Ces mangas qui font du bien – Partie 2 - Actualité manga
Dossier manga - Ces mangas qui font du bien – Partie 2

Le cas Jirô Taniguchi


De Yoshiharu Tsuge (L’homme sans talent) à Kabi Nagata (Solitude d’un autre genre) en passant par Inio Asano (Errance) ou encore Taiyô Matsumoto (Sunny), les mangakas se sont mis à nu à travers des récits intimes qui vont jusqu’à confondre la fiction et la réalité. Qu’ils emploient le surréalisme, l’onirisme ou même la docu-fiction, tous ces récits tendent à mettre en scène une réalité correspondant à la leur. Difficile cependant d’affirmer que leurs récits guérissent ou qu’ils font voir le monde de manière plus agréable. C’est même bien souvent le contraire, ce qui est raconté est d’un noir profond, souvent pessimiste, les designs mignons de Journal d’une disparition ou les couleurs vives de Solitude d’un autre genre n’enlevant en rien la noirceur des propos.

 

Il existe cependant un mangaka qui a fait de l’exercice de dépeindre la réalité sa marque de fabrique, tout en proposant des récits curatifs : Jirô Taniguchi. Quartier Lointain, Le journal de mon père, Un zoo en hiver ou encore Un ciel radieux sont autant de récits qui permettent de voir le monde autrement, de mieux comprendre ses proches, sa famille et par extension soi-même. Dans Quartier Lointain, l’auteur utilise un élément fantastique pour dépeindre la réalité, un quadragénaire se réveille dans le corps de l’adolescent qu’il était et il revit ainsi cette époque charnière de sa vie avec son regard d’adulte. Une nouvelle perception de son environnement s’offre alors à lui, ce qui lui permet de comprendre par exemple pourquoi son père a fui la maison, un acte qui lui paraissait jusqu’alors insensé.


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L'homme qui marche.


En plus du côté introspectif de ses mangas Jirô Taniguchi a l’art de proposer des récits contemplatifs. Cela se ressent fortement dans Quartier Lointain, où le personnage redécouvre des coins de son enfance, qui ont forcément changé avec le temps. Il est donc envahi d’un sentiment de nostalgie. Néanmoins, on retrouve également son goût pour la contemplation dans ses mangas se déroulant dans le présent, comme L’homme qui marche ou encore Le gourmet solitaire. Il y développe l’art de déambuler, de se satisfaire de petits plaisirs, de prendre son temps pour les apprécier. Le rythme de la vie change au contact des mangas de Jirô Taniguchi, ses mangas sont des odes à contempler le monde, puis à le ressentir.



La tranche de vie réaliste


Jirô Taniguchi n’est pas le seul à faire de la tranche de vie réaliste, quand bien même beaucoup de récits du genre versent dans le domaine du dramatique, comme My Broken Mariko ou encore Le chien gardien d’étoiles. Certains artistes sont à la lisière du drame et de la guérison. C’est le cas de Tetsuya Toyoda, auteur aussi rare que talentueux, qui a notamment dessiné Undercurrent. Ce manga dans lequel une femme tenant des bains publics engage un détective pour chercher son mari disparu est dans la pure lignée des œuvres de Jirô Taniguchi, c’est-à-dire contemplatif et introspectif. L’auteur propose un récit à plusieurs couches de lecture et au-delà de l’enquête, Undercurrent parle de la recherche de soi-même, invitant le lecteur à réfléchir sur sa propre existence.


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March comes on like a Lion.


March comes in like a Lion part aussi part d’une base dramatique, le deuil de Rei, qui joue au shôgi afin de continuer de vivre après un accident qui a été fatal à ses parents et sa sœur. Si le manga a des passages difficiles puisqu’il parle de dépression, de harcèlement scolaire ou encore de maladie, il est mélangé à une saveur sucrée le rendant agréable. Rei est en effet entouré de la bienveillance des trois sœurs Kawamoto, qui veillent sur lui et l’accueillent comme un membre de la famille. Un confort qui fait énormément de bien au jeune homme en deuil. Doux et poétique, March comes in like a Lion a aussi bien d’autres qualités, comme celle de représenter à la perfection la vie de quartier et le quotidien. De la pâtisserie au shôgi, en passant par les lieux dessinés par Chica Umino, le manga a un côté très japonais donnant envie d’y voyager. Mais c’est aussi parce que l’autrice représente comme personne la vie, les liens entre les gens, l’attachement à une passion ou à un endroit, que son manga fait cet effet. Si Chica Umino a un talent rare, elle n’est pas la seule à y parvenir, on peut également citer l’exemple de Kamakura Diary dans lequel Akimi Yoshida retranscrit magnifiquement la vie aussi bien d’un point de vue humain que territorial.

  


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