Patéma et le Monde Inversé - Actualité manga
Dossier manga - Patéma et le Monde Inversé
Lecteurs
17/20

La réalisation, avant tout


On tient donc en Patéma et le Monde Inversé une histoire classique, prévisible d'un bout à l'autre, mais efficace. Malgré quelques limites surtout dues à la galerie de personnages stéréotypés, Yasuhiro Yoshiura exploite de  belle manière Patéma et Age (au détriment des protagonistes secondaires), qui forment un duo de héros attachant. Les principales qualités du film sont toutefois à chercher du côté de la réalisation. Et de ce côté-là, Yasuhiro Yoshiura nous offre un travail d'orfèvre, tant tout a été travaillé avec minutie.


Maestria visuelle...


Il y a d'abord les nombreux jeux de caméra. Fan de films en prises de vue réelles, Yasuhiro Yoshiura s'est appliqué, comme on l'a rarement vu en animation, à retranscrire de nombreux effets propres au cinéma non-animé : jeux de zooms et de dezooms reflétant l'immensité de l'univers et du ciel, effets saccadés comme lors du flashback sur le père d'Age, effets de tremblements saisissant sous l'effet du vent, ralentis lors de scènes-clés comme celle où Patema et Age s'enlacent pour s'échapper, vues vertigineuses dans les airs... Le réalisateur nous offre une expérience saisissante d'immersion, le point central étant bien sûr les soudaines inversions d'angle, où le haut devient soudainement le bas et où le bas laisse place au haut, histoire de nous faire ressentir de façon vertigineuse toute la peur d'une héroïne qui a les pieds suspendus dans les airs, et dont la vie ne tient qu'à la confiance qu'elle place en Age.

Point de départ du film, le ciel, comme le laisse deviner l'affiche du film, jouit d'une superbe mise en valeur, avec un grand souci du détail, une gestion des couleurs subtile, de nombreux jeux de lumière, et des angles de vue laissant apprécier son immensité. Quant à la 3D, omniprésente, elle est exploitée à bon escient pour offrir de belles impressions de profondeur. C'est dans cet univers que viennent s'immiscer des personnages en 2D aux designs simples, mais maîtrisés, hormis celui de Patéma, plus élaboré, avec sa couleur de cheveux unique, sa petite tresse et ses vêtements plus travaillés afin de la faire ressortir.

Au milieu de cette verve visuelle, on serait presque étonné d'avoir des personnages qui ont tous un character design assez simple, ce qui leur permet d'être aisément identifiables et confirme la thèse selon laquelle ils ne sont que des ustensiles dans le film.
L'exception est évidemment Patéma, avec sa couleur de cheveux unique, sa petite tresse et ses vêtements plus travaillés. L'héroïne, comme on peut s'y attendre, est le protagoniste qui a demandé le plus de temps de travail. Si toutes les personnes qui vivent dans le monde souterrain ont des couleurs de cheveux un peu étranges, il fallait que Patéma se dégage encore plus du lot pour que le spectateur fasse bien attention à elle, d'où cette couleur encore plus originale, qui a été assez délicate à retranscrire d'après le réalisateur.
Ses vêtements constituent une combinaison de protection, puisqu'elle vit dans un monde souterrain. Seulement, quand on fait des combinaisons de ce type, on a tendance à faire des choses assez masculines, et Yoshiura a donc cherché à apporter une touche plus féminine : là où tous les costumes des autres personnages ont été dessinés par un homme, la combinaison de Patéma, elle, a été dessinée par une femme.





... et perfection sonore


Pour souligner ces sensations, un soin particulier a également été apporté aux effets sonores, conçus par Akira Yamaoka. Aux bruits de mécanismes assourdissants du monde souterrain, preuves que le lieu est bien vivant, répond un silence pesant à Aïga, histoire de souligner toute la froideur de ce monde tyrannique. Mais de ce côté-là, le travail le plus bluffant reste le bruitage du vent, plus ou moins fort selon la hauteur où se trouvent les personnages.

Même topo pour les musiques de Michiru Ôshima, dont certaines sont été enregistrée en Russie avec un orchestre de 80 musiciens. La compositrice offre ici des compositions minutieuses mêlant instruments d'orchestre (plus émotionnelles, pour le monde souterrain et les moments forts) et synthétiseur (plus rigides, plus froides, pour le monde d'Aïga), et soulignant habilement les différentes ambiances des passages du film, allant de la chaleur du monde souterrain à la froideur du monde d'Aïga, en passant par la tendresse et la complicité de plus en plus forte unissant Patéma et Age, ou par le souffle un peu plus épique qui doit régner lors des quelques climax.
Au milieu, on note un seul morceau au piano, pour la scène de Lagos, afin d'en faire ressortir l'atmosphère particulière.

Soulignons également l'idée malicieuse du thème inversé de Patéma et d'Age, le thème d'Age reprenant les notes de celui de Patéma dans l'autre sens, de la fin vers le début. Une idée qui est entièrement venue de l'esprit de Mme Ôshima.
Lorsque Patéma est à l’écran, on entend le thème de Patéma, et respectivement pour Age. Quand les deux sont ensemble, on entend les deux thèmes en même temps comme si c’était les deux faces d’une même mélodie.

Enfin, notons que les chants sont assurés par une française, Estelle Micheau.





Symbolisme


On appréciera, enfin, le symbolisme de la relation entre les deux héros.

Comme déjà dit, le déroulement de l'histoire s'intéresse surtout à l'évolution de la relation entre Patéma et Age, destinée à se renforcer au fil d'une aventure qui prend de plus en plus d'ampleur. Ils ont beau être différents, ils sont unis par une même envie de mieux comprendre le monde et se rapprochent alors de plus en plus, s'accordent peu à peu une confiance mutuelle très joliment mise en avant par leur manière de se retenir : dans un monde qui lui est inconnu, Patéma se retrouve fragilisée par sa gravité inversée. La voici les pieds en l'air, dans le vide. Si Age la lâche, elle tombera dans le ciel. Le corps d'Age devient alors ce qui la retient, et si les maladroites prises de main des débuts témoignent d'une confiance pas encore totale face à l'inconnu, les deux adolescents, au fil de leur découverte de l'autre, en arrivent à se tenir de plus en plus fort, de plus en plus près du corps, et avec de plus en plus de confiance et de tendresse.


  
  
  

© Yasuhiro YOSHIURA / Sakasama Film Committee

Commentaires

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camillemcy

De camillemcy [112 Pts], le 27 Septembre 2015 à 11h16

16/20

Super film! Je l'ai adoré du début à la fin! Je le conseille!

MissPanda

De MissPanda [282 Pts], le 16 Juillet 2015 à 21h38

17/20

Un bon film , les décors sont juste magnifiques !

saqura

De saqura [4244 Pts], le 30 Juin 2015 à 18h57

le film

saqura

De saqura [4244 Pts], le 30 Juin 2015 à 18h56

17/20

j'ai bien aime bisous

Nexos

De Nexos [116 Pts], le 03 Juin 2015 à 14h02

Ce film me tente bien ^^Merci pour la présentation.
ShakuganKenshin

De ShakuganKenshin [574 Pts], le 30 Mai 2015 à 17h17

18/20

Pareillement ^^, film d'animation trés sympatique!

nanto

De nanto [2325 Pts], le 30 Mai 2015 à 15h31

excellent film qui a reussi a me faire pleurer a la fin ^^'

NoctisLucisCaelum

De NoctisLucisCaelum, le 30 Mai 2015 à 09h13

un bon film je trouve j'ai bien aimé

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