Syndrome 1866 - Actualité manga
Dossier manga - Syndrome 1866
Lecteurs
17.50/20

Graphismes et édition

 
Sans être rédhibitoire, le dessin de Naoyuki Ochiai sur Syndrôme 1866 constitue l'un de ses principaux points faibles. Il se veut parfois maladroit, notamment en tout début d'aventure et sur les passages moins détaillés. Cela risque de couper une partie du lectorat potentiel de la série, rebuté par ce graphisme assez atypique et faussement amateur. Ce que le mangaka perd dans l'expressivité de ses dessins, il tente de le rattraper par un jeu d'ombres et de lumières très profond, soulignant les différents émois de ses protagonistes. Il en ressort parfois un certain malaise, avec des visages torturés et complexes. Très grossier au départ, le trait d'Ochiai s'affine peu à peu sans atteindre pour autant des sommets, mais reste très lisible tout au long de l'aventure. Si les décors urbains manquent quelque peu de variété, l'action se poursuit de manière correcte avec une narration classique, mais efficace. Au final, c'est un certain sentiment d'oppression qui ressort du dessin, avec une focale très centrée sur les visages, pour mieux pénétrer dans l'âme des personnages. Ce parti pris ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais il serait bien dommage de passer à côté de l'œuvre sous ce simple prétexte, d'autant que l'on s'accoutume rapidement aux imperfections du trait de l'auteur.
   
Akata/Delcourt nous offre une qualité d'édition respectable, dans les standards proposée par les titres de son label Gingko. Les jaquettes sont parées d'un vernis brillant ornant le titre et le regard des différents protagonistes, tandis que les illustrations se veulent plus contrastées que dans l'édition originale. Le papier est de qualité, et l'encrage très correct malgré quelques pages un peu trop sombres, par endroits. La traduction est de son côté très efficace malgré quelques coquilles et des tournures de phrases assez peu compréhensibles, cependant, on se doute de la difficulté d'adaptation de l'œuvre, emplie de long monologues philosophiques. Enfin, notons l'adaptation totale des onomatopées, même si elle se fait parfois un peu envahissante : qui n'aura pas été gêné par le chant permanent des cigales ?
 
 

  
   

La série live


En mai 2011, soit quelques mois après la fin de la série, le magazine Manga Action révéla que Syndrome 1866 allait connaitre une adaptation cinématographique. Cependant, la nature exacte du projet (animation ou live) n'était pas encore dévoilée.
Finalement, ce ne fut pas un film mais une série live qui fut annoncée en février 2012. Diffusé sur la chaîne Wowow du 29 avril au 3 juin 2012, ce drama compte six épisodes qui suivent la trame du manga. Miroku y est incarné par Kengo Kora, acteur ayant notamment interprété le premier rôle masculin du film Solanin.
  
 
  
 
  

Conclusion

 
Présenté comme une oeuvre choc, Syndrome 1866 avait tout du titre inattendu, réalisé par un auteur encore inconnu en France et dont la seule valeur première était de se reposer sur un monument de la Littérature. Les projets d'adaptations sont souvent à double tranchant, entre la qualité du contenu d'origine et la difficulté de ne pas dénaturer son esprit. En assumant une version "falsifiée" de Crime et Châtiment, Naoyuki Ochiai a eu l'excellente idée de transposer le récit à notre époque, pour mettre en avant l'intemporalité des idées de Dostoïevski, et pousser son lectorat à s'intéresser de près aux œuvres de l'auteur. Il en ressort un résultat surprenant, porté par des personnages fascinant, sachant tirer le parti entre figures romanesques et véritables portraits sincères et réalistes. Sans se prétendre moralisateur, le mangaka dénonce bon nombre de dérives de la société, accablée par une pression professionnelle et sociale de plus en plus forte, avec une jeunesse en pleine perte de repères. Contrairement à d'autres seinen n'hésitant pas à afficher des scènes indigestes avec un voyeurisme complaisant, cette série sait toujours trouver les images justes pour toucher son lecteur, le pousser à réfléchir sur ce qu'il vient de découvrir, sans jamais aller au-delà de la représentation nécessaire et suffisante. Son scénario aura vite fait de nous happer et de nous faire ressentir une grande empathie pour ces héros désabusés, ce qui rendra plus digeste les nombreux développements philosophiques.

En seulement dix tomes, Naoyuki Ochiai dresse avec brio le portrait d'un assassin, de la naissance de ses pulsions destructrices jusqu'à sa longue reconstruction vers le repentir. Dans la modernité narrative du manga, les thèses de Dostoïevski prennent une force nouvelle, nous laissant à réfléchir sur les conséquences de nos actes... Alors, à votre tour, ne vous laissez pas décourager par le graphisme peu avenant au premier abord, et plongez à pieds joints dans la psyché d'un assassin !
 
 

 
 
Dossier mis en ligne le 06/04/2012.
Mise à jour le 03/10/2013.
 
 
Références:
http://fr.wikipedia.org/
http://www.mangaupdates.com/
http://zenmaidrive.blog53.fc2.com/ (blog de l'auteur)
http://www.wowow.co.jp/dramaw/tsumitobatsu/ (page web du drama)
 
 
Fiche de la série: Syndrome 1866
Fiche de la série VO: Tsumi to Batsu vo
Fiche de l'auteur: Naoyuki Ochiai
 
 

Dossier réalisé par Tianjun


TSUMI TO BATSU © 2007 byNaoyuki Ochiai / FUTABASHA PUBLISHERS LTD., Tokyo

Commentaires

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melliw

De melliw [826 Pts], le 27 Avril 2012 à 14h48

17/20

très bon dossier qui m'a convaicu. l'oeuvre me faisait de l'oeil depuis un moment,je vais m'y mettre!

dkrevenge

De dkrevenge [2696 Pts], le 12 Avril 2012 à 10h59

18/20

très bon dossier, pour une série très interessante (pas évident à lire)

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