Vamos lá !

Rien ne vaut l’amour

Dans toute la gamme de sentiments qui affluent dans le cœur de Kamasaki après sa rencontre avec Kume, l’amour tient évidemment une place prépondérante. Que ce soit en toute amitié ou un peu plus.
   
Au travers de Kume (toujours), Kama-chan se retrouve à fréquenter aussi des garçons, qui viennent prêter main-forte à l’équipe féminine pour leur entraînement de futsal. Elle qui se considère comme moche, grosse et nulle (et le pense sincèrement au fond d’elle), elle en vient peu à peu à éprouver malgré elle des sentiments qui lui étaient jusque là inconnus pour le sexe opposé. Naturellement d’abord attirée par Takase, le beau gosse un rien pervers (ce qui lui confère beaucoup de fraîcheur par rapport à la personnalité type de ce genre de personnages), elle finira tout doucement par prendre conscience que Okada, garçon un peu balourd mais très gentil, en pince un peu pour elle… Et qu’elle ressent un petit pincement au cœur pour lui aussi.
Néanmoins, le chemin pour en arriver là est laborieux d’un point de vue sentiment, que ce soit pour Okada, qui fait un complexe d’infériorité par rapport à Takase, ou Kamasaki, qui a encore du mal à comprendre ce qui lui arrive dans ce monde où tous ses repères ont été chamboulés. Certes en bien, mais un changement reste un changement, et une période d’adaptation demeure nécessaire et vital pour bien passer le cap et ne pas tout gâcher. Ce que la jalousie et la difficulté de comprendre ses émotions peut engendrer, comme nous pouvons le voir dans le volume 3, où Kama-chan s’effondre devant Kayo, une jeune fille qui semble beaucoup apprécier Okada elle aussi. Elle finit par prendre celle-ci à partie, lui fait peur et la menace, avant de se rendre compte de ce qu’elle faisait et de se voir rejeter dans les ténèbres pendant un instant par Kume, son soleil et sa lumière. Heureusement, tout finit par s’arranger, et la bonne humeur et la vitalité de la série reviennent vite à leur meilleur niveau.
Difficile pour les personnages, cette relation est touchante et réaliste du point de vue du lecteur et ne traîne pas en longueur. Aucun quiproquo réel de la part des deux tourtereaux, juste un peu de mal à se décoincer, à s’accepter tel qu’ils sont, et que les autres puissent les apprécier pour eux, sans s’obliger à changer du tout au tout. Néanmoins, il est vrai que ce n’est pas toujours évident de se dire que les autres puissent avoir envie d’être avec nous quand on a beaucoup de mal à s’accepter soi-même.



   
  
Mais l’amour, ça comprend aussi l’amitié. Et Vamos Lá !, c’est aussi et avant tout une très belle histoire d’amitié, une du genre qui change une vie et la marque durablement. Il y a des gens comme ça qui, on ne sait pas trop pourquoi, dégage une aura attirante et irrésistible, qui brise tout nos à-priori et nos doutes petit à petit, et nous entraînent dans leur sillage avec une sincérité qui nous dépasse, et de nous demander : pourquoi moi, je n’ai pourtant rien de spécial, si ? Et Kume fait indéniablement partie de ces gens, qui sont partout dans nos vies et que nous avons parfois la chance de connaître de manière durable. Grâce à elle, le monde de Kamasaki devient un peu plus clair et une lumière d’espoir transparaît un peu dans sa vie. Ce qui lui donne la force d’aller à la rencontre des autres, et de se faire de nouvelles amitiés, peut-être pour la vie. Il suffit de voir la transformation de la relation entre Yuriki et Kamasaki, qui de haine quasiment déclarée au début de l’histoire arrive dans une relation de respect et d’éclosion d’amitié à la fin, quand chacune reconnaît la vraie nature de l’autre. Et il en va de même pour la petite Emi, pour Urakabe, etc.
Trop souvent forcé au niveau des sentiments et des relations d’amitié dans beaucoup de manga du genre qui visent à émouvoir à tout prix, cette série de Osasa opte pour une approche particulière, sensible, réaliste, comparable à aucune autre. Rien n’est exagéré ou forcé dans les dialogues ou dans les expressions des personnages, rien n’est vu sous la houlette de la nostalgie ou sous un regard trop attendri, ou bien au contraire sous le regard de la cruauté, de la dure réalité ou de la comédie, ce qui donne un naturel de narration rarement vu en manga, c’est aussi simple que cela.

Au final, Vamos Lá ! est un titre sincèrement réaliste, touchant et bien traité sans tirer sur la corde du pathos et des grandes tirades qui cherchent à nous tirer une larme. Une délicieuse odeur d’authenticité se dégage de la série et nous prouvent que le manga n’est pas qu’esbrouffes et grands discours, et qu’il sait se révéler touchant en décrivant avec simplicité et vérité durant un moment de leur vie le quotidien de jeunes gens tout ce qu’il y de plus simple, de plus crédible et de plus humain. Et la conclusion illustre de manière parfaite cet état de fait. Vamos Lá ! possède un petit quelque chose qui le rend unique, tout simplement.