Sayuri - Actualité manga
Dossier manga - Sayuri

La patte Oshikiri, tantôt humaine, tantôt effrayante


Celles et ceux qui connaissaient le mangaka Rensuke Oshikiri savent que l'artiste à une patte bien à lui, dont une des capacités est de pouvoir s'adapter à toutes sortes d'histoires. Sur des mangas légers comme Bip-Bip Boy et Hi Score Girl, elle sert très bien le comique et l'absurde. Mais sur Le Perce Neige ou dans le cas présent, sur Sayuri, elle est une arme efficace pour créer de la stupeur et de l'effroi, via des intentions psychologiquement frappantes.

Oshikiri présente ici un certain talent pour mettre en dessin le monstrueux, par des imageries qui font tilte à certains moments précis, et très souvent en deuxième moitié de récit. Car la menace de Sayuri plane de manière quasi invisible dans les premiers chapitres, avant d'être montrée visuellement dans la seconde. Et celle-ci est à la hauteur du danger que le fantôme incarne : Terrifiant et grotesque, ne laissant personne indifférent. C'est purement un monstre que dépeint le mangaka visuellement, ce qui en fait une créature marquante et marquée comme les icônes de la fiction horrifique peuvent l'être.


Et à côté de ça, il y a sa patte humaine. Car si Sayuri est un titre récit, c'est pour son horreur d'une part, mais aussi parce que des personnages y réagissent de manière très humaine. Que ce soit la terreur de Norio, les mines bouleversées d'une Nao comprenant ce qui se trame dans la demeure, ou encore les mines presque terrifiantes d'une grande-mère énervée contre l'esprit frappeur, le mangaka créer une vraie vie chez ses protagonistes. Son dessin seul parvient à appuyer la psychologie de chaque individus, chose qu'il fait d'ailleurs sans chacune de ses séries. Mais dans Sayuri, cette intention semble encore plus vive, peut-être à cause de l'atmosphère si particulière de l'oeuvre, et le fait qu'elle mise énormément sur les réactions de ses personnages.


Le rapport entre cinéma et narration

Il ne fait nuls doutes que Rensuke Oshikiri a été influencé par le cinéma d'horreur pour dessiner Sayuri, chose que nous avons vu plus tôt en mettant en parallèle le scénario du titre à certains éléments de cinéma. Pourtant, jusqu'ici, nous avions volontairement occulté l'aspect graphique du manga, pourtant élément clé de son climat terrifiant. A plusieurs reprises, le pan visuel du one-shot fait frisonner, certaines images restant même en tête après lecture. Et très logiquement, il convient de s'interroger sur ce qui a influencé le mangaka concernant la mise en images de son histoire.


C'est tout simplement par quelques fulgurances de la narration qu'un rapport d'ordre visuel fait tilte dans notre esprit. Le mangaka réfléchit ses plans, à la manière d'un réalisateur, afin que chaque case ait un effet en terme d'ambiance. Certains d'entre-eux font résonner des images et des impressions déjà expérimentées sur un petit ou un grand écran, face à des films d'horreur qui insistaient eux aussi sur leurs atmosphères. Et tout comme certains aspects graphiques du récit nous marquent, quelques moments bien précis font écho à ces expériences cinématographiques, si bien qu'on se les imagine en mouvement. Il ne faut parfois rien de plus qu'un plan sur un long couloir sombre de la demeure maudite pour que le rapport multimédiums face son effet, et que certains longs-métrages viennent en tête. Et de la même manière que l'artiste s'est accaparé cette dimension cinématographique, il sait adapter la vision purement horrifique du cinéma, notamment en nous surprenant lors d'un tournage de page. Ainsi, les fameux screamers, aussi redoutés que conspués aujourd'hui, ont leur écho dans Sayuri, et de manière réussi puisque c'est à ces instants précis que Rensuke Oshikiri nous marque de son imagerie forte, l'effet de surprise jouant sur notre stupeur, et permettant à ces instants de mieux nous marquer.

Mais comme chaque expérience est personnelle, chacun établira sans doute ce rapport selon lui. Nous ne verrons pas forcément le même lien manga-cinéma selon notre vécu de spectateur, la culture jouant autant que l'appréciation pour observer toute la richesse de la mise en scène du mangaka sur son titre. C'est quelque chose qu'on continuera d'aimer chez Oshikiri : Son sens de conteur graphique qui parlera différemment à chacun de nous.

SAYURI KANZERBAN @ 2015 OSHIKIRI RENSUKE / GENTOSHA COMICS INC.

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation