Vamos lá ! - Actualité manga
Dossier manga - Vamos lá !
Lecteurs
19.50/20

Rien ne vaut l’expérience


« Ne parle que de ce tu connais. » a dit le sage. C’est de bonne guerre, et un adage qui, s’il est respecté, permet de créer de grandes œuvres, ou en tout cas des œuvres fortes et pleines de sens. Le fait que beaucoup de personnages dans divers titres souhaitent devenir mangaka à un moment ou à un autre du récit n’est pas anodin. Dans le cas de Vamos Lá !, il est indéniable que la mangaka a puisé à de nombreuses reprises dans son expérience personnelle pour créer son histoire. 
Ainsi, malgré ses qualités, il ne s’agit pas d’un titre qui veut faire passer un message universel. Il ne nous incite pas à être meilleur, il ne nous pousse pas à réfléchir sur le sens de notre vie. Non, la série prend des voies détournées pour aborder son propos, et parvient à nous toucher pour une raison différente de ce que nous aurions imaginé au départ. Vamos lá !, c’est quelque part davantage du récit intimiste divertissant qu’autre chose.

La série nous invite à suivre Yû Kamasaki, une lycéenne au caractère pas facile, un peu violente, difficile à aborder et à comprendre. Plus qu’une fille asociale, il s’agit avant tout d’un être humain qui n’a jamais rencontré personne qui lui donnerait envie de sortir de son cocon. Le monde l’ennuie, et elle n’y voit que des hypocrites qui jouent la comédie et font semblant de bien s’entendre, afin de ne pas être seuls. C’est pourquoi une fois les cours terminés, elle rentre directement chez elle, et n’interagit avec personne de sa classe. Souffre-elle de cette situation ? Oui et non, elle devient de plus en plus insensible en fait. Son tempérament ne lui facilite pas la vie, et sa vision du monde est tronquée. Elle ne connaît rien de mieux et ne cherche pas plus loin que le bout de son nez. Sa peur de souffrir en se mêlant aux autres et son manque de confiance en elle ne joue clairement pas en sa faveur non plus. Bref, un cas pas facile à gérer pour des gens « normaux » qui ont déjà leurs propres angoisses à régler.
Malgré le caractère de l’héroïne et sa position sociale au sein de sa classe, la question de l’ijime et de la persécution scolaire n’est pas au centre du récit non plus, et n’est même pas considérée. Si Kamasaki fait certes un peu paria, elle n’est pas la proie de moqueries ou d’humiliations organisées. Il faut dire que la jeune fille cogne fort et vite, et que forcément, personne n’a envie de s’y frotter. Non, certaines personnes créent simplement autour d’elles-mêmes une barrière psychique quasiment infranchissable pour les personnes non résolues, et peu de gens ont réellement la volonté d’aller à la rencontre d’une telle personne dans le seul but de briser la glace.
 
 



Forcément, pour rendre une histoire intéressante, il faut un élément perturbateur. Il apparaît en la personne de Kume, une jeune fille de la même classe que Kamasaki qu’on peut décemment qualifier de « parfaite ». Super jolie, populaire, sociable, intelligente, adorable avec tout le monde sans la moindre arrière-pensée, sportive, ne se laisse néanmoins pas marcher sur les pieds… « She is too good to be true », comme disent nos voisins anglo-saxons. Néanmoins, elle reste parfaitement crédible en tant qu’être humain, et il faut bien une fille de son calibre pour venir perturber la routine de la jeune Yû, qui est restée trop longtemps enfermée dans son monde où il est jugé qu’elle ne mérite pas d’avoir une vie normale et épanouie.
Petit à petit, l’oiseau fait son nid. À force de patience, Kume, qui voudrait voir sourire toutes les personnes dans son entourage – ce qui inclut sa classe dans son entièreté – perturbe complètement la pauvre Kamasaki, qui ne sait plus trop où se situer. Elle qui a toujours considéré le monde extérieur comme hostile, ou au mieux ennuyeux, se voit d’un seul coup ouvrir de nouvelles perspectives, un nouveau regard sur le monde. Forcément, quand on s’est toujours rabaissé et considéré indigne de se faire des amis ou d’avoir un copain, difficile d’accepter qu’en réalité, il y a toujours quelqu’un qui viendra nous tendre la main à un moment ou à un autre. Encore faut-il accepter de tendre la sienne en retour.
Kume demande donc à Kamasaki si elle accepte de rejoindre son club de futsal, qu’elle a créé l’année dernière. Devant tant d’insistance et par des arguments bien féminins, la jeune fille cède et entreprend son premier pas dans le monde des humains. Cependant, pas facile de changer et de s’intégrer quand on a passé toute son temps à fuir le contact avec autrui. D’autant plus qu’être ami avec Kume oblige à interagir avec encore de nouvelles personnes. Le cercle de Kamasaki, devenue entre-temps Kama-chan, petite preuve d’affection et de progression vers une nouvelle vie, s’agrandit toujours plus. Et aucun changement n’est jamais aisé. Mais ceci n’est que le début de l’histoire, et la pauvre Kamasaki va encore en baver pour essayer de comprendre ce qui lui arrive et tenter de comprendre dans sa tête dans quelle aventure étrange la déesse Kume l’a embarquée.

