Bilan Manga-News 2011 - Partie 1

Animation et cinéma

 
 

Adaptations en tous genres

 
Au niveau des séries qui ont été adaptées en anime, il y aura eu une fois encore de quoi faire durant l'année passée. Un drôle de Père notamment, que l'on retrouve décidément sur tous les fronts, mais aussi La paire et le sabre, Thermae Romae, Zetman de Masakazu Katsura et une nouvelle version d'Hunter x Hunter ainsi qu'une troisième saison d'Hayate the combat butler. Il aura aussi fallu composer avec de multiples OAV à commencer par la suite d'Hellsing Ultimate, le retour de Kenshin et un épisode de Que sa volonté soit faite. Les OAD marqueront eux le retour d'Ah! My Goddess, d'Air Gear et de Deadman Wonderland. Enfin, au niveau des films d'animation, on retiendra l'arrivée du premier film Berserk pour lequel deux suites ont d'ores et déjà été annoncées. Ghost in the Shell – SAC – Solid State Society est lui de retour mais en 3D s'il vous plait. Et n'oublions pas non plus de signaler les adaptations de Blue Exorcist, le film de K-on et le dernier film FullMetal Alchemist en date sorti au mois de juillet. Un mois plutôt, c'était la licence Blood qui était sur le devant de la scène avec Blood-C pour lequel les Clamp ont officié au design. Kokuriko-Zaka Kara, le dernier né du studio Ghibli, est quant à lui sorti également au mois de juillet.
 
 



Pour ce qui est des drama et des films live, il y a là aussi eu suffisamment de choses à se mettre sous la dent avec par exemple Tomie Unlimited, adapté du manga éponyme de Junji Ito, Le chien gardien d'étoiles, Arakawa Under The Bridge (qui est à l'origine une série d'Hikaru Nakamura), Parmi Eux, Racaille Blues, Ranma, Pheonix Wright et enfin Détective Conan qui n'est pas encore décidé à rendre l'âme !
 
 
  
   
 

L'éveil de la Corée

 
Le Japon est le pays du Soleil levant, c'est bien connu. Mais savez-vous quel est l'un des surnoms de la Corée du Sud ? Le pays du Matin calme. Et dans les lignes qui vont suivre, nous allons voir que ce pays risque, lors de cette année 2012 (même si la tendance s'affirmera sans doute plus clairement en 2013), de sérieusement s'émanciper de son voisin nippon, et de se montrer un peu moins calme qu'à l'accoutumée. Dans quel domaine ? L'animation ! Car si l'animation coréenne a toujours eu du mal à se distinguer face au poids lourd japonais, chez qui l'animation est profondément ancrée dans la culture nationale, la tendance s'inverse peu à peu. Contrairement au Japon, la Corée du Sud n'adapte que rarement ses propres bandes-dessinées (les manhwas). Mais au fur et à mesure des années, elle a su, comme l'Inde et la Chine, se spécialiser dans le sous-traitement des dessins animés japonais et américains. Cela va des Simpson à Totally Spies, en passant par les gros succès du box-office au Japon tels que Princesse Mononoke, le Royaume des chats ou la série délirante Paranoïa Agent de feu Satoshi Kon. On évoquera aussi les Triplettes de Belleville, dont une petite partie a été sous-traitée chez le studio RG Prince Films. Les fans d'anime, s'ils regardent les génériques de fin, ont l'habitude de voir des noms coréens s'afficher en grand nombre à l'écran. Pratiquement tous les animes en fait, nous donnent l'occasion de s'exclamer devant notre écran : « Mais, mais... ce ne sont pas des noms japonais, là ! ».
 
 
  
 
 
Personne ne sera donc surpris que l'on consacre une partie de notre bilan à un pays qui a beaucoup à offrir en matière d'animation, et qui pourrait bien créer la surprise en concurrençant plus directement son voisin, fort d'un quasi-monopole en voie de perdition. L'animation japonaise en perdition ? Oui, en quelque sorte. Car le manque d'animateurs se fait sentir partout, le Japon étant l'un des plus touchés. Qui plus est, l'animation est un milieu où les artistes sont payés au lance-pierres. C'est bien pour cela que les clients se tournent vers la Corée, la Chine et l'Inde, les sous-traitants donc, pour leur confier les travaux. Plus facile, moins cher. Mais l'animation nippone peut aussi être considérée en perdition sur un autre tableau : la créativité. Mais nous y reviendrons plus tard.

