Afterschool Charisma

Graphismes et adaptation

La particularité graphique d’Afterschool Charisma est d’opérer un trait affiné qui caractérise des héros globalement jeunes et beaux. Les garçons sont séduisants, parfois très androgynes, tandis que les demoiselles sont longilignes aux formes souvent très chaleureuses. La patte graphique de Kumiko Suekane est donc moderne, mais peut-on y voir une finalité de fan-service qui ne conviendrait pas à cette intrigue des plus sérieuses ? Le choix de la mangaka est justement très intéressant car permet une nouvelle fois de détacher les clones de l’idée que nous avons des figures historiques qu’ils représentent. Freud étant un jeune solitaire au carré mi-long, le voici des plus séduisants, créant un personnage totalement unique qui permet une approche de ce dernier en tant qu’acteur du scénario à part entière, plutôt que de la personne de Freud elle-même. Il en va de même pour Elizabeth 1ère, jolie petite blonde que nous avons finalement tendance à considérer comme une jolie fille pas si loin du commun des mortels plutôt qu’une inaccessible Reine d’Angleterre. En somme, le character-design de la mangaka parvient à présenter les clones comme des individus à part entière afin de donner au lecteur une occasion supplémentaire de s’intéresser à eux en tant qu’êtres, plutôt qu’en tant que pâle copie de leurs versions originelles.
En dehors de cette caractéristique graphique, Kumiko Suekane fait preuve d’un grand talent pour dessiner ses personnages. Outre le trait maitrisé de ses personnages, les rendant beaux, nous remarquons une aptitude de l’auteure pour retranscrire des facies parfois inquiétant, et d’autres fois moins expressifs, dans la majeure partie du temps. Dans tous les cas, cela renforce une atmosphère oppressante, signe d’inquiétude pour cet amas de complot autour des clones.
  
  
  
  
  
Comme à son habitude, Ki-oon nous propose une version française exemplaire, tant dans le fond que dans la forme. L’adaptation du texte est crédible, l’éditeur ayant su faire honneur aux figures historiques sans écorcher les noms ni le vécu des personnages. La traduction semble fluide car la compréhension du texte n’est pas un problème, ce qui aurait pu être le cas étant donné la complexité de l’intrigue à certains moments.
Concernant les tomes en eux-mêmes, Ki-oon propose une impression de bonne facture sur un papier épais et granuleux, et par conséquent vraiment agréable au toucher. La surprise vient aussi du soin apporté aux couvertures. Utilisant un papier mat peu lisse, les jaquettes bénéficient d’un relief brillant sur les personnages, le logo, nom de l’auteur et la numérotation du tome, effet que nous retrouvons aussi sur la tranche de chaque opus. En clair, l’éditeur est aux petits soins avec cette série, et ce malgré qu’elle ne soit pas la licence phare de son catalogue.

Conclusion

Thriller psychologique au concept bien pensé, Afterschool Charisma nécessite une lecture des trois ou quatre premiers volumes minimum pour se faire une idée correcte de ce qu’est le récit. Commençant comme un contexte très scolaire et tranche-de-vie sur fond d’intrigue plus complexe, le scénario finit par décoller au bout de quelques chapitres, mêlant manipulations et complots en tout genre, autour d’une mécanique originale et correctement exploitée. Il ne faut pas se fier au premier a priori de la série, notamment à son character-design dans l’ère du temps, tant le scénario proposé par Kumiko Suekane vaut le détour.
  
  
  
  
  
Dossier mis en ligne le 27/06/2014.
  
  
Fiche de la série : Afterschool Charisma
Fiche de la série vo : Hôkago no Charisma vo
Fiche de l'auteur : Kumiko Suekane
  
  
  

Dossier réalisé par Takato