Yuu Watase - Deuxième partie - Actualité manga
Dossier manga - Yuu Watase - Deuxième partie
Lecteurs
20/20

Les discrets, les méconnus...


Lui ou rien, l’amour androïde

  
Titre accrocheur mais contesté, « Lui ou rien » convient néanmoins parfaitement à la couverture, qui nous encourage à répondre un « lui » franc et massif. Yuu Watase avoue que cette série est la concrétisation du fantasme féminin par excellence, il ne faudra donc pas rechercher plus loin et surtout, pas s’étonner du déroulement de l’histoire. Car le postulat de base est assez simpliste quand on y réfléchit : Riiko, jeune adolescente complexée sans raison et vivant sans ses parents, en a marre des échecs amoureux. Un jour, elle rencontre par hasard un vendeur un peu particulier, qui lui propose d’essayer un petit ami professionnel : un robot, conçu pour aimer. Riiko en profite bien et lui donne même un nom, jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’ayant dépassé la période d’essai, elle doit payer une somme colossale pour garder Night … Une longue aventure commence pour la jeune fille qui va vivre aux côtés de cette poupée à aimer. Le scénario étant né d’un fantasme de célibataire, il ne faut pas s’attendre à de grandes réflexions sur l’amour ou sur la vie adolescente. Cependant, Riiko illustre bien la jeune fille indécise qui veut un copain pour en avoir un, et qui met du temps à toucher du doigt la notion de véritable amour. Le trio amoureux qui s’installe n’a rien d’original, mais il permet de divertir le temps de quelques tomes. Pour une fois, ce n’est pas tellement cette mièvrerie qui dérange mais le caractère loufoque de toute la narration. Watase ne se prend pas au sérieux, et quand elle tente de le faire ce n’est que pour faire semblant d’intégrer des sentiments véritables et profonds dans le délire de sa fiction. De plus, il faut admettre que l’héroïne a de quoi énerver avec ses lamentations : à seize ans, elle n’a toujours pas trouvé l’homme de sa vie, c’est un drame ! En plus, la taille de ses seins est une catastrophe ! Autant de préoccupations quotidiennes qui n’ont absolument aucun impact, rendant Riiko plus plate scénaristiquement parlant qu’à cause de son manque de maturité mammaire … On déplore également sa rapidité à accepter Night dans sa vie, comme si c’était normal, et son aveuglement très pesant en ce qui concerne Soshi. Bref, une figure principale bien pire que les autres, qui avaient au moins un but dans la vie autre que de se caser. Riiko est juste insupportable et cruche, le stéréotype même de l’adolescente de base tandis que Night se trouve être non moins énervant par sa perfection écœurante. L’histoire prend alors des airs de fan service pour demoiselle, juste pour pouvoir fantasmer un bon coup et en revenir à des lectures plus sérieuses. Enfin, le comique prend toute la place et décrédibilise totalement les rares scènes dramatiques, qui prennent à leur tour un aspect ridicule. Les situations improbables se succèdent, les comiques de répétition pleuvent et le tout forme un amalgame extrêmement lourd et indigeste, pour une série qui n’a aucun sérieux et au dénouement trop évident. On en vient même à prévoir le trio amoureux ou la peste de service. Mais pas forcément les nouveaux arrivants qui ne sont là que pour dire de faire douter Riiko un peu plus (on la sent alors convaincue par l’amour de Night), comme pour rallonger inutilement un scénario qui se traine en longueur. Bref, en quelques mots, Lui ou rien c’est une grande fable qui permet d’admirer des graphismes sympathiques et de lire un récit trop léger, sans intérêt réel. Seules les éternelles fanatiques de shojo ou de l’auteur pourront apprécier ce titre à sa juste valeur, c'est-à-dire pour son objectif de départ : divertir, le temps de quelques pages à peine.
   