D'abord, il est tout à fait logique, commercialement parlant, que la Corée du Sud décide de prendre le taureau par les cornes. Rester sous-traitant, ça va bien un temps, mais le gain peut être intéressant si l'on s'investit encore davantage. Ensuite, d'un point de vue culturel, il faut savoir que les artistes du pays du Matin calme nous ont déjà gratifiés de leur savoir-faire, à travers des œuvres trop méconnues: on pense à Mari Iyagi en 2002, Oseam et également Wonderful days en 2003. Les deux premiers sont des merveilles de sensibilité, usant de palettes de couleurs pour le moins étonnantes, très différents de la production nippone grâce à des partis-pris en matière de lyrisme et d'inventivité. Wonderful days est plus proche de ce que l'on connaît déjà, puisant sa force dans le copiage du style graphique japonais, au scénario faiblard, mais s'avérant un bon film tout de même.
  
 



Mari Iyagi et Oseam sont des oeuvres représentatives de ce que l'on recherche en matière d'animation : la différence, loin du conformisme des studios japonais. Et on revient à la fameuse problématique de la créativité évoquée précédemment. Vous n'en avez pas marre, vous, de votre Ghibli annuel ? Que ce soit le père ou le fils Miyazaki, on verse dans la redondance depuis quelques années déjà... et on s'ennuie. J'ai l'impression que le serpent nippon se mord la queue : depuis que Satoshi Kon s'en est allé, je ne compte que sur Makoto Shinkai pour vraiment m'étonner. Le prochain Mamoru Hosoda ? Même pas. Certes, il est vrai que l'on n'évoque ici que la production grand public et exportée chez nous, car les plus téméraires savent aller chercher ce qu'ils veulent là où cela se trouve : au Japon, et nulle part ailleurs, puisque beaucoup d'oeuvres pétries d'originalité ne sortent pas du territoire national. Mais que l'on soit d'accord ou non avec l'idée d'une perte de vitesse du Japon en matière d'animation, dont les schémas narratifs et graphiques se renouvellent avec peine, la Corée du Sud offre de toute façon un terrain propice à l'exaltation de nos envies.

A travers l'éveil de la Corée du Sud, nous nous axons sur des films susceptibles de concurrencer la japanim' dans le même domaine qu'elle. Ainsi, nous passons sous silence ici tout ce qui s'égare de l'animation « conventionnelle » (comprenez « calquée » sur le style graphique japonais), alors que la Corée du Sud recèle de pas mal de petites pépites. Allez donc voir par exemple, notamment les amoureux des chats, les extraits de Cloud Bread, en compétition à Annecy en 2011.
 
 
 
 
  
Produire leur propre film, voilà le défi que semblent vouloir relever les Sud-coréens trop longtemps relégués à la sous-traitance. Et de ce point de vue, un film, King of Pigs, sorti en Corée en novembre 2011, est porteur de beaucoup d'espoirs. En fait, ce ne sont pas les passionnés d'animation qui s'y retrouveront, mais les fans de cinéma coréen live, notamment des thrillers et des films de vengeance (les vigilantes). Niveau scénario, c'est violent (rien que le nom du film en dit long). Le réalisateur a fait savoir que ses deux principales sources d'inspiration se trouvaient être Himizu, adaptation d'un manga par le critiqué Shion Sono, et Mystic river de Clint Eastwood. L'ambiance sonore est par ailleurs excellente. Mais graphiquement, c'est faiblard. Une animation mature et violente, reprenant les thèmes des films live. Il y a de quoi être excité, non ? Et a priori, les producteurs feraient tout pour présenter le film lors du prochain festival de Cannes. Joli tremplin... on se souvient déjà de la sélection de Innocence : Ghost in the Shell 2 (Paprika avait dû se contenter de la Mostra de Venise 2007). Une sélection dans un festival international, voilà qui concrétiserait les élans des artistes sud-coréens. Les perspectives données par la Corée du Sud en matière d'animation sont en tous cas plus qu'intéressantes : grosse capacité de production avec une spécialisation depuis des années permise par la sous-traitance, grosse envie. Alléchant, non ?