Un pont entre les étoiles - Actualité manga
Dossier manga - Un pont entre les étoiles

Entre amitié et découverte d'une autre culture, un superbe message d'ouverture et de tolérance


Haru et Xing : naissance d'un lien fort


Dès les premières pages d'Un pont entre les étoiles, la petite Haru est une enfant à laquelle il paraît difficile de ne pas s'attacher, avec sa façon de parler avec entrain, la colère de son père et sa moue. Et c'est encore plus le cas dans les pages suivantes du premier volume où, à travers ses pensées ou ses pleurs, on cerne facilement sa peur face à une nouvelle vie dans un pays qui lui est totalement inconnu et où nombre de petites habitudes sont différentes, ne serait-ce que l'absence de tatamis et l'impossibilité (normalement) de marcher pieds nus dans la maison. Ainsi, la fillette est confrontée d'emblée à ce type de petites différences au niveau des moeurs, chaque culture ayant ses propres habitudes qu'il faut tâcher de comprendre et de respecter, même si pour une petite fille ce n'est forcément pas toujours évident à appréhender, à bien comprendre.

La rencontre avec le petit garçon chinois, dont on apprendra le nom plus tard, risque alors d'être vite salvatrice pour elle, de par la curiosité que celui-ci provoque en Haru, et la gentillesse qu'il lui montre.





Entre découverte des dessins passionnés du jeune Xing qui semble aimer sa ville, la découverte de Shanghai qu'il va lui offrir, ou l'apprentissage de la langue et d'autres petites choses, Haru va pouvoir s'ouvrir à lui et s'y attacher, et l'inverse est également vrai. Forcément, certains éléments pourront paraître un peu rapides, surtout la façon dont Haru apprend très vite pas mal de bases de la langue chinoise, mais cela résulte surtout d'un désir de ne pas trop traîner inutilement en longueur, et surtout il en résulte de très belles choses autour de l'importance de s'ouvrir aux autres cultures sans préjugés et pour se forger soi-même. Et quelle plus belle période que l'enfance pour ça ?

Ainsi, alors qu'elle est au début esseulée dans une ville de Shanghai qu'elle ne connait pas et qui l'effraie, la petite fille japonaise de bonne famille se lie tout naturellement d'amitié avec l'enfant des rues chinois Xing, avec qui fait même la promesse de devenir des xiondhi, des « frères » dont le lien dépasse le cadre familial. A ses côtés, la fillette se plaît à s'évader de la demeure familiale où elle étouffe parfois sous le joug de son père autoritaire et brutal, et elle aime toujours plus, auprès du petit garçon, s'amuser, découvrir la ville chinoise, et rencontrer une autre culture jusque-là inconnue.

Ainsi, ils ont beau être différents autant côté culture que côté nationalité, les deux enfants vont pouvoir apprendre beaucoup l'un de l'autre, s'attacher mutuellement le plus simplement du monde, car ils s'acceptent sans a priori.


Le cas d'Ama...


Mais Xing n'est pas, pour Haru, la seule rencontre bénéfique faite avec une personne chinoise, loin de là. Et l'une des autres belles relations s'installant pour notre héroïne est celle avec Ama, une imposante femme chinoise mutique qui est embauchée par le père de la jeune fille en tant que gouvernante pour s'occuper des tâches domestiques... et visiblement aussi pour la surveiller.

Ama est accompagnée de sa petite assistante, Xinlin. Aucune des deux ne parle, et si Xinlin fait souvent surtout office de petite assistante dynamique parfois un peu rigolote mais sans réel approfondissement, le cas d'Ama est bien plus intéressant.

Avec son mutisme, sa corpulence impressionnante et sa mine a priori patibulaire, cette gouvernante ne manque pas de faire peur à Haru dans un premier temps, d'autant plus que la fillette pense qu'elle est là avant tout pour la surveiller.





Mais assez vite, Ama révélera tout autre chose, et il y a des choses intéressantes à en retenir pour Haru: d'un côté l'importance de ne pas se fier aux apparences car la timide gouvernante se fera en réalité très attachante dans son genre et très bienveillante, et d'un autre côté la découverte d'une autre facette de la Chine, pays si vaste et si riche que ses habitants, surtout ceux issus des coins les plus reculés, peuvent parfois ne pas se comprendre entre eux alors qu'ils viennent du même pays.

Une constatation sur laquelle la mangaka Kyukkyupon ne pose aucun regard négatif: elle y témoigne surtout de la grandeur et du côté hétéroclite du pays.

Et puis, malgré des langues différentes, il y a bien d'autres façons de communiquer et de montrer ses sentiments, son inquiétude ou sa bienveillance !


… et celui du Docteur


L'autre lien important qui se construit pour Haru est, enfin à chercher du côté d'un personnage qui deviendra une figure-clé du récit.

Lors d'une sortie scolaire et d'une "chasse au démon", Haru croise la route d'un homme étrange, particulièrement agressif au départ et haineux envers les Japonais, mais qu'elle va apprendre à découvrir car, elle en est persuadée, il n'est pas mauvais. Ce passage, la mangaka va à nouveau en faire de très jolies choses, en confrontant la fillette à une autre triste réalité: la haine engendre la haine, souvent aveuglément. Le Docteur chinois a évidemment des raisons profondes de haïr les Japonais, Haru prend conscience du mal que son peuple fait sur ces terres, et elle cerne également toute l'humanité de cet homme chinois à la fois meurtri et bienveillant envers les siens... et pas forcément uniquement envers les siens, puisque, comme il le dit lui-même, il y a des situations où il n'y a pas d'ennemis, seulement des humains.





Mieux encore, avec son innocence tout enfantine, notre jeune héroïne renvoie dos à dos la rixe qui menaçait d'éclater entre les gamins japonais et le Docteur... ce dernier n'étant autre que le père de Xing ! La petite fille est aux anges, car elle peut alors enfin revoir son cher ami... Mais que pensera donc le Docteur de cela, lui qui, par le passé, a été si meurtri par les horreurs commises par les Japonais qu'il en est arrivé à leur vouer une haine presque aveugle ? Un début de réponse pourrait arriver par l'intermédiaire d'une certaine personne: la mère de Haru, qui découvre la relation existant entre sa fille et le petit garçon chinois. Et dès lors, le Docteur ne fera que montrer toujours mieux ce qu'il peut avoir de bénéfique derrière ses premières allures brutales et bourrues.
   
  


© by KYUKKYUPON / Shôgakukan

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