Shaman King - La nouvelle adaptation animée

L'expérience d'une déception

A l'heure où la diffusion de ce Shaman King nouveau est achevée, on peut se pencher que les diverses réactions suscitée par cette seconde adaptation ci et là. Le plus souvent, il en ressort un goût mitigé, un certain nombre de spectateurs ayant été déçus par la proposition de l'anime produit par le studio Bridge. Là où ces réactions sont intéressantes, c'est qu'elles ne sont pas dues aux mêmes éléments. Shaman King « 2021 » fait à la fois face à ses propres lacunes en tant qu’œuvre, à ses limites en tant qu'adaptation, et à son âge, à savoir le fait d'exister vingt ans après la première déclinaison du manga de Hiroyuki Takei.

Nous sommes déjà revenus sur l'aspect condensé de l'intrigue dans la partie précédente, sous sa forme d'enjeux et comment le réalisateur et le scénariste ont perçu et honoré ce défi. Mais il est important de se focaliser aussi sur la réception du spectateur, aussi ce caractère très compilé du scénario n'a pas été du goût de tous. Car si Shaman King semble être un manga de son époque, qui a marqué au début des années 2000 et qui peine aujourd'hui à retrouver une telle place dans le cœur des lecteurs francophones d'aujourd'hui, il a laissé une petite emprunte, si bien que certains éléments de ses débuts restent encore en tête. Ainsi, condenser certains éléments des premiers chapitres, comme la rencontre avec Mosuke ou celle avec Jun Tao, n'a pas séduit, quand bien même cela permet au récent anime de vite passer sur l'étape d'introduction pour atteindre le cœur de son format. Pourtant, avec une certaine distance, on peut féliciter Shoji Yonemura d'avoir du compiler une telle intrigue tout en la rendant compréhensible pour un nouveau spectateur qui relèvera très certainement le rythme, sans toutefois être perdu. Sachant que le format n'est pas un choix du réalisateur ni du scénariste, mais bien un impératif du comité de production, le challenge est relevé avec une certaine réussite, quand bien même le résultat ne fait pas l'unanimité.

En second lieu, c'est sans nuls doutes l'absence d'envergure des affrontements qui a constitué un autre point déroutant. Sur les 52 épisodes, quasiment aucune chorégraphie marquante ni démonstration fulgurante de réalisation ou d'animation. Les affrontements sont surtout réduits à un amas de plans fixes qui doivent leurs spectaculaire à quelques effets visuels et aux onomatopées flagrantes, ce qui rend complexe le rendu des rapports de forces, et des échelles de puissance. Quand bien même cet aspect ne soit pas une priorité pour Takei dans le manga d'origine, sa patte, stylisée et dynamique, parvenait à donner un souffle aux combats. Alors, il faut se contenter de la beauté esthétique tant Satohiko Sano a fait un excellent travail pour rendre à l'écran le trait anguleux et ravissant du mangaka. A défaut d'être dynamique, la nouvelle adaptation animée de Shaman King est visuellement propre et élégante, résultat aussi dû à la direction artistique et celle des couleurs, toujours aux petits oignons.

Enfin, le rapport à la nostalgie a contraint la série à s'opposer à celle de 2001. Dans le cœur de nombreux spectateurs francophones, la version du studio Xebec a laissé une trace, que ce soit par son générique français ou son ambiance. Pourtant, cette première adaptation n'était pas parfaite, tant elle jouait rapidement avec des fillers peu inspirés et s'éloignait du manga à de nombreux moments, ce qui lui donnait aussi une identité.

En respectant le manga de Takei à la lettre, le nouvel anime prend le risque de décevoir et de dérouter. Car la série s'éloigne du schéma nekketsu conventionnel, très présent dans la première série animée. L'auteur est un artiste qui garnit son œuvre de messages tout en construisant subtilement son fil rouge vis à vis de ces thématiques. En respectant cette conception, le nouvel anime opte pour un parti-pris différent de la précédente mouture, respectant ainsi une vision d'auteur.

Pourtant, le récent anime n'a pas pour volonté de tourner le dos à celui de 2001. Les connexions sont récurrentes, et la première série reste importante autant pour le mangaka que pour les artistes derrière la version 2021. Le passé n'est jamais renié, ce que nous allons décortiquer dans la dernier grande partie de cet écrit.