Running Girl - Ma course vers les Paralympiques - Actualité manga
Dossier manga - Running Girl - Ma course vers les Paralympiques

La mangaka


Narumi Shigematsu est une mangaka assez discrète sur sa vie privée, ce qui ne l'empêche pas de posséder un site internet, un compte twitter et un compte facebook, et de même s'afficher parfois dans des émissions. Sur ce dernier point, on a ainsi pu l'écouter et la voir, début mars 2021, dans une émission sur youtube particulièrement intéressante puisqu'elle concerne justement le handisport et donc Running Girl - Ma course vers les Paralympiques. Dirigée par Marc Bernabé pour le Japan Media Arts Festival Cette rencontre croisée entre la mangaka, l'athlète paralympique Desirée Vila Bargiela et l'experte en shôjo manga Sheila Malchirant peut être regardée en version originale sous-titrée anglais en suivant ce lien.





A part ça, on peut dire du parcours de Shigematsu qu'il est assez atypique, en premier lieu parce que, au départ, elle ne se destinait pas directement au manga: passionnée par la reliure de livre, elle est venue en France suivre des études dans ce domaine.

Et quand elle a fait ses débuts de mangaka en 2010 avec la série (inédite en France) Shiroi Hon no Monogatari (白い本の物語/The Paper, the Pages, the Book), son expérience française semble justement l'avoir beaucoup inspirée, puisque cette tranche de vie en un volume, parue en 2010 dans feu l'excellent magazine Ikki de Shôgakukan, est une tranche de vie ancrée dans l'univers des livres à Paris.
On y suit Lucas, un garçon qui, après le décès de son père bibliophile, voit un livre joliment décoré dans une vitrine à Paris. Le décorateur de livres là-bas, Stefan Bosch, l'emmène dans sa maison d'édition et il se promène dans l'atelier de Stefan Louis. Lucas est enchanté par l'univers de la reliure des deux Stefan, et il suit alors une formation dans leur atelier.





Entamant d'emblée sa carrière de mangaka avec un sujet peu courant, Narumi Shigematsu va ensuite confirmer sa tendance aux sujets pas communs, qui plus est en variant beaucoup de sujets à chaque nouvelle oeuvre.

Sa deuxième série (elle aussi inédite en France), Babel, oeuvre en 5 tomes parue au Japon entre 2012 et 2015 elle aussi dans le magazine Ikki, est un récit de science-fiction nous plongeant dans le futur auprès d'un réparateur de livres numériques qui veut lever le voile sur le drama parental qui l'a frappé.
Dans cette histoire, nous sommes en 2050 et tous les livres ont été numérisés dans une bibliothèque virtuelle. Le père d'Oreson a pour tâche de réparer les livres numériques qui "cassent". Un jour, un livre enchaîné est apporté à la maison par 3 personnages encapuchonnés, et Oreson l'ouvre à la demande d'un homme étrange malgré l'avertissement de son père. Un panache de lumière noire consume son père alors qu'Oreson perd connaissance, et quand il revient à lui tout a disparu. Maintenant adulte, Oreson s'entraîne pour réparer lui-même la bibliothèque, dans le but de comprendre ce qui s'est passé à cette époque, et de découvrir la vraie nature de la lumière noire qui consume les données de la bibliothèque.





Après la disparition du magazine Ikki en septembre 2014 et l'achèvement de Babel courant 2015, Narumi Shigematsu change d'éditeur pour aller voir du côté des éditions Kôdansha, où elle est intégrée au sein du magazine Be Love. Sur ce point-là aussi, son parcours est quelques peu atypique, puisque là où pas mal de mangakas commencent plutôt dans le shôjo (ou dans le shônen) pour plus tard s'orienter vers le seinen, elle a fait l'exact inverse. peut-être est-ce aussi cette expérience qui lui permet d'aborder dans ses shôjos des sujets atypiques.

Et atypique, le sujet de la série suivante de la mangaka l'est, une nouvelle fois: après la tranche de vie et la science-fiction, elle s'essaie à l'historique avec Hana Koi Shounen (花コイ少年), série en 2 volumes dessinée en 2017-2018, mêlant donc Histoire, drame et romance aux accents shônen-ai, en nous plongeant dans la jeunesse de Zeami, le créateur du théâtre nô. Cette série, vous la connaissez peut-être: les éditions Akata l'ont publiée en 2020-2021 juste après Running Girl, sous le titre A nos fleurs éternelles.
Dans cette oeuvre, nous voici donc dans le Japon du XIVe siècle, pendant l'époque Muromachi. Le petit Oniyasha est roturier. Vivant aux côtés de son père, il joue volontiers des rôles au sein de la petite troupe de théâtre populaire de ce dernier. Mais lorsqu'à l'âge de treize ans, lors d'une de ses représentations, le shogun Ashikaga tombe en amour pour son art, son destin va basculer… Elevé à un rang supérieur de noblesse, il deviendra par la suite celui qu'on appelle Zeami, le créateur du théâtre nô. Suivez le destin hors norme d'un artiste qui a révolutionné le monde du théâtre.





Enfin, sa dernière série en date n'est autre que celle qui fait l'objet de ce dossier.

Narumi Shigematsu affirme aimer le support manga pour sa praticité: elle peut y dessiner seule, contrairement à des supports comme l'animation ou le cinéma, et peut donc avoir le contrôle de ses oeuvres sans dépendre de trop de facteurs externes à elle-même.


La genèse de Running Girl


Les origines de Running Girl - Ma course vers les Paralympiques sont à chercher dans plusieurs facteurs.

Il y a tout d'abord les expériences personnelles de Narumi Shigematsu, puisque sa mère a elle-même été laissée partiellement handicapée suite à une maladie rare. D'abord certaine d'être incapable de parler de ça dans un manga car ça la concernait trop, elle a fini par prendre son courage à deux mains après avoir eu un cancer.

C'est en luttant contre sa maladie que par la suite, une fois rétablie, elle a ressenti le désir d'écrire un récit avec une héroïne qui perdrait quelque chose de précieux mais qui trouverait la force de se relever, d'avancer, de revivre grâce à un domaine dont elle ne connaissait rien auparavant.

Le handicap et l'amputation étaient alors tout trouvés, d'autant que l'autrice était également intéressée par l'idée de l'alliance entre le corps et la technologie (via la lame remplaçant la jambe de Rin), une idée qui lui semblait vraiment en adéquation avec son désir d'une héroïne s'engageant avec force sur un chemin dont elle ne connaît rien.

Le message de la mangaka dans son récit est alors clair: montrer comment trouver la force d’aller de l’avant après une perte. Oser faire un premier pas en avant pour nous sortir de notre mal-être et de notre sentiment que notre vie est fichue. Puis essayer, découvrir de nouvelles choses et de nouvelles personnes qui ouvriront à nouveau nos horizons, pour mieux nous reconstruire.
 
  

© Narumi Shigematsu / Kodansha Ltd.

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