X - 1999

Une grande diversité

 
 
Clairement, là où il existe la plus grande diversité dans ce manga, c’est au niveau des personnages. Ils sont une foultitude, et viennent d’un peu partout pour nous divertir et s’engager dans la destinée de leur vie et de celle de tant d’autres gens. L’univers de X se base dans le même univers que Tokyo Babylon, Dukalyon, Clamp School Detective ou Le voleur au cent visages. C’est un Tokyo contemporain, moderne, qui évolue sans cesse et dans lequel les évènements paranormaux, la magie de l’occulte et les Destins sont en jeu. C’est une des séries qui, à l’image de XXX Holic ou Tsubasa Reservoir Chronicles, rassemblent plusieurs univers des mangakas et se joue du Cross Over comme d’un élément de narration. C’est pour cette raison que les personnages sont plus riches que s’ils avaient tous été inventés de toutes pièces, pourtant on ne les devine pas tous. On reconnait essentiellement Subaru et Hokuto Sumeragi, les deux jumeaux de Tokyo Babylon, ainsi que Seishiro Sakurazuka du même manga. C’est d’ailleurs une des grandes informations à apporter ici : non, lire les deux mans n’est pas indispensable. Mais X présente la suite de la relation entre Subaru et Seishiro. Ils se sont quittés dans Tokyo Babylon, et voilà qu’ils se retrouvent de longues années après, pour résoudre ce qui n’a jamais été bien clair entre eux. Même si, sans la fin de X, on aura jamais non plus la fin de leur relation, et c’est bien dommage. Toujours est-il que les voir se déchirer est tout à fait plaisant, et qu’on aurait pas pu apprécier cela sans la lecture au préalable de Tokyo Babylon, mais … Ce n’est pas non plus indispensable. Juste plus agréable. Quelques rapports de personnages plus secondaires sont aussi faits avec certains protagonistes de Clamp School Detective, qu’on reconnait pourtant si on a lu la série moins connue des CLAMP. Ces croisements rendent la lecture plus étoffée, même si le cross over est fait de bien moindre façon que dans XXX Holic ou Tsubasa. On s’amuse tout de même de pouvoir donner une suite à certaines figures déjà croisées, et Subaru et Seishiro restent le meilleur exemple des images que l’on veut voir continuer à se développer à travers la narration de X.

Mais tous les autres personnages ne sont pas en reste ! Chacun d’eux est soigné, et aucun ne fait vraiment de la figuration. Outre le fait qu’ils aient tous un rôle bien spécifique à jouer, une place particulière dans ce monde, la plupart se développent au cours de l’histoire. Les CLAMP aiment leur offrir une histoire propre à chacun, un destin, qu’il soit tragique ou non. Ils ont un passé, qui est exploité pour détailler leur position actuelle, et un avenir que l’on voit se construire peu à peu. Le background est donc bien travaillé, et certains vont même très loin dans le développement. Par exemple, Sorata trouve l’amour, la femme de sa vie, grâce à cette guerre. Karen voit se développer son instinct maternel, Nekoi trouve un soutien inattendu … Tous se développent à travers le récit de X 1999, à travers la fin du monde. Mais c’est ce même travail très complexe sur les personnages qui nous perd un peu, dans la difficulté du récit. En effet, la narration ne nous aide pas vraiment à comprendre les bases de l’histoire, et aucun personnage ne se pose pour nous « résumer » simplement le problème. Ce qui fait que le lecteur est un peu livré à lui-même. Pourtant, au fur et à mesure, on se rend compte qu’un préambule aurait été bien superflu : si l’on regarde le nombre impressionnant de personnages qui arrivent de plus en plus vite, prennent leurs marques, s’articulent les uns vis-à-vis des autres, il devient évident que tous les gérer est remarquablement habile, et que tous nous les présenter avec des explications en prime aurait été … lourd. Alors certes, les débuts de la lecture peuvent paraître laborieux et compliqués. Mais rien n’est laissé au hasard, et avec un peu de concentration et de volonté, le lecteur prend part à la lecture, endosse un rôle actif dans l’histoire, se bat pour suivre la narration et entrer dans le monde que les CLAMP ont ainsi créé. De plus, bien loin des shojos classiques, il est facile de s’identifier à un personnage. Il est rare de ressentir une réelle proximité avec les héros, mais la gigantesque palette de visages qu’offre ce manga permet de découvrir autant de personnalités, que ce soit chez les « gentils » ou les « méchants ». Les destins particuliers se croisent et se décroisent alors, et il est bien plus facile de trouver une figure à suivre, un personnage envers qui éprouver de la compassion, de la haine … Et voilà comment les sentiments naissent chez les lecteurs, et voilà comment les mangakas nous entraînent facilement dans un manga détonnant.
  
