Yuu Watase - Deuxième partie - Actualité manga
Dossier manga - Yuu Watase - Deuxième partie
Lecteurs
20/20

Une diversité insoupçonnée

        
Dans la première partie du dossier, les invariants de l’œuvre de Watase ont été mis en valeurs, à travers quelques points-clés simples et immuables. Mais la diversité de la mangaka n’est pas un détail à ignorer. Chacun de ses titres a quelque chose à prouver, quelque de chose de particulier qui lui est propre. Que ceux qui pensent que tous les mangas de l’auteur commencent et finissent de la même manière prêtent attention à ce qui va suivre. D’infimes sources d’originalité que l’on ne saisit qu’avec un sens de l’observation ouvert à la découverte. Partir sans à priori est la seule manière de toucher du doigt ce qui fait de Watase une mangaka intéressante et reconnue !

Dans les deux Fushigi Yugi, on retrouve avec une force remarquable l’adolescence dans sa période critique. La fuite de la réalité est alors un axe principal du récit, puisque celui-ci est basé sur la volonté des prêtresses de quitter leur monde, plein de soucis et de tracas quotidiens, pour en rejoindre un bien plus simple et complexe à la fois. Les examens et autres disputes avec une figure paternelle absente s’effacent alors devant la nécessité de sauver le monde, de mener à bien une quête de la plus haute importance … dans une fiction. C’est alors typique de l’adolescente qui noie ses ennuis dans d’autres, aux enjeux plus importants. Mais au final, rappelons que le monde du livre est et reste un roman, et que ces mêmes enjeux cruciaux ne le sont que si l’on y croit. Ainsi, les questions de la plus haute importance dans le livre ne sont-elles pas au final moins primordiales que de simples préoccupations, quotidienne mais avant tout réelles ? C’est la réflexion vers laquelle peut nous amener l’auteur, en sublimant le mythique pour faire oublier le rationnel. S’investir dans quelque chose de très important en théorie permet alors d’oublier ce qui pèse avec bien plus de force, de par la réalité des faits. Ensuite, si l’amitié est une constante presque universelle dans le travail de Watase, elle est présente dans Fushigi Yugi bien différemment que dans Imadoki, par exemple. Ici, l’amitié est quelque chose qui blesse, qui se détruit et qui, fragile, peut facilement se faire piétiner. Miaka et Yui en sont le parfait exemple, puisque c’est sur leur relation que se base une importante partie du manga. Déchirures, trahison, promesses et réconciliation. Les personnages ennemis et animés de mauvaises intentions se servent de cette fragilité sous-jacente, même chez deux meilleures amies, pour liguer les deux jeunes filles l’une contre l’autre. Si tout commence par un amour partagé, le processus de pensée qui amène Yui à haïr Miaka est bien plus profond. Manipulée, la jeune fille va tenter de croire un moment son amie, avant de la considérer comme responsable de ses malheurs. Encore une réaction typiquement humaine, et très bien représentée. Le soulagement commence lorsqu’il y a une cible sur laquelle projeter sa colère, sur qui vociférer en toute tranquillité. Les caractères des deux amies sont alors parfaitement adaptés à la situation, et lorsque Yui se met à vraiment en vouloir à son amie de toujours, c’est la simplicité et la véracité des émotions humaines qui nous sont présentées. Bien plus passionnant que l’amourette stupide entre Miaka et Tamahomé, l’amitié qui unit les deux héroïnes se présente ici sous une forme pour l’instant inégalée. Mais ce n’est pas tout ! Les étoiles en elles mêmes, qu’elles soient de Suzaku ou de Gembu, font passer ce message d’amitié difficile à acquérir, instable et fragile, pour laquelle il faut parfois se battre. La quiétude entre les différents protagonistes se fait comme celle qui s’instaure entre tout un chacun : beaucoup de temps, de patience et de concessions. C’est une partie intéressante du récit, qui malheureusement n’est pas assez développée, et se rapproche d’avantage de l’idée amicale que l’on retrouve dans Imadoki, où ce sentiment est la base de tout.

On a déjà évoqué la destinée, dans les invariants de l’auteur. Mais dans Ayashi no Cérès, cette notion prend un tout autre sens. Ce n’est plus seulement le parcours évident des personnages au sein d’une œuvre que l’on observe, mais même la ligne de conduite exacte d’Aya qui, par son histoire et la nymphe dont elle est la réincarnation, n’est dirigée que vers un seul but, une seule destinée, un seul avenir. On ne parle même plus d’évidence en ce qui concerne la fin des séries de la mangaka, où le destin se matérialise par une fin heureuse, certaines figures gagnantes, d’autres non. Ici, l’importance du patrimoine est telle que, au sein d’une famille, deux jeunes gens sont obligés, conditionnés à suivre une voie, à prendre un rôle qui doit alors être intégré. On voit d’ailleurs parfaitement cette idée par Aki qui, possédé par l’esprit qui a voulu s’approprier une nymphe, va devenir ce fondateur qui, effaçant la personnalité de son habitacle, se dirige vers son unique but, ce pourquoi il est né et ce pourquoi il se réincarne. Et Aki aura beau se défendre, aimer sa sœur et vouloir la protéger, il ne peut décemment échapper à cette force en lui, qui l’oblige irrémédiablement à posséder Aya et Cérès, à la faire plier, à contrôler sa vie et ses sentiments. La jeune fille, quant à elle, expérimente la dureté de la famille, la signification de ce mot qui avant voulait tout dire et qui, maintenant, ne signifie plus rien. Elle se confronte alors à son destin, mais également celui de Toya, qui n’est autre que de revenir aux sources pour, encore une fois, jouer le rôle qui lui a été attribué depuis toujours, malgré son amnésie et ses décisions antérieures. On voit alors remarquablement bien que la destinée n’est pas que l’affaire d’un être humain mais de générations entières, et qu’il ne se change pas aussi facilement ! En passant à Alice 19th, on voit bien que là aussi la thématique de la famille est importante, tant le lien entre deux sœurs peut être fragile, et tant le soutien de proches peut être primordial. Mais avant tout, c’est le pouvoir des mots qui transparait ici. Et, si Watase a toujours joué sur l’émotion qui passe, les pensées lourdes de sens de ses personnages, jamais il n’y a eu autant d’insistance sur la difficulté d’exprimer ses sentiments que par Alice Séno. La jeune fille peine à saisir et utiliser correctement le sens des mots, et apprend à ses dépends à ne pas négliger l’impact de ceux-ci. Par le fantastique, qui se délure un peu trop sur la fin, la mangaka fait preuve de beaucoup d’ingéniosité, pour partir dans un monde où l’on ne peut parler à la légère. Alice 19th est alors l’illustration fantastique d’une société en peine d’expression, en perpétuel mal-être vis-à-vis de leurs pensées inavouées. Par son héroïne, l’auteur nous invite alors à faire la part des choses entre la nécessité d’extérioriser et le danger que cela peut représenter. Faire mal aux autres ou à soi même, voilà une question bien difficile. Mais la réponse apportée à coup sûr est qu’il ne faut pas tomber dans les excès, et se retrouver seul au monde ou bien se détruire de l’intérieur, ce que beaucoup sont tentés de faire, par facilité. Il est plus aisé de se faire souffrir soi plutôt que de voir le mal que l’on fait à d’autres. Car c’est notre faute, car ça vient de nous, car ça se contrôle … Autant de mauvaises raisons qui amènent un individu à se perdre, à perdre le sens de ses sentiments et les notions de communication et d’empathie.
   
