You My Baby - Actualité manga
Dossier manga - You My Baby
Lecteurs
20/20

Un portrait d'adolescence


Car si on veut parler de l'écriture d'Aoi Tomosue de manière plus large, dans sa courte série évidemment, il faut évoquer toute la thématiques de l'adolescence, que l'autrice observe d'un œil rigoureux. Parce que dans You My Baby, les messages se suivent tel un véritable cheminement, la croissance d'une œuvre qui délivre petit à petit différents mots au lectorat, permettant à l'héroïne de l'intrigue de grandir au même rythme que l'histoire.

Car après proposer un postulat autour de Yû, cette lycéenne qui regrette ses années d'enfance, ce qu'on pourrait interpréter comme un personnage qui refuse de grandir, la mangaka aborde différents thèmes liés à la psychologie du personnage principal. Et pour cela, c'est bien d'adolescence qu'Aoi Tomosue doit nous parler, une période qui concerne chaque individu sur cette planètes, et qui se traduit d'abord par des changements intérieurs.


Ainsi, une véritable opposition est faite entre Yû, cette adolescente qui ne souhaite pas vraiment grandir et qui préfèrerait jouer à chat perché avec ses amies plutôt que d'aller en karaoke, en opposition avec ses camarades qui ont désormais des centres d'intérêt qu'on pourrait grossièrement qualifier de « de leur âge ». Dès lors, un constat est fait : certains vivent mieux les chamboulements intérieurs liés à l'adolescence que d'autre, Yû faisant justement partie des autres, et a donc du mal à trouver une place totalement légitime parmi celles et ceux de son âge.

Cet état d'esprit sera évidemment voué à changer au cours de la série, puisque la mangaka établira un certain lié entre la psychologie de la jeune femme et l'opinion qu'elle a d'elle-même. Car pour sa nostalgie des cours de récré et son désintérêt total pour la féminité, Yû sera appelée « p'tit mec », sous-entendant qu'une fille comme elle ne pourrait être considérée comme une femme à part entière. Il est alors intéressant de constater que, de là, la mangaka aborde deux aspects différents, et pourtant liés psychologiquement au personnage principal de l’œuvre. D'une part, l'acceptation de soi est au centre de cette thématique, les remarques faites envers Yû ne la poussant pas à prendre confiance en elle, ce qui joue sur sa non-envie d'évoluer, chose que le récit mettra en avant subtilement. C'est donc par ses rapports grandissant avec Sora que la demoiselle gagnera une certaine assurance, Yû trouvant alors une personne l'acceptant pour ce qu'elle ait, rendant le gain en estime d'elle-même plus simple, et faisant naître chez l'héroïne une volonté totalement inédite : exister pour elle, et pour une personne qui le remarque.


La seconde idée, dans cette optique de l'estime de soi, se démarque un poil du récit, mais peut concerner l'état d'esprit de Yû. D'une manière générale, Aoi Tomosue nous questionne sur ce qu'est être une femme. Un coup de maquillage ? Troquer un pantalon contre une jupe ? Chacun se fera son idée, bien que le récit prenne un parti assez net. Car si Yû s'essaiera à ce que beaucoup qualifient comme des zestes de féminité, le personnage n'en reste pas moins fidèle à lui-même, du début à la fin. Yû peut vien porter une jupe comme se plaire dans son style de toujours, ses qualités de femmes étant celles qu'elle considère, et qui lui suffisent dans sa relation avec Sora. Transition idéale, donc, puisque dans cette optique d'aborder l'adolescence, la mangaka aborde forcément cette relation entre les deux personnages centraux, partant d'une sorte d'incompréhension mutuelle, en passant par une amitié toujours plus sincère, vrillant sans surprise sur l'amourette lycéenne. Et ça ne serait pas un spoil d'évoquer les sentiments qui grandissent chez Yû, tant ceux-ci permettent justement à la seconde moitié du one-shot d'aborder l'idée de l'amour quand on est adolescent. Pour cela, Aoi Tomosue pique la relation principale de légères touches de drame : un quiproqui de temps en temps, voire une petite touche de jalousie par-ci par-là, l'ensemble restant fidèle à une des idées du titre. Car si Yû prendra la mouche, c'est dans son rapport à Sora, le seul qui l'apprécie pour celle qu'elle est, et celui qu'elle ne voudrait pas voir s'éloigner.

Évidemment, cette synthèse tient compte du ressenti et de la vision de son rédacteur. Car l'avantage, dans un titre traitant de thématiques si universelles, c'est que chacun pourra ressentir l'histoire à sa manière, avec son optique et en sa basant sur son expérience. Reste que le bilan, plus objectif, est que You My Baby se révèle être un récit finalement dense, et ce en seulement quatre chapitres. Beaucoup de pistes sont balayées à travers la petite aventure de Yû et de Sora. Il est même surprenant que, dès sa deuxième œuvre, Aoi Tomosue soit allée si loin dans son écriture, preuve que la mangaka démontre déjà un certain talent, et a de quoi aller loin dans sa carrière d'artiste. Alors, gageons pour que le lectorat et ses éditeurs répondent présent pour la soutenir, et lui permettre d'étaler son talent sur une œuvre plus longue, par exemple.




YOU MY BABY © 2017 by Aoi Tomosue / SHUEISHA Inc.

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Theodoryna

De Theodoryna [2259 Pts], le 27 Mars 2020 à 13h45

20/20

Merci pour ce dossier =D

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