Bullet armors - Actualité manga
Dossier manga - Bullet armors

Entre aventure et science-fiction, un univers vaste


L’univers de Bullet Armors est évidemment fictif et s’ancre aisément dans la science-fiction grâce à ses différents concepts qui forment un monde où la machine et son lien avec l’Homme est au cœur de l’histoire. Ainsi, l’œuvre n’hésite pas à instaurer ses propres mécaniques, dès le premier chapitre, ce qui peut aisément perdre le lecteur. Alors, que l’on ait lu la série ou non, un petit lexique s’impose avant de poursuivre notre analyse.

Trémor : Un tremor est une créature cybernétique sauvage et dotée d’une conscience qui la rend généralement hostile pour l’être humain. Cette machine a souvent une apparence d’un ver, lui permettant de se camoufler sous la terre. Gageons toutefois que tous les tremor ne sont pas néfastes puisque certains de sociabilisent au contact de l’Homme.

Breeder : Très rapidement, le breeder est présenté comme celui qui pactise avec le tremor, qui en fait son propre compagnon pour faire siennes des capacités de la machine. Le premier breeder de l’œuvre est Rez, un vagabond qui sillonne le monde et qui n’hésite pas à défendre l’humanité contre les tremors hostiles. A son tour, Ion suivra les pas de son ami. Nous apprendrons toutefois que tout breeder n’est pas forcément bienveillant, bien au contraire.

Baker : Le baker protège l’humanité des tremor, c’est un fait. Elle les combat, les chasse, les extermine… ceci dans un but purement pacifiste et pour garantir le salut du genre humain. Les bakers livrent un combat contre les breeder et les voient comme une menace, ceci à cause d’un contexte historique délicat.

Tout individu combattant les tremors et les breeders peut se revendiquer baker, mais il s’agit en réalité d’une armée strictement organisée et hiérarchisée.
  
  
  
  
  
Dans cet univers, les breeders s’associent aux tremors. Ceux-ci deviennent un propre membre de leur corps, ce qui les dote de grandes facultés et peuvent facilement constituer une menace pour le monde quand ils s’attaquent à l’humanité. Mais d’un autre côté, les breeder n’ayant pas pactisé avec le diable peuvent s’élever en fervent défenseur des innocents face aux tremors sauvages, bien que leurs prouesses ne soient que rarement reconnues, ce qui force ces « bons » breeders à vivre dans une solitude, à travers le monde, leur machine étant leur unique allié.

Les bakers, eux, combattent tremors et breeders et bien qu’ils constituent une armée riche en force humaine, ils doivent compter sur leur propre armement plus que leurs capacités physiques ou des pouvoirs des tremors. Pour les plus hauts gradés, des avancées technologiques permettent à ces bakers de faire parfois jeu égal avec les breeders. Cela prouve que rivaliser avec la machine est un pari difficile pour l’être humain, mais que l’univers de Bullet Armors est en constante évolution.

Ion, héros du récit, évolue dans ce monde et part d’un point de vue innocent, à l’instar du lecteur. Dans tout ce qui a trait aux tremors, lui n’a jamais connu que Bullet, sa fidèle machine en forme de bras droit qui ne ferait pas de mal à une mouche. Nous nous situons donc presque sur le même plan qu’Ion lorsque nous démarrons notre lecture, ce qui implique que les grands concepts de la série ainsi que les relations entre les différentes factions sont inconnues aussi bien pour le protagoniste que pour nous. Mais au contraire de nous qui avons un regard externe aux évènements, Ion évolue en plein cœur et a, en plus, le « défaut » d’être un breeder, faisait de lui un ennemi à abattre. Toutes ces tensions, instaurées dès le premier volume, centrent très rapidement les enjeux de l’œuvre et donnent de la complexité à l’univers de Bullet Armors. Et parce que Moritya, le mangaka, a de la suite dans les idées, il sait pourquoi son univers est ainsi, et quels faits, quel conflit, ont mené le monde d’Ion où il se trouve actuellement. Le récit d’aventures cache ainsi, sous ses couvertures toutes guillerettes de prime abord, un monde qui a frôlé le chaos et où des tensions persistent. Les évènements des six tomes font, comme un livre d’histoire, progressivement la lumière sur les faits passés, qui ne cessent d’enrichir l’univers page après page.

On pourrait d’ailleurs penser qu’avec l’omniprésente des entités mécaniques, Bullet Armors s’orienterait vers le genre mécha où les combats à base de robots humanoïdes et de rayons lasers fuseraient. Mais il n’en est rien puisque la série étant un shônen, elle revêt un style très nekketsu où les machines servent avant tout à faire partie intégrante du corps des personnages pour leur permettre de se livrer des batailles au corps à corps sans merci. Les combats opposent tous (sauf un) les humains entre eux. « L’Homme est un loup pour l’Homme » dit Plaute dans Asinaria, des propos mainte fois repris pour décrire la folie de l’être humain envers lui-même. Et une fois encore, le propos s’avère vrai puisqu’aidé par la machine, l’Homme ne cesse de s’en prendre à lui-même, visant parfois sa propre éradication. Les personnages sont donc sans merci les uns envers les autres tant les tremors leur donnent une puissance inégalable pour lutter. Les coups fusent bien souvent dans la série et si les techniques à distance existent, elles ne sont pas majoritaires, laissant la place à des chocs au corps à corps pour des scènes d’action toujours plus explosives au point d’en être jouissives au troisième opus de la série, celui que votre serviteur a tant aimé.
  
  
  
  
  
Mais l’univers de Bullet Amors a ses limites, malheureusement, et celles-ci sont surtout temporelles. On ne doute pas que le mangaka sait où il va dans son intrigue, ni les objectifs de son héros ou encore le background de ses différents personnages. D’ailleurs, il parvient à expliciter tous ces éléments au cours des six opus qui constituent la saga, et c’est là qu’on regrette que seulement six volumes lui aient été permis. La série s’achève comme se terminerait un arc scénaristique d’une série d’aventure vouée à durée une vingtaine de tomes dans sa globalité, et la conclusion apportée n’en est ainsi pas une. Bullet Armors dépeint un univers passionnant, des concepts bien trouvés et tente de développer une histoire sans avoir le temps d’aller au bout de ses idées. Et plutôt que de bâcler ses différentes intrigues, le mangaka fait le choix de laisser le lecteur dans le flou, avec une fine ouverture, la vérité étant et restera à jamais dans la tête de Moritya.
  
  
  

©2010 MORITYA/SHOGAKUKAN

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