuvent même être par moments effroyablement tristes, mais il se dégage énormément de douceur et d’innocence dans son style tout comme dans le caractère de ses personnages, l’exemple le plus parlant est la maladroite Suzu, qui tâche de s’appliquer mais fini toujours par s’égarer. Particulièrement au sein de Dans un recoin de ce monde, l’autrice multiplie les moyens de narration pour nous dévoiler à quoi ressemblait la vie quotidienne d’une jeune femme alors que la guerre s’intensifie. Le manga est donc instructif et passionnant, en plus de faire l’éloge du quotidien.


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Le pays des cerisiers.


Dans un style bien différent, une autre autrice a croisé le récit historique avec la vie quotidienne, il s’agit de Kaoru Mori. Qu’elle s’attarde sur l’Angleterre victorienne dans Emma ou sur les peuples autour de la Route de la soie dans Bride Stories, Kaoru Mori dessine avec énormément d’attention les moindres détails. Cette minutie donne un charme particulier à ses mangas à tel point qu’on a l’impression qu’elle nous transporte à différentes époques, dans divers lieux. Que ce soit les objets ou bien les coutumes, l’autrice met l’accent sur le moindre élément faisant la particularité de la période qu’elle dessine. Cela rend ses histoires bien plus crédibles, et on se laisse ainsi bercer par ce qu’elle nous narre, de romances aux quêtes intérieures de femmes.



Quand la tranche de vie envahit d’autres genres


Un robot qui joue au piano, une jeune fille qui écoute une cassette laissée par son oncle, un vieil homme riche qui se fait lire des livres... la tranche de vie est partout dans les thrillers de Naoki Urasawa. Et c’est sans doute parce que l’auteur s’attache à décrire la vie que ses mangas sont si haletants. En effet, plus on s’attache à un personnage en découvrant son quotidien et plus son sort nous intéresse, et à travers Monster, 20th Century Boys, Pluto, Billy Bat ou plus récemment Asadora, Naoki Urasawa nous a montré qu’il est le roi pour donner vie à un personnage en quelques pages.


Mais il n’est pas le seul, loin de là. Toujours dans le domaine du thriller, Aki Irie fait encore différemment au cœur de Dans le sens du vent. L’autrice mélange sans arrêt les genres, à tel point que cela en devient volontairement déstabilisant à la lecture. Elle passe sans vergogne de révélations mettant des sueurs froides liées à des meurtres à du tourisme. Elle laisse en suspens son histoire pour nous faire visiter les moindres recoins de l’Islande, basculant ainsi dans la tranche de vie, avant de revenir non sans puissance à l’aspect thriller de son manga. C’est certes déconcertant mais ce mélange de saveurs fait de Dans le sens du vent une série absolument unique, imprévisible et donc forcément passionnante.


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Kowloon Generic Romance.


Un autre manga imprévisible qui mélange les genres est sans conteste Kowloon Generic Romance. Présentée comme une dystopie se situant dans la citadelle de Kowloon, la série de Jun Mayuzuki mélange science-fiction, romance ou encore tranche de vie. Et on est loin de mangas comme Aria ou Escale à Yokohama dont l’aspect science-fiction sert au propose de la tranche de vie. Ici on est plus comme dans Dead Dead Demon’s Dededede Destruction, où tout se mélange sans que l’on sache à l’avance quel élément doit prendre le dessus. Dans tous les cas, Jun Mayuzuki joue autant avec nos cœurs qu’avec nos cerveaux dans Kowloon Generic Romance, où elle développe une histoire d’amour complexe en altérant la mémoire et le corps. À travers le lien entre les personnages, elle tient un propos qui se reflète aussi sur la vie du quartier, en disant que l’amour est semblable à la nostalgie. Ce dernier sentiment se ressent parfaitement dans le Kowloon dystopique imaginé par Jun Mayuzuki, à tel point qu’on en perçoit les bruits, les odeurs, l’oppression des petites ruelles, comme si on y était. Et c’est quelque chose qui fait du bien, car il y a de la vie dans cette série, qui se transcrit aussi bien par les plats alléchants que les petits vieux qui joue au mah-jong, ou même les recherches d’appartement. On prend son temps pour s’amuser, voir des amis, manger, profiter de la vie... Plus on lit ce manga et plus on se sent habité par la vie de quartier, aussi délabré soit-il. Et c’est normal car la mélancolie de Kowloon Generic Romance se dégage à travers ses architectures. Mais la chose essentielle à retenir reste que Jun Mayuzuki parvient à rendre le quartier vivant aux yeux de ses propres personnages, et donc par extension à ceux des lecteurs. En fin de compte si Aki Irie sort de la route pour représenter la proximité avec la nature, en montrer toute sa puissance, Jun Mayuzuki se focalise sur les sentiments intérieurs propre à l’humain afin de mettre en avant son attachement aux choses qu’il connaît. Ce sont deux démarches différentes donc mais pas forcément opposées dans la mesure où les deux autrices dessinent des humains décidemment bien petits face à leur environnement tout en s’inscrivant dans un récit principal plus global.

  


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