Basilisk - Actualité manga
Dossier manga - Basilisk

Un récit intense et sans temps mort



Après avoir présenté l'histoire, les personnages ainsi que leurs pouvoirs, il était important d'évoquer le récit en lui-même. Mettre en scène une vingtaine de personnages en cinq volumes peut apriori être un pari risqué. En effet on peut craindre à juste titre que la personnalité des différents intervenants ne sera pas ou peu abordée, et que cela se ressentira sur la qualité du récit... Et bien pourtant, ce dernier s'en sort plutôt très bien, grâce à une narration très intelligente qui s'imposera vite comme le meilleur choix pour ce type de récit très axé sur l'action.

On peut diviser Basilisk en trois parties distinctes, chacune ayant un grand intérêt.

- La première partie est la phase introductive et ne dure que le temps du premier chapitre. On y découvre le contexte de l'histoire (le Japon féodal), les personnages (les ninjas) et le propos (une guerre de ninjas aux pouvoirs impressionnants). On sait en quelques pages à quoi nous en tenir, et surtout on devine que le récit sera dur et sans concession avec les personnages de Danjô et Ogen qui s'entretuent alors même qu'ils étaient amoureux l'un de l'autre des décennies auparavant.

- La deuxième partie commence à partir du deuxième chapitre, et va s'étendre jusqu'à la fin du troisième tome. Cette séquence nous fait découvrir la guerre des ninjas dans toutes sa splendeur. Les combats vont s'enchainer à un rythme très soutenu, et on va prendre plaisir à suivre les duels très bien chorégraphiés, tout en étant impatient de découvrir les pouvoirs, jusque là inconnus, de tel ou tel ninja. Le récit est ici nerveux, dynamique, le seul point faible étant que les ninjas se succèdent à un rythme élevé, un ninja mort étant rapidement remplacé par un autre. On ne s'attache donc pas vraiment à certains ninjas, qui ont l'air vraiment intéressants mais qui malheureusement disparaissent trop tôt.

- La troisième et dernière couvre les volumes 4 et 5. A ce stade du récit, il ne reste plus que quatre ninjas dans chaque clan, soit huit au total. Afin de ne pas écourter son récit faute de combattants, l'auteur va ralentir le rythme de l'hécatombe. Ça sera l'occasion pour le lecteur de découvrir plus en profondeur le caractère des personnages restants, et notamment leurs souhaits et ambitions par rapport à la guerre, mais également par rapport à leurs camarades et leurs ennemis. Des alliances imprévisibles vont se tisser, des sentiments amoureux vont fleurir dans un camp comme dans l'autre, des contestations vont se faire entendre et la cohésion au sein de chaque clan va s'éroder... et surtout, les derniers secrets de la série vont être révélés.
L'action pure et explosive des premiers opus va se ralentir pour laisser sa place à une action qui se construit plus lentement et qui se base plus sur la ruse. Les ninjas survivants vont en effet se creuser les méninges et privilégier la réflexion plutôt que l'attaque frontale, et cela va bien évidemment modifier la façon dont ils vont combattre. Les morts, toujours aussi tragiques, auront droit à une mise en scène plus soignée et seront moins expéditives que dans les précédents opus.

En définitive, on ne peut que saluer le rythme de Basilisk, qui nous tient en haleine du début à la fin. Alors qu'on pouvait craindre une "baisse de tension" suite au ralentissement des combats suite à la mort progressive des personnages, il n'en sera rien car l'auteur profitera de la diminution du nombre pour changer la teneur des affrontements et creuser la personnalité des survivants. Bref, on ne s'ennuie jamais à la lecture de la série.


   
   
  

De l'action... mais des sentiments également !

 
ATTENTION : Cette partie du dossier révèle des éléments importants de l'intrigue.
 
En plus de l'action qui est omniprésente, la série Basilisk a des accents de tragédie romantique, car elle place l'amour et le lyrisme au cœur du récit.

Les deux personnages principaux, Gennosuke et Obora, sont d'une certaine manière des Roméo et Juliette à la sauce ninja. Comme les héros du drame shakespearien, ils s'aiment et souhaitent vivre leur amour au grand jour en se mariant. Ils sont également les héritiers de deux familles qui se détestent, les Capulet et les Montaigu devenant les Iga et les Kôga, dont ils aimeraient d'ailleurs la réconciliation. Enfin, tout comme Roméro et Juliette, Gennosuke et Oboro vont malheureusement perdre la vie à la fin du manga, en choisissant de se suicider. Concernant le décès des deux protagonistes, Basilisk prend cependant quelques distances avec la pièce de Shakespeare : Oboro ne prend pas une potion pour éviter un mariage comme l'a fait Juliette, elle se plante une dague dans le cœur pour que Gennosuke, et donc son clan, gagne la guerre de ninjas. Par ce geste elle souhaite également lui prouver son amour, envisageant son sacrifice comme la preuve ultime de son attachement envers lui.
Pour Gennosuke par contre, la suite de ses actions sera similaire à celle de Roméo : il se donnera la mort pour rejoindre dans l'au-delà l'élue de son cœur.

Tout cette notion d'amour brisé se retrouve d'ailleurs chez d'autres personnages. Dès le premier chapitre, on apprend que les chefs des clans Iga et Kôga, Ogen et Danjo, étaient amoureux dans le passé. Dans le manga on ne connait pas les raisons qui ont empêché la concrétisation de leur romance (ces raisons sont expliquées dans l'animé qui prend le temps de mieux développer le passé des personnages) mais on ressent tout de suite un fatalisme induit par la haine liant les Iga et Kôga depuis des générations.

Dans le clan Iga, les ninjas Yashamaru et Hotarubi sont également liés par un amour sincère. Cet amour et la volonté de retrouver l'homme qu'elle aime influera sur toutes les décisions d'Hotarubi, et assombrira même son jugement à certaines reprises. Comme pour les couples précédents, cet amour aura une issue dramatique : quand elle apprendra la mort de Yashamaru et le nom de son meurtrier, Hotarubi fera tout venger le trépas de son amant... malheureusement elle n'y parviendra pas et le rejoindra dans la mort.

L'intrigue de Basilisk va également se construire sur des amours à sens unique. Du côté du clan Kôga, on remarquera rapidement que la belle Kagerô a des sentiments très forts pour Gennosuke. Ce dernier étant amoureux d'Oboro, Kagerô n'en éprouvera que de la jalousie et une forme de frustration qui finira pas devenir destructrice dans la dernière partie du récit. Les Iga ne sont épargnés par ce problème, si ce n'est pas de l'amour, Tenzen a clairement envie d'assouvir certains fantasmes avec Oboro. Il tentera de la séduire, et même de la violer, pensant qu'une union; même forcée; avec l'héritière du clan lui permettrait d'accéder au statut de leader des Iga. Toujours chez les Iga, on devinera que Kôshiro, qui a été élevé avec Oboro depuis son jeune âge, éprouve une forme d'amour pour elle. C'est d'ailleurs cet amour qui l'empêchera de voir les sentiments qu'Akeginu a pour lui...

La preuve est faite : l'amour et la passion sont également au cœur de Basilisk, avec deux héros amoureux au centre d'une guerre qui les dépasse complètement. D'autres personnages ne sont pas épargnés par ce lyrisme romantique, et cela permet de complexifier un peu les différentes interactions entre les intervenants du récit.
 


© Futaro Yamada and Masaki Segawa / Kodansha Ltd.

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