Afterschool Charisma

L’attaque des clones

Il est évident que l’ingrédient phare d’Afterschool Charisma est sa thématique principale : les clones de personnages illustres de l’histoire dans un contexte scolaire. L’idée est excellente et constitue sans nul doute le facteur d’achat principal du premier opus. Mais la question sur le traitement des clones vient immédiatement en tête. Le développement du sujet aurait pu passer par une multitude de chemin tant l’idée est ingénieuse. Finalement, Kumiko Suekane opte pour une thématique ciblant les clones eux-mêmes : Comment intégrer de telles entités à notre société ? Existe-t-il, pour ces individus, une possibilité de s’éloigner d’un chemin tout tracé ?

Dans ce contexte, les clones sont uniquement des copies de personnalités qui ont marqué l’histoire, d’une manière positive ou non. Beaucoup d’individus sont concernés, que ce soit des figures européennes emblématiques comme Napoléon, Freud ou Elizabeth 1ère ou encore des personnages orientaux comme Himiko ou le moine Ikkyu. Aussi, des personnages plus obscurs comme Adolf Hitler, sont visés par cette démarche de clonage.

Nous rencontrons toutes ces figures au sein de l’académie St. Kleio, un établissement de l’ombre donnant à ces personnalités la possibilité d’achever des taches inaccomplies, voir d’éclairer le monde moderne par leurs lanternes passées. Si les ambitions véritables de l’établissement sont dans un premier temps obscures, elles se dévoilent au fil du récit. Cela donne au lecteur le temps de se questionner, de s’imaginer la place légitime de ces copies conformes dans notre société moderne. D’ailleurs, ces différent questionnements sont proférés et illustrés par différents personnages, tout le long de la série, prouvant que la mangaka cherche à exploiter toutes les ficelles de son concept, sans jamais rien laisser passer, par ces points de vue divergents.
  
  
  
  
  
Avant même la lecture du premier tome, il convenait de s’interroger sur la personnalité même des clones. Comment transposer dans un manga, prenant place dans un monde actuel, des figures historiques que l’auteure ne risque pas d’avoir connu, de par l’ancienneté des personnages en question ? Le tour est simple, et surtout intéressant : Chaque clone a sa propre personnalité, car le clonage n’est que celui du corps, et non de l’esprit. Ceci sera prouvé de différentes manières dans le récit, et permet de développer des personnages différents de ce à quoi on était en droit de s’attendre. Pour Napoléon, le fier conquérant fait office de camarade sympa de la troupe tandis qu’Adolf Hitler n’est pas un personnage teigneux aux idées nauséabondes mais simplement un adolescent souffrant de la réputation de son original, cherchant ainsi sa propre liberté, une manière de s’émanciper.

Alors, à quoi bon créer des clones si leurs talents et leur psychologie ne sera pas la même que celle de leurs modèles ? Les raisons restent longtemps floues dans le manga, si bien qu’on ne cherche pas systématiquement une réponse à cette interrogation. Finalement, cette divergence entre un clone et son original créer un individu à sa propre identité, un point que le manga cherche à souligner régulièrement, tout son long durant. Néanmoins, bien que le lecteur se fasse rapidement sa propre opinion, il est plus intéressant d’observer le ressenti d’autrui dans la série, clone ou non, la manière dont la société intègre ces copies presque conformes. Les clones vivants dans l’ombre de leurs originaux, les réactions sont diverses, tantôt logiques, tantôt complètement démesurées, à l’image de la démarche qu’est le clonage de personnages illustres. De plus, cette identité spirituelle unique qui caractérise chaque clone donne à la mangaka l’opportunité de passer outre ce qui aurait été un élément sans doute difficile à traiter : l’emprunte historique d’un personnage, de manière objective, correcte et cohérente. Finalement, les détails du vécu de ces originaux ne nous intéressent pas tant que ça et une vague connaissance de chacun de ces acteurs de l’Histoire est suffisante pour comprendre le traitement d’un personnage.

Le traitement des clones paraissait chose complexe étant donné les infinies possibilités pour une telle thématique. Néanmoins, le parti pris de Kumiko Suekane semble être le bon car permet d’exploiter de nombreuses visions de la pratique en plus d’appuyer une intrigue haletante et des figures attachantes et intéressantes, tout ceci sans se perdre dans les méandres de l’Histoire de notre monde.