  
  
Lui ou rien est sans doute la série la plus simple et basique de l’auteur, mais elle apporte elle aussi sa touche d’inattendu, de spécifique. On retrouve beaucoup d’idées pouvant faire penser à d’autres récits à robots humains, mais Watase s’en démarque avec un humour plus appuyé et l’importance cruciale de la perfection. La barrière entre humain et non-humain est ténue, lorsque l’apparence n’entre pas en ligne de compte. Riiko expérimente alors la perfection de Night, s’y confronte avec force et appréhende cette absence de limites, tout en sentant en parallèle l’aspect crucial de l’humanité de Shoshi. D’ailleurs, c’est l’abandon de la perfection qui permettra à Riiko de faire un choix éclairé et « humain ». Car aimer ce qui est programmé pour le faire perd un peu de sa spontanéité et de son intérêt. La réflexion sur cette limite entre robot et être humain a beau être très très très légère, on touche bien du doigt cette notion de perfection qui est encore plus belle quand elle s’en va. C’est la quête de l’humanité, pour l’élu du cœur de Riiko qui ne veut plus d’un robot trop évident et sans bavure. Toutefois, seuls les derniers volumes développent vraiment cet aspect là de la série, qui n’est qu’extrêmement secondaire. On se focalise d’avantage sur le trio amoureux, le cœur qui balance sans se demander ce qui le motive puisque de toute façon, la fin est assurée, connaissant Watase … Mais cette petite dose suffit sans doute à s’interroger sur la raison d’être d’un être parfait. Ne dit-on pas que ce qui fait le charme d’une personne, ce sont ses petits ou grands défauts ? A méditer … Dans Contes d’adolescence, où l’humour est le maitre mot de toute la narration, on se surprend à trouver un thème que l’auteur n’a pas encore abordé de cette manière. L’amour impossible n’est pas une première, mais l’idée de l’inceste reste quelque chose de nouveau dans l’œuvre de l’auteur, ce qui rend la série bien plus sérieuse qu’elle n’en a l’air. Lorsque les sentiments interdits s’installent, vient alors la question de la manière de gérer la situation. Ce tabou évident vient alors soutenir des incertitudes et des sentiments qui naissent à l’adolescence, parfois sans conséquence. Il n’est en effet pas rare pour les jeunes gens d’avoir un amour impossible à poursuivre, avant de grandir et de passer à autre chose. Watase s’en sort cependant avec une pirouette en amenant une conclusion évidente, sans la moindre poursuite de son idée première. Un retournement de situation règle tout le problème, et c’est l’amour qui triomphe, loin du tabou qui n’en est pas un … Bref, une idée intéressante qui aurait pu enfin détrôner les idées de la mangaka en matière de relations adolescentes, sans rien en faire. L’auteur est bien trop attaché à ses principes et ses recettes de cuisine qui marchent à merveille sur de jeunes lecteurs … Mais Contes d’adolescence s’attarde également sur la quête d’identité des jeunes gens qui, déboussolés, sont abandonnés sans repère à un quotidien parfois difficile à porter. L’indépendance, la recherche d’autonomie et la volonté de faire ses preuves sont alors autant de démonstrations typiques d’un jeune âge, que les héros de la série mettent parfaitement en relief. Une jeune fille ayant perdue sa mère cherche désespérément son géniteur afin de se trouver et d’espérer une place dans cette institution que l’on appelle famille. De même, Manato voit toutes ses certitudes s’envoler au fil des pages, et cette recherche désespérée d’une identité est sans aucun doute le thème secondaire le plus important et le plus pertinent qui est développé dans ce titre. Et surtout, c’est une composante que l’on ne retrouve jamais traitée de cette façon!

