Yuu Watase - Deuxième partie - Actualité manga
Dossier manga - Yuu Watase - Deuxième partie
Lecteurs
20/20

Appare ! Jipangu, la fable déjantée

  
Yusura est une fille qui, abandonnée de ses parents, est adoptée par un couple charmant, qui hérite en prime du pouvoir de leur nouvelle fille. Car Yusura n’est pas n’importe qui ! A l’aide du bâton magique qui ne la quitte plus depuis sa naissance, elle est capable de sentir la tristesse d’autrui, de la capter et d’en faire une arme qu’elle projette sur les responsables. La chasseuse de regrets fait ainsi fureur en ville, comme une justicière des nobles causes, qui en parallèle va rencontrer un étrange jeune homme. Le tout dans un contexte de moyen âge japonais, et dans l’optique de retrouver un jour ses véritables parents … Une gamine de 15 ans qui part à la recherche de son destin … Oui, classique. Mais au-delà de la redondance des scénarios de Yuu Watase, cette série se démarque par l’aspect loufoque que la mangaka a volontairement injecté dans son œuvre. Situations cocasses, quiproquos, rivalité dans la bêtise et dessins de chibis ou SD (super deformé) se succèdent à un rythme relativement démentiel, qui ne nous laisse pas le temps de nous interroger sur la raison d’être de ce manga … Ne cherchez plus, « Appare » n’est pas fait pour réfléchir mais pour se divertir, apprécier un moment hors du temps et des conventions du manga. Les strictes descriptions de l’époque présentée ne sont pas respectées, les personnages sont absolument dissociés de l’image que l’on pourrait avoir d’eux … D’ailleurs, la relation amoureuse contourne légèrement le cliché que l’on connait si bien ! Une inversion des rôles féminins et masculins s’opère en silence, et pour une fois ce n’est pas l’héroïne, féminine malgré sa force, qui tombe amoureuse au premier regard … Mais bien Samon qui n’ose pas déclarer sa flamme tout au long de la série ! D’ailleurs, celui-ci ne vient pas vraiment en aide à sa petite protégée … mais est secourue par ladite demoiselle ! Une petite pointe sympathique de nouveauté, qui reste de plus dans l’aspect totalement comique du manga. Après tout, ce titre n’est né sur le papier que pour divertir le temps de quelques pages. L’amour contourne donc légèrement le cliché du shojo, ce qui reste dans l’optique comique et novatrice au sein de la collection de la mangaka. Mais la volonté de Watase d’être sans prétention à travers ces pages dénature quelque peu la qualité et la profondeur des rares pistes d’exploitation proposées (comme le vol, l’importance de la famille, le problème de la cupidité …). En effet, tout est de nature à se détendre, et les moments voulus très profonds car instigateurs de tristesse n’ont pas tout à fait l’effet escompté. La comédie infernale frappe encore et encore, piétinant tout autre effort. Voilà sans doute la raison des réactions assez froides qu’a reçue la série, bien que cette ambiance si particulière ait quelque chose de reposant quand on sort de la lecture d’Ayashi no Cérès ou de Fushigi Yugi … Reste l’impression que l’auteur a donné dans la facilité pour ce scénario qui part dans tous les sens, sans véritable but ou objectif. Une série qui reste dans les annales pour son unique intérêt : le sourire qu’elle procure.
   
  
  
  
  