  
   
  
  

Contes d’adolescence

  
Bien que ce ne soit pas la première série de l’auteur que l’on ait rencontrée en France, Contes d’adolescence est la première œuvre de Yuu Watase. On le voit d’ailleurs bien, puisqu’elle pose les bases d’un graphisme et d’un scénario qui seront repris à nombreuses reprises dans sa carrière. Asuka débarque, suite au décès de sa mère, dans la maison où son père est supposé vivre. Après tant d’années de séparation, Asuka ne le connait pas et part à sa recherche en aveugle, alors même qu’elle arrive chez son demi-frère et sa demi-sœur, leur père étant toujours absent. Commence alors la quête de sa famille, mais surtout l’adaptation difficile d’Asuka à ce nouvel environnement. D’autant plus quand elle se rend compte que les sentiments qu’elle a envers son nouveau frère ne sont pas dénués d’une certaine tendresse. Cet amour interdit, associé à beaucoup d’humour et au premier comique de situation de la douche, permet à Watase de poser des bases sûres. Si le dessin fait encore un peu vieillot, il est vrai que Manato a fortement du inspirer Tamahomé, tout comme Asuka a quelques points communs avec Miaka … Les courses poursuites dans l’amour, les rivalités, le trio amoureux et le happy end sont au rendez vous, tout comme l’indispensable humour de la mangaka, qui trouve toujours un prétexte pour alléger sa narration, alors même que cela peut parfois nuire au récit. Les ficelles sont d’ailleurs un peu grosses, mais au final qu’y a-t-il de bon dans ce nouvel élan qui ressort une vieille série de la mangaka ? Peut être le fait que l’hésitation entre les personnages principaux soit cette fois justifiée par leur lien de sang potentiel et au début probable. Ceux-ci se mettent alors à réfléchir au vu de leur situation, avec bien plus d’esprit qu’une prêtresse et son étoile ne pouvant s’aimer sous on ne sait quel prétexte. Cependant, les quiproquos et disputes entre eux perdent de leur impact à cause du manque de dynamisme dans la narration, qui propose d’avantage plusieurs petits chapitres qu’une réelle intrigue. Après tout, il n’y a plus grand-chose à dire une fois que Manato et Asuka sont ensemble. Mais c’est peut être ce qui fait partie de la force du manga, puisqu’alors on ne se passionne pas pour la naissance de leur amour mais pour la survie de leur relation, malgré les obstacles et les malentendus. Une vision sympathique, originale et assez fraîche de l’amour, en dépit de toutes les maladresses commises par Watase. De même, les personnages secondaires subissent une tentative de développement, qui est juste assez conséquente pour attirer l’attention mais loin d’être suffisante pour intéresser vraiment. Dans ce titre, la mangaka se cherche, frôle son style actuel et expérimente, afin de progresser et de proposer d’autres histoires, moins bancales.
    
    
   
    
  

