The Arms Peddler

Graphismes et édition

 
 
Longtemps restée une idée dans le coin de la tête de Kyôichi Nanatsuki, The Arms Peddler ne pouvait prendre vie sans le trait atypique de Park Joong-Gi, alias Night Owl. Avec cette histoire se déroulant dans un monde assez austère, on lui retrouve une patte graphique déjà appréciée dans Dangoo. Mais avec les années, son style s'est affirmé, et si ses premières planches étaient encore brouillonnes, il fait preuve dans cette nouvelle œuvre d'une redoutable précision. Certes, les scènes sont parfois si foisonnantes que l'on peut se perdre dans les détails et dans la narration. Mais ce style très riche montre que ce monde fourmille d'éléments cachés, derrière son apparente inhospitalité.
   
D'ailleurs, les visages des différents protagonistes semblent burinés par les épreuves de la vie, et Garami elle même semble cacher plus d'une blessure sous son chapeau et ses yeux clairs cernés de noir. Et même le jeune Sona a déjà le visage cicatrisé, la seule épargnée restant Airi, protégée par son monde de princesse. Ainsi, les archétypes sont immédiatement identifiables par le dessin lui-même, apportant un sentiment de proximité avec ces personnages. On appréciera également la variété des environnements et du bestiaire, magnifiquement retranscrits, avec quelques envolées pour les monstres les plus exubérants.
 
 
Du côté de l'édition, Ki-oon nous délivre comme d'habitude un travail exemplaire et exempt de défauts. L'adaptation est particulièrement réussie, avec divers niveaux de langages et une police différente pour les créatures fantastiques. Alors que la série a trouvé son public en France, l'éditeur soigne aussi ses lecteurs malgré son absence de deux ans : ainsi le talent de Night Owl fut mis à contribution dans l'opération shikishi des dix ans de l'éditeur en 2014, et l'on retrouve un nouveau trailer à l'occasion de la sortie du septième tome tant attendue. Là où d'autres éditeurs ont vite fait d'oublier leurs séries entamées, Ki-oon assure le service après-vente, ce qui n'est pas pour nous déplaire !
 
 
   
   

Conclusion

 
Il est finalement assez difficile de décrire ce qui fait la force de The Arms Peddler. Chaque élément, pris indépendamment et sorti de son contexte, ne révèle d'aucun sens de l'inédit. Les personnages, les décors comme les intrigues font office d'archétypes du genre, et sont immédiatement saisissables par le lecteur. Mais c'est finalement tout le talent d'alchimiste de Kyôichi Nanatsuki qui fait le reste : l'auteur a pris le meilleur de chaque ingrédient pour les combiner dans ce savoureux mélange, auquel l'on aurait peut-être jamais goûté si on n'avait fait que lire la recette. En mélangeant un contexte de dark fantasy et un terreau de post-apocalypse, le scénariste met en avant la cyclicité du monde, des erreurs de l'Homme, et des histoires qui s'y renouvellent sans fin.
 
Pour autant, simplicité ne rime pas avec facilité, et ces stéréotypes que l'on croit si bien connaître ont finalement beaucoup plus de choses à nous offrir. Le monde se dessine peu à peu, et ce n'est pas à quelqu'un d'autre de le cartographier pour vous. Dévoiler les atouts de cette œuvre, ce serait comme la soluce d'un rpg : vous sauriez tout, mais perdriez le goût de la découverte. Il n'y a donc qu'une manière de véritablement savourer cette aventure, c'est de la vivre. Alors vous aussi, montez dans le chariot de Garami, quitte à mettre une partie de votre esprit en gage. Croyez-moi, vous ne regretterez pas le voyage.
 
 
Mise en ligne le 18/09/2015.
 
 

Dossier réalisé par Tianjun