Silver Diamond

Graphismes et édition

 
Les dessins sont pourtant agréables, si l’on n’est pas trop pointilleux sur la finesse des traits de tous ces beaux jeunes hommes. Les visages sont assez expressifs, ce qui rattrape les personnalités sans saveur, et les vagues allusions entre les protagonistes ne seront pas pour déplaire à certains lecteurs, au vu de l’aspect très « bishonens de yaoi » qu’ils adoptent, et la communication autour du titre, montré comme étant presque un shonen-ai. De plus, si les arrières plans sont un peu trop rares ou remplacés par des plages de dégradés, ceux qui existent sont esthétiques, et collent parfaitement à l’ambiance très froide et articulée du monde désertique, et l’on voit sans doute possible que l’auteur sait représenter de très belles illustrations de plantes, quand elle ne part pas dans le n’importe quoi de la louve-licorne ou des oiseaux-squelettes qui tentent de se faire passer pour des gentils alors qu’ils font peur. On regrettera alors un décor insuffisamment vivant, détaillé : pour quelqu’un qui nous décrit un monde inconnu, qui aurait dû être un des points forts de la série, l’auteure prend peu de peine à remplir ses pages d’autre chose que de trames grisâtres. C’est un peu dommage. On notera malheureusement une certaine pauvreté dans les traits, avec des personnages qui se ressemblent tous, des détails peu voire jamais exprimés et des regards parfois vides. Bref, il manque un peu de souplesse au style de la mangaka, qui ne convient parfaitement que pour le monde fantastique qu’elle a créé, avec son aspect marionnette et automatisé, presque cassant.

La couverture et ses couleurs avaient pourtant le mérite d’attirer l’œil, ainsi que le prix réduit. Mais le petit format du livre n’est pas très agréable, même s’il présente l'avantage de coûter moins cher, et les pages de pubs ne sont pas vraiment limitées, ce qui ne laisse que très peu de place à la véritable lecture. Qui plus est, la traduction laisse de grosses erreurs, notamment en conjugaison : « Il faut que vous sortez », « Reprenez tes esprits » (premier tome), et un peu plus de contrastes n’auraient pas été de refus. Par la suite, de nombreuses coquilles de textes demeurent : des « tu » et des « vous » mélangés, le langage de Rakan supposé être poli tombe parfois dans le très familier ... Les tournures guindées se mélangent sans distinction à un lexique beaucoup plus relâché, ce que n'arrangent pas les sorties grandiloquentes des personnages. Ces tirades explicatives censées démontrer leur inquiétude sonnent de manière ridicule. On ne relève cependant plus, dans les derniers tomes, de grosses fautes mais les « … » à chaque phrase commencent à devenir lancinants, tout comme l’importante épaisseur de la partie « pub » qui elle demeure, non négligeable sur un titre aussi fin à la base. La luxuriance des textes n’est pas pour faciliter la lecture, surtout au début du titre, ce qui a la fâcheuse conséquence d’ennuyer légèrement le lecteur simplement curieux, qui n’attendait qu’à être convaincu. Le découpage parfois anarchique n’aide pas non plus à la compréhension, pas plus que l’histoire … Bref, niveau édition Asuka / Kaze n’a pas fait le meilleur travail possible, loin de là. Dommage quand on sait qu’ils font bien mieux !
 
 
  
   
  

Conclusion

 
Silver Diamond est un shojo atypique, qui se base sur une importante trame fantastique mais devant lequel il ne faudra pas se laisser prendre au piège. En effet, le maître mot du titre est patience, ainsi que longueur de temps. L’auteur passe par tous les stades avant d’avancer d’un pas, en profitant pour reculer de deux. On pourra néanmoins apprécier cette ambiance toute particulière, comme si l’histoire était plongée dans du coton et qu’il faudrait avancer malgré tout. Enfin, le thème de la nature avec son petit message écologique plaira à plus d’un, du moins l’espère-t-on. Pour finir, notons que cette série n’est pas exempte de défaut mais qu’elle a encore bien du temps pour avancer, d’autant que les derniers tomes parus en France laissent sans doute présager des choses plus intéressantes qu’à un certain moment ...
 
 

Dossier réalisé par NiDNiM