Peinture d'un mal-être
Mais malgré tout, quels que soient l'année et l'enseignant, il y a toujours des jours où le jeune personnage principal de Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka ne va pas en classe, parce que même dans les meilleurs moments, d'autres problèmes viennent le replonger dans ses frayeurs, dans son incapacité à se rendre en cours, dans ses cauchemars d'enfant où le monsieur en noir revient le hanter.
Il y a des événements inévitables dont il ne peut être qu'observateur : mort, suicide, éloignement contraint d'un ami cher... mais également des choses encore plus délicates, à commencer par le regard des autres (élèves, voisins...), ses désillusions aux examens, ou les brimades enfantines parfois très cruelles qu'il subira pendant un temps, du fait de son côté mal adapté, non entré dans le moule. Cruelle réalité commune à bien des cultures.
Et même quand il parvient à plutôt bien s'intégrer, de nombreux tourments continuent forcément de se montrer en lui. Comment peut-il effacer l'anxiété qui a toujours été en lui concernant l'école ? Comment savoir s'il peut faire confiance aux autres ? Même s'il sait qu'il doit aller à l'école et qu'il veut y aller, comment faire disparaître ces choses qui le bloquent toujours ? Se dessinent ainsi des sujets délicats : le manque de confiance en soi et envers les autres, la difficulté de trouver sa place et de s'intégrer... et la peur de se trouver "anormal".
Il y a, effectivement, une notion qui revient constamment, tout au long du volume : celle de "normalité". En ne parvenant pas à aller en cours et à s'intégrer au groupe, le jeune Masatomo a peur de devenir "anormal". Il cherche à être "normal", à faire partie du groupe, de cette micro-société qu'est la classe... quitte à ne pas être totalement lui-même, par exemple en s'improvisant quasiment "leader" d'une petite bande à un certain moment. Mais être "normal" signifie-t-il forcément être bien ancré dans le moule sociétal ? Cette interrogation revient constamment à l'esprit du lecteur au fil des pages où il découvre le parcours de ce petit garçon qui, au bout de ses interrogations sur son avenir, voit se dessiner une lueur d'espoir à travers une chose : le manga. Et plus spécifiquement, un manga.
GAKKOU E IKENAI BOKU TO 9NIN NO SENSEI © Syoichi Tanazono 2015 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD., Tokyo
De Korom [495 Pts], le 09 Mars 2019 à 14h36
Un manga très beau et un dossier qui va avec
j'espère que l'oeuvre se fera plus connaître par la suite!
De Karakuri [3156 Pts], le 23 Février 2019 à 23h33
Un manga qui m'a beaucoup ému et ce dossier lui rend honneur !
De Paliko - Paliko, le 22 Février 2019 à 22h49
Excellent dossier, comme d'habitude. J'ai apprécié ce Manga pour les mêmes raisons. L'histoire est très touchante, le dessin très bien et l'édition VF au top !