Sakura-gari, un récit sombre et violent

 
Passons enfin à la dernière et plus récente série de Yuu Watase. Un titre qui se démarque en tous points, aussi est-il difficile de le présenter sans empiéter sur la suite. L’histoire est celle de Masataka, un jeune étudiant à demeure qui se retrouve sous le luxueux toit des Soma. Peu à peu, il y découvrira certains secrets bien gardés qui planent sur la famille. Entre une sœur camouflée, un père malade qui prend son fils pour sa défunte femme, et un jeune maître qui prend plaisir à souiller tous les jeunes gens qui passent … Ce dernier a d’ailleurs toute l’étoffe d’un être torturé et en véritable mal être. Au milieu de cette époque lointaine qui réprime l’homosexualité, Soma doit faire passer ses désirs pour des jeux où blesser le partenaire à quelque chose de passionnant. Sans sentiments, sans tabous ni limites, le jeune homme va tomber sous le charme de la pureté de Masataka. La blancheur de sa peau, la naïveté de son regard et la confiance sans borne qu’il lit dans son attitude le font chavirer, et toute son envie se reporte sur ce jeune garçon qui voit en son maître un grand frère attentionné, pour remplacer celui qui lui fait faux bond. A partir de là violences, sévices corporels et psychiques se tissent peu à peu pour créer un univers avec une pointe incessante de macabre, un arrière goût de déplaisant. Que les habitué(e)s de l’auteur ne se jettent pas les yeux bandés dans ce titre qui en choquera plus d’un(e) ! Ce Yuu Watase n’en est d’ailleurs pas un. On ne retrouve que très peu sa trace, à part dans la poésie de sa narration, qui l’est cependant bien plus que ses autres travaux. Le trio amoureux n’existe pas, seules comptent les jalousies et vengeances. On y trouve un grain d’inceste, un fond permanent d’homosexualité, un soupçon de folie bien installée, bref la recette idéale pour en faire une œuvre sombre, torturée et complètement hors de nos habitudes. La grande question, c’est par quel processus de pensée la mangaka en est-elle arrivée à changer à ce point de registre ? Du doucereux elle passe au macabre, de la romance elle passe au sexe, elle transforme la tendresse en tortures … On ne la reconnait que très peu, et à vrai dire tant mieux. Le seul défaut de ce titre étant d’être très direct, assumé et évitant la demie mesure, on pourra comprendre qu’il en rebute certains. Mais c’est très certainement la seule œuvre qui pourra intéresser tous les réfractaires à Watase. Et, même objectivement, l’une des meilleures lorsque l’on prend sa bibliographie dans son ensemble. Les personnages sont exploités, les sentiments sont réalistes, le contexte est parfaitement intégré dans la narration, le dynamisme est là sans étouffer le scénario, la série est suffisamment courte pour ne pas se tuer elle-même … Bref, que de bons points ! Si l’on ne se limite pas à attendre un shojo toujours plus mièvre de la part de l’auteur, alors Sakura-gari sera LA série qui séduira vraiment, avec force, un public plus mature et à même d’apprécier une littérature plus poussée.
  
 
        
         
         

© by Yuu WATASE / Shogakukan Inc.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 28 Avril 2010 à 20h36

kimhy > Je ne me trouve pas dure étant donné que j'ai fait un dossier sur son oeuvre, je ne la considère absolument pas comme fade ou mauvaise. Je ne me serais pas donné ce mal, sinon. J'ai essayé, simplement, de mettre en relief toutes les qualités et les défauts des séries de Watase, en restant objective (on ne peut pas dire sans mentir que la romance est surpoussée dans la plupart de ses mangas). Relis bien, je pense que tu n'as pas compris ce dossier comme je l'ai pensé ^^'

 

Glacia > Déjà, j'ai consacré toute une partie sur les aspects originaux de chaque série de Watase, justement parce qu'il y a toujours quelque chose qui fait qu'on la reconnait tout de suite, qu'elle aborde des thèmes avec toujours une vision bien à elle. Alors je te contredirai juste sur l'aspect mièvre comme les autres shojos : ce n'est pas traité de la même manière, mais ose me dire que Fushigi Yugi n'est pas d'une miévrerie dégoulinante ... Et même ses autres oeuvres le sont. Toutefois, il n'y a pas que ça dans ses mangas et je tend bien à le souligner très fortement, il me semble. Yuu Watase est ma première mangaka, mes premiers achats, donc je ne cherche absolument pas à la descendre. Juste à mettre en avant de manière exhaustive ses qualités, mais aussi ses défauts. Je ne pense pas laisser une impression négative sur cette deuxième partie de dossier ... Au contraire.

Ah et perso, une histoire sans originalité, des personnages sans charismes et aucun rebondissement me laisse de marbre (si tu veux un exemple, Nagatacho strawberry et les autres oeuvres de l'auteur). Or, et là encore je me répète, j'ai fait toute une partie du dossier pour prouver que Watase savait mettre un grain d'originalité là où il n'y en avait pas forcément.

