Afterschool Charisma

« Bienvenue à St. Kleio »

Afterschool Charisma nous conduit aux côtés de Shiro, un lycéen ordinaire qui évolue dans une académie… bien moins ordinaire. St. Kleio, c’est un établissement privé et secret qui forme et éduque des clones, plus précisément des copies de personnages que se sont illustré dans l’histoire, en bien ou en mal. De Napoléon Bonaparte à Raspoutine en passant par Hitler et Mozart… Ces grands noms de l’histoire mondiale ont leur place à St. Kleio, à travers des clones de leurs personnes.

L’intérêt d’Afterschool Charisma est donc de nous présenter le quotidien du jeune Shiro aux côtés des clones. Ce n’est pas tant d’un point de vue scolaire que le titre nous présente la situation, elle met l’accent sur les relations entre personnages, plus précisément entre Shiro et les différents clones. Certains constituent sa troupe d’amis, d’autre le dénigrent pour sa condition d’humain ordinaire, et c’est bien en ça que les interactions entre les différents élèves s’avèrent passionnantes.

Mais rapidement, l’intrigue du manga évolue et laisse place à plus de sérieux. Cela commence par une étrange machination entourant les « Sainte Dolly », des poupées en forme de moutons auxquelles certains clones vouent un culte absolu, avant de présenter l’assaut d’un groupuscule de l’ombre qui désire attenter à l’existence même de ces humains artificiels. Après des débuts légers, le récit gagne alors en sérieux. Les complots fomentés par les uns et les autres se dévoilent, et Afterschool Charisma présente tout son potentiel. Il faut bien deux ou trois volumes à la série pour se lancer correctement mais une fois que c’est chose faite, alors le scénario est planté, l’univers des clones se voit étoffé et prend une dimension toute autre, et le lecteur est entrainé dans un récit complexe, passionnant et truffé de rebondissements.
  
  
  
  
 
Afterschool Charisma passe donc par deux étapes, la première étant cette dimension très scolaire, cet aspect tranche-de-vie développé sur les premiers chapitres. Afin de familiariser le lecteur avec le contexte de la série, les clones sont largement décortiqués et, pour ce début, sont présentés avant tout comme des lycéens aux origines bien particulières. Shiro, intrus parmi les siens, permet de soulever quelques premiers questionnements, notamment sur la condition d’un clone et les différences entre une copie et un humain « ordinaire ». On observe alors le protagoniste évoluer au sein d’une troupe d’amis pourtant bien différents de lui, et nouer des rivalités avec des clones qui n’accepteraient pas la présence du jeune homme. Le contexte général est ainsi porté par un cadre paisible et si les premières lignes du scénario sont évoquées, le récit n’a pas encore les ambitions qui se dévoileront à partir du troisième opus. Nous, lecteurs, prenons alors cette introduction comme une mise en bouche agréable. La série est appréciable, le concept vraiment intéressant, mais le scénario est-il voué à évoluer ? Les clones ne seraient qu’un prétexte pour créer une comédie scolaire ? Non, bien évidemment, et Kumiko Suekane va vite nous le prouver.

Au fil des chapitres, Afterschool Charisma trace sa voie. Les séquences légères et scolaires laissent placent petit à petit à des intrigues plus complexes présentant un complot ciblant les clones. Sans dévoiler toutes les surprises de l’intrigue, c’est une attaque terroriste contre les « copies » qui va mettre le feu aux poudres. Les cadavres se multiplient, il n’est plus question de quotidien tranquille pour cette troupe d’amis bien particulière, et celle-ci n’est même plus aux centres des attentions. L’essentiel est la quête de vérité, savoir ce qui se trame derrière ces complots, et comment chacun peut agir pour changer la destinée des clones. Chaque personnage appréhende ces obscurs évènements à sa façon et réagit différemment, au point de prendre parti d’une manière qui lui est propre dans toute cette mascarade. Alors, nous sommes bluffés, chaque fois un peu plus, par le virage pris par la série. Un tel contexte impliquait un scénario développé, et ça ne manque pas. De plus, Kumiko Suekane a un traitement de son récit très fluide : en lisant d’une traite la série, nous comprenons les tenants et les aboutissants de la situation. La mangaka n’omet aucun détail, nous donne suffisamment d’informations pour nous satisfaire sans nous perdre, tout en laissant quelques mystères de côté et en instaurant de nouveaux enjeux à chaque volume.

Par cette évolution, Afterschool Charisma se montre passionnant. L’intrigue prometteuse que nous étions en droit d’attendre dans le premier volume est là, si bien que l’attente entre deux opus est difficile. Nous savons à chaque fois que le tome suivant apportera son lot de révélations ou de rebondissements, faisant toute la force du récit qui ne se perd pas dans des complexités inutiles, mais sait faire preuve d’audace. Néanmoins, à chaque sortie de tome, il est de coutume de jeter un œil sur les opus précédents afin de se remettre en tête l’évolution des enjeux de la série.