A part avec Contes d’adolescence, déjà cité plus haut, les séries de Yuu Watase ne présentant pas une dose de fantastique, de magique ou de décalé sont plus que rares. Ici, c’est un manga s’attardant durant cinq tomes sur le quotidien banal d’un groupe d’amis dont on se risque à parler. Imadoki est en effet extrêmement original dans son manque d’originalité. Pas de contexte alambiqué ni de récit à une autre époque. Juste la vie de quelques adolescents qui se croisent, parfois sans se connaitre. Ce qui fait de ce manga un récit à part, c’est sa simplicité. Venir parler de l’amitié comme le fait ici Watase était un défi à relever ! Aucune prise de tête à la lecture de ce manga, juste un grand moment de partage de sentiments, d’optimisme et de vie. Les personnages principaux découvrent le bonheur, s’éveillent à la simplicité de l’amitié et d’un quotidien plus simple. Ce point a beau être le seul qui peut résumer le manga, c’est aussi ce qui fait sa force et sa particularité. Aucun autre récit de la mangaka ne s’attarde à ce point sur l’essence même des liens qui se tissent entre des gens qui n’ont pas forcément grand-chose à faire ensemble. En quelques tomes, c’est une véritable leçon de vie à laquelle on a droit, entre les fleurs qui s’épanouissent et les sourires qui renaissent. Comment ne pas adhérer à une telle démonstration de l’inutile et du frivole qui a, pourtant, toute son importance quand on le vit ? Le bonheur est une chose très simple et très fragile, voilà ce que nous hurle Watase par une comédie des plus simplettes.
     
   
  
Viennent ensuite trois volumes, perdus dans la masse de sorties que l’auteur présente en France. Appare Jipangu ! n’a en effet rien d’assez exceptionnel pour qu’on le remarque de loin, et pourtant même cette série a un petit quelque chose que l’on ne retrouve pas ailleurs. Car si les sentiments sont le maître mot de l’œuvre de Watase, c’est bien la première fois qu’elle matérialise la tristesse, crée une héroïne faite pour venir en aide aux gens qui l’entourent en toutes circonstances et associe la capacité à s’aider soi même avec l’importance de se connaître. Yusura est en effet, au premier abord, complètement folle et déjantée. Cependant, elle combat efficacement les mauvaises intentions. Au sens propre. Watase donne des noms et des visages à la peine, un corps matériel à la solution qui existe devant chaque problème, et allie tout ça pour en faire une petite quête sur les raisons de venir en aide, la détresse de certains individus qui pourraient être tout aussi bien dans votre entourage que dans le mien, et arrange tout ça en fiction comique. Une manière originale de se focaliser sur un seul sentiment en particulier, donnant la part belle à l’apaisement et la paix de l’âme.

Voilà venu le moment de parler du titre le plus marginal de l’œuvre de Yuu Watase. Déjà, par son statut de premier yaoi de l’auteur, Sakura-gari se place en tête de liste. Les lectrices versées dans ce genre de lectures seront ravies de pouvoir enfin admirer les beaux éphèbes naissants sous le trait habile de la mangaka s’intéresser à d’autres gens que les héroïnes cruches qui trainent par là. Avec ce titre, on oublie tous les défauts des autres : Sakura-gari révolutionne Watase, faisant disparaitre tout ce que l’on n’aime pas pour ne garder que le bon, et faire quelques innovations des plus appréciées ! L’originalité vient alors du terme « yaoi » qui le définit, mais également du contenu. Totalement décalé par rapport à d’habitude, on ne retrouve pas cette douceur mielleuse, cet amour qui se mord la queue et où rien n’avance, pas plus que la lenteur d’une narration qui s’étale, qui s’étale … Ici, le scénario est mené tambour battant avec des sentiments forts et puissants, tabous et honteux. On assiste à la mise en images de fantasmes venant d’un esprit considéré comme dégénéré, de besoins inavoués qui ne peuvent s’épanouir que dans le jeu et la domination. Les sentiments ne sont pas exposés avec larmes ridicules à l’appui et regards langoureux, non. Ceux-ci sont comme projetés dans le récit, lancés à qui voudra bien les capter. Mélange de poésie et d’une violence extrême, Sakura-gari s’impose comme le titre le plus noir de l’auteur, mais aussi le plus mature et le plus réussi ! S’il s’adresse aux lecteurs avertis, les scènes étant le plus souvent choquantes, il ne faut pas rester sur un malaise, qui est provoqué exprès par l’auteur, même auprès des amatrices du genre. Voilà en quoi ce titre se démarque tellement de la bibliographie de Watase. Ce n’est pas l’histoire d’une romance mais un récit de vie comme il vient, avec un contexte et des pré-requis, des limites toujours repoussées et une spontanéité ingénue. Oubliée, la leçon de vie idéale sur un schéma toujours identique, avec un trio amoureux imposé, des querelles enfantines et des réflexions peu évoluées. Mais l’originalité du titre vient aussi du décalage qu’il entretient avec les autres yaois, histoire de démentir ceux qui pensent ce genre comme suivant toujours les mêmes codes. Preuve est qu’avec peu d’expérience dans les relations homosexuelles on peut faire un chef d’œuvre de vérité et de sincérité. Les personnages sont charismatiques, le viol n’est pas utilisé comme un prétexte pour jouer avec les personnages, et surtout le violé ne fond pas en larmes toutes les deux pages avant de se rendre compte qu’il aime son violeur et le traitement que celui-ci lui réserve. Les émotions de Masataka sont bien plus profonds et complexes, entre haine, amour et sentiment de trahison. Bref, Yuu Watase signe ici une merveille d’originalité et de maîtrise, alors même que l’on n’attendait plus grand-chose de son imagination. La plupart des thèmes ont en effet été balayés, entre ses invariants et ses pics de diversité. Traiter singulièrement l’amitié, l’amour, le destin, les sentiments et le quotidien n’a qu’un temps. Peut être est-ce venu pour la mangaka celui d’évoluer, et de faire grandir son œuvre en touchant un public plus large, par de tels bijoux, remplis de bonnes et surtout nouvelles idées …
     