De nouveaux sentiments affluent en masse dans le cœur de la jeune fille au fur et à mesure de son évolution dans le manga. Et comme toute chose en ce monde, ils sont balancés entre le positif et le négatif. Dans le positif, on trouve le sentiment d’idolâtrie pour Kume, qui l’a tirée de sa tour d’argent et lui a redonné peu à peu foi dans l’avenir et de la confiance ; la joie de pouvoir étendre son monde et découvrir de nouvelles sensations, comme simplement s’occuper d’une jeunette à s’intégrer au club de futsal ; ou la découverte du sentiment amoureux, sans lequel la vie serait bien vide, n’est-il pas ?
Dans le négatif, on trouve bien sûr la peur de se voir retirer tout d’un coup du jour au lendemain. Quelque chose qui semble encore si fragile et dont Kamasaki se dit qu’elle pourrait tout perdre sans prévenir. Car après tout, ces moments sont dû à la présence et à la bonne volonté des gens qui l’entourent, et il est impossible de savoir ce qu’ils ont réellement dans la tête (ce qui constitue toute l’angoisse de la vie en société). Qu’a-t-elle fait pour mériter d’être entourée de la sorte, à part être là ? Pour quelqu’un comme Kama-chan, à qui tout est arrivé si vite et sans prévenir, pas facile de gérer ce flux de questions et de doutes. Le moment le plus marquant apparaît dans le tome 2, où elle se voit reprocher par son équipe de futsal d’être un boulet pour l’équipe. La réaction dans la tête de la jeune fille est immédiate, physique même. Et pour ceux qui ont connu les mêmes angoisses et les mêmes peurs en certaines occasions, l’empathie pour ce nouveau né qui redécouvre toute sa gamme de sentiments peu à peu a rarement été aussi forte. C’est peut-être à ce moment précis qu’on se rend compte à quel point le manga possède une force authentique et une sincérité dans le propos qui ne peut être que le fruit de l’expérience de l’auteure. 

Que peut-on dire d’autre sur Vamos Lá !, sans décortiquer impitoyablement chaque moment de la série dans son entièreté ? La grande force de cette série, c’est qu’elle ne nous impose rien comme vision de la vie. Abordée d’un point de vue mature et paisible, sans regard trop nostalgique et sans haine aucune, elle nous permet de nous poser en spectateur neutre, ne nous oblige pas à ressentir une quelconque empathie pour la pauvre Kama-chan. Cette empathie, elle vient naturellement, sans forcer, uniquement grâce à la joie de vivre, la bonne humeur, la vitalité et le réalisme des relations entre les personnages. À tel point que ça en devient magique, et on a aucune peine à croire que quelque part dans le monde, il y a des gens qui vivent ce genre de situations et y trouvent ce genre de résolutions et de bonheur.
Vamos lá ! est simplement d’une sincérité absolue et totalement crédible dans son déroulement. La psychologie des personnages est très travaillée et tout ce qu’il y a de plus réaliste, et chacun/chacune possède une aura qui illumine le manga. Certains diront qu’il est un peu trop optimiste dans la description des sentiments. Certes, mais cela ne le rend pas improbable, que du contraire. On aimerait simplement dans notre vie de tous les jours, je pense, voir le monde tel que nous le voyons lors de la lecture de cette série, c’est-à-dire difficile et plein d’angoisses mais en même temps remplis de moments si joyeux et d’expériences positives entourés d’amis qui nous ont accepté pour ce qu’on est.



VAMOS LÀ ! © OSADA Yoshimi / Media Factory, Inc.

Commentaires

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manga666

De manga666 [1710 Pts], le 25 Mars 2012 à 12h22

20/20

un super dossier qui ma donné qu' une envie commencer cette série

Hiroto

De Hiroto [591 Pts], le 08 Mars 2012 à 21h26

20/20

HA ! Bien heureuse de trouver un dossier sur cette série ! Et je suis d'accord en tous points avec toi Sorrow : l'auteur a fait part d'une grande générosité dans cette série, ça sent vraiment le vécu, et ça suffit amplement à redonner confiance en "les autres" aux personnes un peu associales... J'avoue que cette série m'a particulièrement touché, peut-être parce qu'il est très facile pour moi de m'identifier à ces personages (même âge).

Merci pour ce dossier. M'en vais relire mes 3tomes tiens.

Luciole21

De Luciole21 [2209 Pts], le 22 Février 2012 à 15h48

Un dossier complet et interessant pour une superbe série ^^

akirachan

De akirachan [1573 Pts], le 18 Février 2012 à 19h34

Dossier complet sur une excellente surprise de 2011. On voudrait plus de perles comme celle-là !

wib

De wib [232 Pts], le 17 Février 2012 à 12h54

Tout comme Atsu, Un Gros dossier mais très interessant.

ça fait plaisir, je ne sais pas si elle a beaucoup marché, mais ça a été un véritable vent de fraicheur

Atsu

De Atsu [3120 Pts], le 17 Février 2012 à 12h18

18/20

Dossier très interessant :)

Cette série est tout simplement géniale ! Un vrai coup de coeur pour elle ♥

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