Glacia

De Glacia, le 28 Avril 2010 à 20h03

Je l'ai lu il y a quelques années de cela, et "contes d'adolescences" est l'un des manga qui m'a le plus fait rire. Je veux dire par là me faire avoir de vrais fous rires :-D

Alors pourquoi une histoire devrait toujours avoir quelque chose d'hyper original, d'hyper personnages originaux, d'hyper aventures insoupçonnables...bref parfois une histoire simple et sympa suffit amplement à elle même, pas besoin... d'hyper trucs ;-))

En plus il y a une chouette chute et les messages passé par l'auteure sont beaux (peut-être basiques, mais fondamentaux^^)

Même si parfois l'auteure peut paraître maladroite, à certains point de vue, je trouve que ses histoires et ses personnages ne flirtent pas avec les clichés et la mièvrerie dont sont pourvu la plupart des shojo (d'un certain type pour un certain public), mais possèdent bel et bien "sa patte" vraiment reconnaissable, et à mon sens très plaisant ^^

PS: celui que j'ai détesté c'est "Appare Jipangu", mais c'est parce que je ne l'ai pas lu avec cet esprit "déconnade", mais bien avec l'esprit "Watase classique"....hum

kimhy

De kimhy [574 Pts], le 26 Avril 2010 à 23h52

Etant fan de cette mangaka (une des premières que j'ai découvert) je trouve ce dossier un peu dur, car même si je l'avoue bien, certaines séries sont un peu trop simplistes et naives, elles transmettent tout de même un message d'espoir qui manque cruellement aux personnes de nos jours ... 

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 23 Avril 2010 à 19h13

Merci :D Sakura-gari il faut prendre si on a pas froid aux yeux simplement pour se convaincre que l'auteur fait du travail exceptionnel, malgré les apparences XD Elle peut toucher à tout quand ses envies la prennent, et a maintenant assez de renommée pour se le permettre. Et puis les sentiments ont tellement de force ... Sans que rien ne soit gâché par de la miévrerie inutile ou un jeu de cache-cache ridicule. Pour moi, c'est du grand art !

Appare ! Jipangu,  j'ai une petite tendresse pour la série qui selon moi a quelques passages intéressants. De plus, c'est certainement là que l'humour a le plus sa place, c'est la série totalement n'importe quoi de Watase, de laquelle il ne faut pas attendre plus. Je l'ai lue dans cet esprit, donc j'en garde un souvenir agréable. Mais objectivement, je sais qu'elle est plutôt mauvaise :D

 

En tout cas je suis ravie de voir qu'on partage le même avis sur la plupart des points que j'aborde, et je te remercie de tes compliments. ça fait vraiment très plaisir, d'écrire tout ça et de voir que ça intéresse ^^'

kazamanga

De kazamanga [367 Pts], le 23 Avril 2010 à 18h37

20/20

Encore une fois un excellent dossier :).

Je partage ton avis sur Lui ou rien, j'ai trouvé cette série plaisante, mais (je vais pas faire de spoil) j'ai vraiment trouvé que la fin était trop facile pour l'héroïne XD. C'est le seul truc qui m'a un peu énervé sinon cette série fait passer un bon moment.

Après Conte d'adolescence je ne peux pas me prononcer, je ne l'ai pas lu parce que rien que la couverture sentait le "déjà-vu" à plein nez, enfin comme tu le dis, intéressant pour voir ses débuts probablement.

Imadoki, ce que tu dis est encore très juste. J'ai trouvé cette série très "rafraichissante", à lire vraiment.

Apare jipangu... ou les prémisses de mon désintérêt pour Yuu Watase. Cette série m'a vraiment laissée de marbre. Tu la défends toutefois et je pense que c'est une bonne chose, je vais peut-être la re-feuilleter après avoir lu ce dossier mais je l'ai trouvé vraiment anecdotique. On se demande si cette série à un sens mais comme tu le dis, il faut pas chercher XD.

Sakura gari... ton commentaire m'a définitivement convaincue. Du Watase plus mature et plus sombre, je prends :D.

En tout cas c'est du boulot ce dossier, bravo :)

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