   
   
    
   

Graphismes

 
Un Yuu Watase, ça se reconnait certes à l’ambiance particulière, mais au premier abord, c’est par le graphisme que l’on identifie un œuvre de l’auteur. Ses dessins, qu’ils soient anciens ou plus récents, sont très caractéristiques et rapidement identifiables. Attardons nous d’ailleurs sur un point principal : les ressemblances. Tous les personnages, dans un même manga, ont plus ou moins le même air. Si la mangaka tente, et la plupart du temps réussit, à les différencier par leurs coupes de cheveux et autres particularités physiques, le fait de féminiser toutes les figures du manga rend universelle une base de dessin très redondante. De plus, d’un manga à l’autre, certains personnages se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Si Watase fait des efforts en ce qui concerne l’héroïne et l’élu de son cœur (on peut citer Night ou Toya), elle est loin d’y arriver tout le temps. Et le fameux meilleur ami, troisième roue du carrosse, a pratiquement toujours la même tête dans un triangle amoureux très répétitif. Le scénario a déjà parfois du mal à diverger au niveau des romances, mais alors entre Tamahomé, Manato, Yuhi, Chamka, Koki, Minékichi et j’en passe, on se perd totalement. Ainsi, certaines scènes pourraient être réutilisées d’un manga à l’autre qu’on ne s’en rendrait pas compte … C’est le principal reproche à faire sur le travail de Watase. Sans compter que l’auteur est une spécialiste des petites nouvelles, là où les ressemblances fleurissent si bien que les personnages d’histoires courtes n’ont ni le temps ni la possibilité de se démarquer, que ce soit dans l’histoire ou à travers les dessins.

Mais au-delà de ce défaut majeur, de nombreuses qualités enjolivent le style de l’auteur. Au premier coup d’œil, et pour les connaisseurs de shojo, on remarque très vite que l’ensemble est tout simplement beau, artistique. Les dégradés et traits sont bien marqués, les arrières plans sont là, même s’ils restent discrets, et surtout les proportions des personnages sont très agréables. On a alors droit à des jeunes femmes et pas des gamines de douze ans sans aucune forme. Les courbes féminines sont mises en valeur avec beaucoup d’égards, et une bonne dose de réalité. Cependant, cette vérité n’est pas d’actualité chez les jeunes éphèbes représentés par Watase. Mis à part dans les méchants bourrus et autres personnages infâmes, il n’y a aucune représentation pure et dure de l’homme. Tous les représentants de la gente masculine sont androgyne, la peau lisse, les cheveux parfois longs et le corps plus mince que les demoiselles qui peuplent les récits de l’auteur. Bref, à part dans leur caractère où pointe une dose de masculin, les héros de la mangaka font bien pâle figure, avec leur air féminisé à outrance et leur délicatesse, inhérente aux visages fins et pointus ainsi qu’à leurs corps de mannequins. Si bien que la crédibilité d’un Hotohori, l’épée au poing, est remise en cause …