Imadoki, la passion du quotidien

  
A côté de terribles épopées mythiques, de drames conséquents et d’histoires d’amour ancestrales, Imadoki pourrait se sentir particulièrement diminué dans la bibliographie de l’auteur. Et pourtant … Le scénario est on ne peut plus simple, puisque les cinq tomes de la série s’évertuent à ne montrer que le quotidien de Tampopo, une simple campagnarde débarquant dans un des lycées les plus côtés et riches de la ville. D’un naturel attrayant, optimiste et farfelu, la jeune fille y entre avec la ferme idée de se faire des amis dans cette communauté de l’apparence, de l’argent et des faux-semblants. Koki sera sa première cible, puisqu’elle a vu la douceur dont il pouvait faire preuve la veille de la rentrée, le croisant par hasard. Malheureusement pour elle, le fameux élu est un des élèves les plus hauts classés et les plus snobs de l’établissement. Mais la bienveillance, la persévérance et la volonté de Tampopo vont peu à peu lui permettre de relier entre eux plusieurs jeunes gens n’ayant rien à voir ensemble, tous plus différents les uns que les autres. Déjà, mis à part Koki qui est l’archétype même du héros que l’on connait déjà, le lecteur pourra apprécier des personnages secondaires particulièrement originaux, dans leurs apparences mais aussi dans leurs comportements et préoccupations. Tout comme Tampopo, ils diffèrent radicalement des protagonistes que l’on a l’habitude de croiser dans l’œuvre de Watase. Notre héroïne est en effet beaucoup plus candide que prévu, avec un sourire à toute épreuve, des idées qui dégoulinent de son esprit et des larmes qui ne surgissent que rarement. Mais le principal point d’Imadoki qu’il faut relever, c’est sa simplicité. L’éloge d’un quotidien évident, débarrassé de prophéties, malédictions, robots amoureux ou d’une autre époque. Tout se passe comme pour une jeune fille normale, comme cela pourrait se passer pour chacun d’entre nous. Une ode au quotidien, voilà ce qu’est Imadoki. La naissance de sentiments, le partage d’une vie débarrassée de préoccupations encombrantes et de prises de tête inutiles. Comme quoi, dans l’œuvre d’une artiste qui se consacre à l’irréel, il est parfois bon de revenir aux sources et de se concentrer de temps en temps sur le banal. Watase fait cela très bien, même s’il faudra être encore jeune d’esprit pour en apprécier le contenu. Après tout, Imadoki reste une vision simpliste et idéalisée d’une réalité quelque peu déformée, même si certains problèmes sont véritablement mis en scène. Malheureusement, le lecteur ne pourra échapper aux idéaux de l’auteur, et devra alors affronter l’inévitable triangle amoureux, l’évident déroulement de la romance entre Tampopo et l’élu de son cœur, et l’humour parfois bas de gamme qu’elle sort de nulle part. Ceci étant dit, le rire convient parfaitement à la série et n’éclipse en aucun cas les moments plus sentimentaux, tellement le comique sait se faire léger et appréciable.
    
   

© by Yuu WATASE / Shogakukan Inc.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 28 Avril 2010 à 20h36

kimhy > Je ne me trouve pas dure étant donné que j'ai fait un dossier sur son oeuvre, je ne la considère absolument pas comme fade ou mauvaise. Je ne me serais pas donné ce mal, sinon. J'ai essayé, simplement, de mettre en relief toutes les qualités et les défauts des séries de Watase, en restant objective (on ne peut pas dire sans mentir que la romance est surpoussée dans la plupart de ses mangas). Relis bien, je pense que tu n'as pas compris ce dossier comme je l'ai pensé ^^'

 

Glacia > Déjà, j'ai consacré toute une partie sur les aspects originaux de chaque série de Watase, justement parce qu'il y a toujours quelque chose qui fait qu'on la reconnait tout de suite, qu'elle aborde des thèmes avec toujours une vision bien à elle. Alors je te contredirai juste sur l'aspect mièvre comme les autres shojos : ce n'est pas traité de la même manière, mais ose me dire que Fushigi Yugi n'est pas d'une miévrerie dégoulinante ... Et même ses autres oeuvres le sont. Toutefois, il n'y a pas que ça dans ses mangas et je tend bien à le souligner très fortement, il me semble. Yuu Watase est ma première mangaka, mes premiers achats, donc je ne cherche absolument pas à la descendre. Juste à mettre en avant de manière exhaustive ses qualités, mais aussi ses défauts. Je ne pense pas laisser une impression négative sur cette deuxième partie de dossier ... Au contraire.

Ah et perso, une histoire sans originalité, des personnages sans charismes et aucun rebondissement me laisse de marbre (si tu veux un exemple, Nagatacho strawberry et les autres oeuvres de l'auteur). Or, et là encore je me répète, j'ai fait toute une partie du dossier pour prouver que Watase savait mettre un grain d'originalité là où il n'y en avait pas forcément.

