Red Dragon - Actualité manga
Dossier manga - Red Dragon

Un manque de traitements humains ?


Red Dragon dispose d'une belle panoplie de personnages, qu'ils soient principaux, secondaires, voire tertiaires. Un casting tout à fait cohérent d'ailleurs, puisque Masahiro Ikeno a puisé dans les écrits historiques pour retranscrire un certain nombre de figures guerrière d'époque (avec, rappelons le, un bon zeste de fiction très certainement). Ce choix rejoint l'un des aspects que nous avons évoqué précédemment : Sur une œuvre plutôt courte et au rythme à la cadence bien maintenue, il paraît difficile de donner à chacun la place qu'il mérite.

C'est ce que certains pourront reprocher à Red Dragon, peut-être à juste titre, et d'autant plus si on compare encore une fois l’œuvre à un manga qu'on ne citera plus, là n'étant pas le sujet. Dans son intrigue et surtout dans ses batailles, Masahiro Ikeno présente de nombreux personnages parfois à peine effleurés, quand ils ne sont pas juste exposés. Quand certains ne sont qu'évoqués, il paraît difficile de créer un vrai lien avec le lecteur, ce qui peut poser problème quand une révélation vend son potentiel surprise en évoquant une certaine figure. Il est dommage que des combattants présentés comme important, et on pensera forcément aux sept Généraux de la Grande Ourse qui entourent Xiang Yu, n'ont droit qu'à peu d'apparition, et un rôle sur le champ de bataille qui se limite à vanter leurs aptitudes guerrières.
Du côté des personnages principaux, l'auteur équilibre un peu mieux la balance, quand bien même l'ensemble aurait mérité des approfondissements. Xiang Yu, par exemple, profitera d'une petite évolution décisive et logique qui permettra à cet imperturbable guerrier de changer de dimension, quand son oncle Xiang Liang n'a pas besoin de plus que son aura sympathique et charismatique pour nous charmer. Aussi, le titre tente d'aborder des relations amoureuses, trois pour être tout à fait exact. La première, celle entre Liu Bang et Lü Zhi, est presque un ressort comique qui saura se montrer attendrissant à un moment donné, confirmant toute l'optique romancée de la série. A côté, l'idylle entre Lu Wan et Xi Juan se laisse deviner très rapidement pour ne se « concrétiser » qu'en toute fin. Préférant ne pas tomber dans un romantisme trop théâtrale, Masahiro Ikeno préfère jouer d'humour à ce sujet aussi, mais en montrant avec plus de force le lien qui s'est créé entre les deux guerriers. Paradoxalement, tous deux constituent les vrais héros du tome final de Red Dragon, l'auteur faisant alors l'audacieux paru de laisser sur la touche un Liu Bang pourtant charismatique. Choix culotté, ou petite préférence de l'auteur qui a su mieux traiter ce binôme moins principal ?


La troisième relation est presque invisible, mais sera celle qui interpellera le lecteur puisqu'elle concerne Xiang Yu et une princesse à l'air très jeune. Le sous-entendu sexuel entre eux n'est pas loin, aussi on se questionnera sur une potentielle tentative de très mauvais goût, ou si la romance du conquérant s’appuie sur des faits historiques avérés. Une fois encore, difficile pour un profane d'être juge de ce côté-là. Toujours est-il que la jeune fille semble inspirée de la figure de Yu Miaoyi, aussi surnommée « Yu la Belle », qui servira aussi de base pour un personnage de la saga Fate.

Red Dragon est un manga ambigu en ce qui concerne sa portée humaine. La série dispose d'un beau casting de figures attachantes et charismatiques, aux tempérament parfois stéréotypés certes, mais qui ne manquent pas de panache. A lire ces lignes, on pourrait croire à un procès envers l'écriture de la série, mais il n'en n'est rien. Masahiro Ikeno a fait un choix : Représenter ses personnages sous des angles glorieux et héroïques plus que leur attribuer des background et des évolutions étalés sur le temps. Ceci rejoint la dynamique globale du titre qui privilégie son action et ne prend que peu le temps de se poser. C'est une vision d'écriture, un choix d'iconisation de ces personnages, avec par moment un côté racoleur en ce qui concerne les représentations graphiques des demoiselles. Représentées en tenues légères régulièrement, parfois pourvu de courbes séduisantes, elles correspondent à une optique déjà entamée par Masahiro Ikeno dans Malicious Code. Mais a côté, on peut soulever que chaque héros de l’œuvre est défini par une idée esthétique de séduction : Lu Wan a ce côté héros de shônen d'aventure, Liu Bang un aspect raffiné qui lui donne un charme, tandis que Xiang Yu est une incarnation taciturne impressionnante et séduisante. Racoleuse en ce qui concerne sa gente féminine sans la limiter à cette dimension aguicheuse, le design des personnages correspond à l'art global de son auteur : Un coup de crayon stylisé doté d'une forte expressivité.
  

RED DRAGON © Masahiro IKENO 2016 / KADOKAWA CORPORATION

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