Enfin, on peut relever un véritable art dans la représentation des émotions. Tous les personnages sont très expressifs, la sincérité de leurs sentiments est évidente, même si l’on n’adhère pas toujours à la puissance de ceux-ci. En tout cas, la force qui en ressort rend la plupart des protagonistes attachants ou touchants, suffisamment pour se passionner pour les personnages secondaires quand les héros déçoivent … De plus, l’humour a un registre à part, avec des dessins très personnels à l’auteur, qui se complait beaucoup dans ce mode d’expression bien commode. Ce qui passe tout de même assez bien, se détachant de la narration classique et permettant de mettre en scène des figures du manga sous un nouveau jour. Alors, même si l’ensemble s’adapte à un contenu shojoesque et se trouve donc assez enfantin, on trouve de bonnes choses dans ce trait assez répétitif mais sympathique. Surtout que ce style est spécifique à l’auteur, s’éloignant des traditionnels grands yeux, héroïnes filiformes et coiffures soyeuses. Quelques touches d’originalité viennent, de plus, illustrer la grande gamme de personnages de Watase. Dans des cheveux courts chez une héroïne ou bien des figures secondaires à l’apparence plus délurée. Dernier point, si Glénat adapte quelques séries de l’auteur, c’est Tonkam qui a le plus gros de son œuvre, et on le regrette bien vite quand on voit la qualité d’impression et d’adaptation de ses plus anciennes séries … Espérons toutefois que l’éditeur continuera de proposer les autres séries de l’auteur en France !
   
  
            
              
         

© by Yuu WATASE / Shogakukan Inc.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 28 Avril 2010 à 20h36

kimhy > Je ne me trouve pas dure étant donné que j'ai fait un dossier sur son oeuvre, je ne la considère absolument pas comme fade ou mauvaise. Je ne me serais pas donné ce mal, sinon. J'ai essayé, simplement, de mettre en relief toutes les qualités et les défauts des séries de Watase, en restant objective (on ne peut pas dire sans mentir que la romance est surpoussée dans la plupart de ses mangas). Relis bien, je pense que tu n'as pas compris ce dossier comme je l'ai pensé ^^'

 

Glacia > Déjà, j'ai consacré toute une partie sur les aspects originaux de chaque série de Watase, justement parce qu'il y a toujours quelque chose qui fait qu'on la reconnait tout de suite, qu'elle aborde des thèmes avec toujours une vision bien à elle. Alors je te contredirai juste sur l'aspect mièvre comme les autres shojos : ce n'est pas traité de la même manière, mais ose me dire que Fushigi Yugi n'est pas d'une miévrerie dégoulinante ... Et même ses autres oeuvres le sont. Toutefois, il n'y a pas que ça dans ses mangas et je tend bien à le souligner très fortement, il me semble. Yuu Watase est ma première mangaka, mes premiers achats, donc je ne cherche absolument pas à la descendre. Juste à mettre en avant de manière exhaustive ses qualités, mais aussi ses défauts. Je ne pense pas laisser une impression négative sur cette deuxième partie de dossier ... Au contraire.

Ah et perso, une histoire sans originalité, des personnages sans charismes et aucun rebondissement me laisse de marbre (si tu veux un exemple, Nagatacho strawberry et les autres oeuvres de l'auteur). Or, et là encore je me répète, j'ai fait toute une partie du dossier pour prouver que Watase savait mettre un grain d'originalité là où il n'y en avait pas forcément.

