Seraph of the End - Partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Seraph of the End - Partie 1

Un récit trop naïf...?


« Ne pas juger un livre à sa couverture » semble être une belle expression pour qualifier Seraph of the End. Ou plutôt, le plus juste serait de ne pas se fier à ses premiers volumes, empreints de naïveté, car Takaya Kagami met un petit temps à lancer l'intrigue qu'il souhaite réellement narrer.


Histoire post-apocalyptique couplée à un univers où règnent entités mystiques et vampires, Seraph of the End a une amorce particulièrement classique. Le premier chapitre plante l'élément traumatisant pour le protagoniste, Yûichirô Hyakuya, avant de conter comme il se doit son intégration de la Brigade Gekki, faction de l'Armée démoniaque impériale du Japon qui vise à l'anéantissement total des vampires. Pour Yû, revanchard, voilà l'opportunité rêvée pour imposer sa vengeance. Mais pour ça, il devra pactiser avec un démon en vue de gagner quelques pouvoirs occultes, mais surtout sympathiser avec ses camarades d'escadron qui deviendront une véritable nouvelle famille pour lui.


Le simple synopsis de la série mélange plusieurs ficelles classiques du manga d'aventure surnaturel pour un lectorat adolescent. Il faut dire que le Jump SQ, le magazine où est prépubliée l'œuvre, agit comme un grand frère du Shônen Jump. Le mensuel a accueilli en ses pages Blue Exorcist, Black Torch, Rosario+Vampire, Twin Star Exorcists ou, plus récemment, D.Gray-Man. Tant de titres qui condensent des codes qui ont fait leur effet, en s'adressant peut-être à un lectorat un poil plus âgé que celui du Jump hebdomadaire, mais qui se veut dans sa continuité. La place de Seraph of the End dans ses pages est donc toute légitime, aussi il est difficile d'être dépaysé par le menu servi par les premiers volumes. Pour beaucoup, cette zone de confiance est peut-être même un peu trop vaste, tant l'écriture du scénariste croque la trame et les personnages sans réelle nuance... dans un premier temps.


Le discours sur la famille de Yû, pour ne cibler que cet élément, résonnera plusieurs fois par tome pour bien rappeler l'essence des belles valeurs de fraternité, et ce même lors d'une situation désespérée. Ce propos survient après une évolution très rapide du protagoniste, passant du héros tête brûlée et antipathique au véritable bon copain qui sympathisera avec n'importe quel individu, et choisira de croire dur comme fer le plus grand des traîtres à condition que celui-ci fasse partie de son cercle intime. La série, surtout sur ses débuts, peine à équilibrer ces ingrédients classiques, au point de souvent trop en faire et, malheureusement, nous sortir du récit. L'ensemble se lit sans déplaisir, mais l'absence de subtilité se fait ressentir, et ce malgré des tentatives de rendre denses et ambigus plusieurs personnages. Alors, Seraph of the End est-il un titre à rapidement laisser sur la touche ? Pas vraiment. Il faut du temps pour que Takaya Kagami mette en action les rouages de son scénario, les petits indices distillés ci et là dans les premiers opus n'étant pas évidents à repérer lors d'une première lecture. C'est après que le manga gagne en force et nous passionne davantage...



OWARI NO SERPAH © 2012 by Takaya Kagami, Yamato Yamamoto, Daisuke Furuya / SHUEISHA Inc.


L'après Nagoya


S'il n'est pas forcément évident de clairement découper la trame de Seraph of the End en segments narratifs distincts, une segmentation des premiers volumes semble assez claire. Du tome 1 à 4 (chapitres 1 à 14), on assiste à l'évident arc de l'entraînement, impliquant la naissance de l'escouade Shinoa et une première mission à Shinjuku. Toute cette partie, le premier arc, forme la première saison de l'adaptation animée. Dans un second temps vient l'arc de la bataille de Nagoya, débutant au tome 4 pour s'achever au tome 11 (chapitres 15 à 41), constituant la trame de la seconde saison de l'anime. Un deuxième arc plus riche et dense, laissant place à de plus grands mystères du scénario, mais qui gardait la naïveté que nous relevions dans le paragraphe précédent. Si de forts enjeux émergent, le mot d'ordre reste la protection de la famille, en faisant fi de l'ordre hiérarchique et du sens logique. Takaya Kagami met cette thématique au centre de l'œuvre, à tel point que les choix des protagonistes dépendent d'elle, amenant quelques facilités narratives. Pour ces raisons, même si la bataille de Nagoya est un moment plus intense, Seraph of the End peine à briser ses chaînes. Et pourtant, c'est juste après que tout semble vraiment décoller.


Nous n'irons pas plus loin dans cette revue des premiers événements forts, afin de nous laisser le loisir de développer l'après-Nagoya dans de futurs écrits. Car le lecteur, une fois arrivé au onzième opus, voit le sort du groupe de Shinoa coïncider avec une certaine libération : L'auteur sort de sa zone de confort pour explorer davantage ses personnages, son univers et sa mythologie, si bien que chacun des opus suivants délivrera une quantité impressionnante de révélations et d'informations capitales. Les deux premiers arcs forment une base simple qui permet aux mangaka de prendre leurs marques, ce qui peut se comprendre du côté du scénariste qui était, jusqu'ici, habitué au format light novel. Et parce que Seraph of the End touche le cœur de son intrigue après l'incident de Nagoya, on comprend que l'adaptation animée fait finalement un bien piètre produit promotionnel. Ravissante et superbement produite, certes, mais qui ne permet pas d'avoir un véritable aperçu de la série. Au contraire, l'anime ne montre que l'amorce douce de l'œuvre et ses segments les plus faibles.



OWARI NO SERPAH © 2012 by Takaya Kagami, Yamato Yamamoto, Daisuke Furuya / SHUEISHA Inc.


OWARI NO SERPAH © 2012 by Takaya Kagami, Yamato Yamamoto, Daisuke Furuya / SHUEISHA Inc. / Kodansha Ltd.

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