Black Rose Alice

Graphisme et édition

De base, déjà, Setona Mizushiro possède un trait bien à elle, hautement personnel. Un trait qui, s’affranchissant de toute naïveté et des canons du shojo classique, possède une élégance propre qui vient, déjà en temps normal, régaler la rétine. Malgré quelques très légères imperfections de temps à autre, le trait de l’auteure se veut en effet parfaitement maîtrisé et donne le ton de ses récits. Adultes et souvent torturés. Et ça tombe bien, c’est exactement le style qui convient à merveille à une histoire telle que celle de Black Rose Alice. Dès lors, l’aspect graphique de la série sera très clairement l’un de ses atouts. En effet, Mizushiro dessine chacun de ses personnages avec une finesse et un raffinement de tous les instants. Cela nous ramène directement au mythe du vampire tel qu’on le connaît plus communément. Une créature aussi mystérieuse qu’attirante qui se transforme en un véritable monstre à l’allure de chiroptère en plantant ses canines dans la gorge d’opale de superbes demoiselles. Il aurait toutefois été trop facile de reproduire une énième fois ce que tout le monde connaît déjà. Mais la part sombre du mythe sera cependant bien présente, représentée de la manière choisie par la mangaka. Ici, pas de chauve-souris et de longue cape suivant le rythme du vent. Mais les vampires n’en sont pas moins impressionnants pour autant. S’ils ne leur poussent pas des ailes, ils sont capables de faire sortir des araignées de leur bouche. Plutôt original et tout aussi sordide. Couplé aux papillons noirs déjà évoqués auparavant, cela donne une atmosphère des plus réussies à l’œuvre.

À côté de cela, on sent également que Setona Mizushiro possède une expérience telle que sa narration, le découpage de ses pages et l’agencement des cases sont tous des sans-faute. L’action est claire, bien mise en scène. Les moments importants sont mis en évidence tantôt en accélérant le rythme,  tantôt en réalisant un gros plan plus large et superbement représenté. Parfois, les deux se confondent pour produire un résultat encore meilleur. Les visages sont expressifs, les décors sont détaillés sans pour autant être très chargés. Concrètement, le dessin à lui seul parvient à nous transporter dans l’univers de Black Rose Alice. Tout y est vivant, tangible. On est plongé au milieu des différents protagonistes du récit et l’on partage leurs émotions, leurs joies et leurs peines.
  
  
  
  
  
Au niveau de l’édition française, Asuka et Kaze manga fournissent du bon travail. On appréciera notamment le travail fourni par la première des deux maisons d’édition sur les deux premiers volumes de la série qui ont chacun droit à une page couleur (particulièrement jolie pour ce qui est du deuxième opus, d’ailleurs). En outre, le premier volume comporte également une postface venant nous présenter de manière fort intéressante l’auteure et ses différents travaux. Avec le passage à Kaze manga, les tomes suivants sont par contre intégralement en noir et blanc. Ceci étant dit, on conservera à chaque début d’ouvrage une présentation rapide des personnages ainsi qu’un petit résumé de l’histoire. Un détail, peut-être, mais qui reste des plus pratiques et agréables et qui, surtout, a malheureusement tendance à se perdre de nos jours.

Bref, graphiquement Black Rose Alice est une franche réussite dans la mesure où l’œuvre permet de mettre parfaitement bien en avant le style et les qualités du coup de crayon de Setona Mizushiro. Et l’édition qui nous est proposée, propre, nous permet de découvrir l’œuvre dans d’excellentes conditions.

Conclusion

Aussi torturé, sombre, noir, cruel que magnifique, humain et poétique, voilà autant de qualificatifs pour énumérer l’infime part de ce qu’est Black Rose Alice. Sous ses idées audacieuses, voire révolutionnaires, Setona Mizushiro revisite le mythe du vampire à sa façon, mêlant dureté de l’ordre naturel et fatalité du temps et des sentiments qui s’écoulent incontestablement. Un huis clos qui raconte la déchéance d’une espèce ou tout simplement peut-être le renouveau d’une nouvelle ère qui se fera, il est certain, avec des sacrifices. L’œuvre de Mizushiro ne peut être mis dans une case déterminée, tellement elle transmet et transpire une intimité et une spécificité particulières, aussi malsaines qu’enivrantes. Tout comme la particularité du trait de l’auteure, Black Rose Alice s’imposera à nous d’une manière qui sera propre à chaque lecteur, entre dégoût, exaspération, amusement, tristesse et charme. Une œuvre où l’amour prend une place clé, telle une immondice, une torture qui consumera tout sur son passage, lorsque sonnera le glas de la damnation éternelle, la solitude ou le déclin. Bienvenus chez les vampires, bienvenus dans les épines empoisonnées de la rose noire, Black Rose Alice. Ou Adieu...
  
  
  
     
     
Fiche de la série : Black Rose Alice
Fiche vo de la série : Black Rose Alice vo
Fiche de l'auteure : Setona Mizushiro


Mise en ligne le 26/09/2014.
  
  
  

Dossier réalisé par titali