Glacia

De Glacia, le 28 Avril 2010 à 20h03

Je l'ai lu il y a quelques années de cela, et "contes d'adolescences" est l'un des manga qui m'a le plus fait rire. Je veux dire par là me faire avoir de vrais fous rires :-D

Alors pourquoi une histoire devrait toujours avoir quelque chose d'hyper original, d'hyper personnages originaux, d'hyper aventures insoupçonnables...bref parfois une histoire simple et sympa suffit amplement à elle même, pas besoin... d'hyper trucs ;-))

En plus il y a une chouette chute et les messages passé par l'auteure sont beaux (peut-être basiques, mais fondamentaux^^)

Même si parfois l'auteure peut paraître maladroite, à certains point de vue, je trouve que ses histoires et ses personnages ne flirtent pas avec les clichés et la mièvrerie dont sont pourvu la plupart des shojo (d'un certain type pour un certain public), mais possèdent bel et bien "sa patte" vraiment reconnaissable, et à mon sens très plaisant ^^

PS: celui que j'ai détesté c'est "Appare Jipangu", mais c'est parce que je ne l'ai pas lu avec cet esprit "déconnade", mais bien avec l'esprit "Watase classique"....hum

kimhy

De kimhy [574 Pts], le 26 Avril 2010 à 23h52

Etant fan de cette mangaka (une des premières que j'ai découvert) je trouve ce dossier un peu dur, car même si je l'avoue bien, certaines séries sont un peu trop simplistes et naives, elles transmettent tout de même un message d'espoir qui manque cruellement aux personnes de nos jours ... 

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 23 Avril 2010 à 19h13

Merci :D Sakura-gari il faut prendre si on a pas froid aux yeux simplement pour se convaincre que l'auteur fait du travail exceptionnel, malgré les apparences XD Elle peut toucher à tout quand ses envies la prennent, et a maintenant assez de renommée pour se le permettre. Et puis les sentiments ont tellement de force ... Sans que rien ne soit gâché par de la miévrerie inutile ou un jeu de cache-cache ridicule. Pour moi, c'est du grand art !

Appare ! Jipangu,  j'ai une petite tendresse pour la série qui selon moi a quelques passages intéressants. De plus, c'est certainement là que l'humour a le plus sa place, c'est la série totalement n'importe quoi de Watase, de laquelle il ne faut pas attendre plus. Je l'ai lue dans cet esprit, donc j'en garde un souvenir agréable. Mais objectivement, je sais qu'elle est plutôt mauvaise :D

 

En tout cas je suis ravie de voir qu'on partage le même avis sur la plupart des points que j'aborde, et je te remercie de tes compliments. ça fait vraiment très plaisir, d'écrire tout ça et de voir que ça intéresse ^^'

kazamanga

De kazamanga [367 Pts], le 23 Avril 2010 à 18h37

20/20

Encore une fois un excellent dossier :).

Je partage ton avis sur Lui ou rien, j'ai trouvé cette série plaisante, mais (je vais pas faire de spoil) j'ai vraiment trouvé que la fin était trop facile pour l'héroïne XD. C'est le seul truc qui m'a un peu énervé sinon cette série fait passer un bon moment.

Après Conte d'adolescence je ne peux pas me prononcer, je ne l'ai pas lu parce que rien que la couverture sentait le "déjà-vu" à plein nez, enfin comme tu le dis, intéressant pour voir ses débuts probablement.

Imadoki, ce que tu dis est encore très juste. J'ai trouvé cette série très "rafraichissante", à lire vraiment.

Apare jipangu... ou les prémisses de mon désintérêt pour Yuu Watase. Cette série m'a vraiment laissée de marbre. Tu la défends toutefois et je pense que c'est une bonne chose, je vais peut-être la re-feuilleter après avoir lu ce dossier mais je l'ai trouvé vraiment anecdotique. On se demande si cette série à un sens mais comme tu le dis, il faut pas chercher XD.

Sakura gari... ton commentaire m'a définitivement convaincue. Du Watase plus mature et plus sombre, je prends :D.

En tout cas c'est du boulot ce dossier, bravo :)

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