Glacia

De Glacia, le 28 Avril 2010 à 20h03

Je l'ai lu il y a quelques années de cela, et "contes d'adolescences" est l'un des manga qui m'a le plus fait rire. Je veux dire par là me faire avoir de vrais fous rires :-D

Alors pourquoi une histoire devrait toujours avoir quelque chose d'hyper original, d'hyper personnages originaux, d'hyper aventures insoupçonnables...bref parfois une histoire simple et sympa suffit amplement à elle même, pas besoin... d'hyper trucs ;-))

En plus il y a une chouette chute et les messages passé par l'auteure sont beaux (peut-être basiques, mais fondamentaux^^)

Même si parfois l'auteure peut paraître maladroite, à certains point de vue, je trouve que ses histoires et ses personnages ne flirtent pas avec les clichés et la mièvrerie dont sont pourvu la plupart des shojo (d'un certain type pour un certain public), mais possèdent bel et bien "sa patte" vraiment reconnaissable, et à mon sens très plaisant ^^

PS: celui que j'ai détesté c'est "Appare Jipangu", mais c'est parce que je ne l'ai pas lu avec cet esprit "déconnade", mais bien avec l'esprit "Watase classique"....hum

kimhy

De kimhy [574 Pts], le 26 Avril 2010 à 23h52

Etant fan de cette mangaka (une des premières que j'ai découvert) je trouve ce dossier un peu dur, car même si je l'avoue bien, certaines séries sont un peu trop simplistes et naives, elles transmettent tout de même un message d'espoir qui manque cruellement aux personnes de nos jours ... 

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 23 Avril 2010 à 19h13

Merci :D Sakura-gari il faut prendre si on a pas froid aux yeux simplement pour se convaincre que l'auteur fait du travail exceptionnel, malgré les apparences XD Elle peut toucher à tout quand ses envies la prennent, et a maintenant assez de renommée pour se le permettre. Et puis les sentiments ont tellement de force ... Sans que rien ne soit gâché par de la miévrerie inutile ou un jeu de cache-cache ridicule. Pour moi, c'est du grand art !

Appare ! Jipangu,  j'ai une petite tendresse pour la série qui selon moi a quelques passages intéressants. De plus, c'est certainement là que l'humour a le plus sa place, c'est la série totalement n'importe quoi de Watase, de laquelle il ne faut pas attendre plus. Je l'ai lue dans cet esprit, donc j'en garde un souvenir agréable. Mais objectivement, je sais qu'elle est plutôt mauvaise :D

 

En tout cas je suis ravie de voir qu'on partage le même avis sur la plupart des points que j'aborde, et je te remercie de tes compliments. ça fait vraiment très plaisir, d'écrire tout ça et de voir que ça intéresse ^^'

kazamanga

De kazamanga [367 Pts], le 23 Avril 2010 à 18h37

20/20

Encore une fois un excellent dossier :).

Je partage ton avis sur Lui ou rien, j'ai trouvé cette série plaisante, mais (je vais pas faire de spoil) j'ai vraiment trouvé que la fin était trop facile pour l'héroïne XD. C'est le seul truc qui m'a un peu énervé sinon cette série fait passer un bon moment.

Après Conte d'adolescence je ne peux pas me prononcer, je ne l'ai pas lu parce que rien que la couverture sentait le "déjà-vu" à plein nez, enfin comme tu le dis, intéressant pour voir ses débuts probablement.

Imadoki, ce que tu dis est encore très juste. J'ai trouvé cette série très "rafraichissante", à lire vraiment.

Apare jipangu... ou les prémisses de mon désintérêt pour Yuu Watase. Cette série m'a vraiment laissée de marbre. Tu la défends toutefois et je pense que c'est une bonne chose, je vais peut-être la re-feuilleter après avoir lu ce dossier mais je l'ai trouvé vraiment anecdotique. On se demande si cette série à un sens mais comme tu le dis, il faut pas chercher XD.

Sakura gari... ton commentaire m'a définitivement convaincue. Du Watase plus mature et plus sombre, je prends :D.

En tout cas c'est du boulot ce dossier, bravo :)

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