 
 
 
 
Enfin, notons que les influences de ce manga sont sans fin ou presque. Nous ne parlerons pas des nombreux thèmes abordés, il y en a trop et tout le long. Pourtant, certains se détachent, évidents et primordiaux : religion, cultures diverses et variées, destinée, avenir, magie, écologie et liens humains. Les liens entre les personnages ont déjà été abordés, ainsi que la notion de destinée. On se concentrera ici sur le reste. Et même si certains aspects de la lecture sont parfois redondants, ils ne sont jamais abordés exactement de la même manière, il y a toujours quelque chose de plus à chercher. De ce point de vue, X 1999 est un véritable parcours du combattant. Dans un premier temps, c’est le thème de la religion qui est abordé, mais là encore de manière peu réduite. Tout d’abord, et de manière plus qu’évidente : le christianisme. L’Apocalypse est celle décrite selon St Jean, avec les notions de purification totale, de destruction de la planète. De plus, letitre X fait penser à une croix inversée, ce que l’on voit beaucoup dans le manga, et les sept Anges sont les Anges de l’Apocalypse dont parle l’évangéliste. Il y est décrit des tremblements de Terre, significatifs de la colère de la planète et très crédibles au Japon, territoire sismique par excellence. Mais on lie beaucoup d’autres inspirations dans le manga. Le bouddhisme, par exemple, représenté par Sorata, le Shintoïsme avec Arashi ou même la Kabbale auprès de Satsuki. Autant de domaines religieux qui se croisent sans rougir. On y rajoute même un peu de mythologie chinoise, avec la légende de Nataku, un prince humain au grand cœur qui, une fois changé en dieu à sa mort, devint un impitoyable souverain qui représente l’équilibre. Ni bon ni mauvais, il se rapproche de la justice, souvent armée, et sa marque est le lotus. Le Nataku de X se rapproche de cette vision, il ne parait pas faire de différence entre le bien et le mal et c’est pour ça qu’il peut se montrer violent et sans pitié, de plus il a un lotus tatoué sur le front. Dans l’univers de la magie, on retrouve la magie du yin et du yang, utilisée par Subaru et Seishiro, déjà dans Tokyo Babylon, mais aussi et surtout l’utilisation des kekkai. Chacun d’eux a une forme différente et donc une signification particulière selon leur propriétaire. Pour Karen, une croix puisqu’elle est chrétienne et connait le fardeau de la torture puisque sa mère ne l’aura pas épargnée, elle signe donc son passé douloureux. Pour Arashi, une pyramide qui représente la puissance, la stabilité, l’intelligence aussi de toujours consolider la base avant de se risquer dans les hauteurs. Cela convient bien au caractère prudent de la jeune femme. Celui de Subaru, une étoile, qui représente l’étoile de Salomon, le roi qui conjurait les démons à l’aide de ce type de magie. Il existe bien d’autres significations, mais toutes ont été réfléchies et pensées par les mangakas, et c’est ça qui nous pousse à nous émerveiller devant tant de réflexion. Il en va de même pour l’utilisation des cartes de tarot, puisque chaque personnage de l’histoire est relié à une de ces cartes révélant son caractère ou son pouvoir.

Enfin, on peut parler d’écologie mais sans trop en faire puisqu’à la lecture il est simplement évident que les CLAMP nous alarment sur la situation de la Terre, dont les humains sont entièrement responsables par la pollution, les constructions abusives de bâtiments ne servant qu’à accroitre notre domination sur la Nature. Elles nous rappellent sans cesse qu’il faut vivre en harmonie avec ce cadeau, et ne surtout pas nous autodétruire avec. Une information qui est toujours au goût du jour …
 
 
 
  
 

Adaptations

 
 
En premier lieu, la série animée de X 1999. Elle a justement été produite entre 1999 et 2000, compte 24 épisodes en tout ainsi que 1 OAV qui fait office d’épisode 0. La série a été produite par Madhouse, diffsée sur Animax au Japon d’octobre 2001 à mars 2002. Elle est disponible en coffret de 5 DVD ou en un coffret prestige de 6 DVD. En France, c’est Declic Images qui s’occupe de la diffusion de la série en 2004 puis remise au goût du jour par Kazé début 2012, en une réédition plus prestigieuse pour refaire de la pub à la série.

Le film, ensuite. Produit avant la série en 1996, il est sorti aux débuts de la série ce qui le rend très incomplet et, il faut le dire, assez mauvais. Le studio Madhouse a prit un risque qui n’a pas payé, tout comme Kazé qui publie le film en 2005, sous une édition normale et une limitée.