Mobile Suit Gundam SEED - Les Special Edition - Actualité manga
Dossier manga - Mobile Suit Gundam SEED - Les Special Edition

Le Special Edition II : Un manque d'ambitions ?


La deuxième partie du projet Special Edition est dévoilée au public nippon quatre mois après le premier métrage que fut Koku no Senjô / Un champ de bataille vide. Dans un premier temps, c'est sous la forme de deux TV Spéciaux qu'est diffusée cette partie deux, à la télévision japonaise. Ce milieu de trilogie prend pour titre original Harukanaru Akatsuki et condense les épisodes 22 à 40 de la série télévisée originale, et 21 à 38 du remontage restauré HD Remaster. Côté France, l'éditeur @anime a choisi pour titre L'aube par-delà l'horizon.

De retour sur la Terre

A la fin du premier Special Edition, l'Archangel avait pu regagner la Terre... mais loin de l'Alaska où se situe le quartier général de l'Alliance. Afin de le rejoindre, la fine équipe a dû traverser le désert égyptien et y affronter une grande figure locale de ZAFT : Andrew Waldfeld, alias le Tigre du Désert. A l'issue d'une bataille décisive, Kira est contraint d'ôter la vie à cet ennemi pourtant nuancé dans sa vision de la guerre.

L'Archangel a accueilli en son bord Cagalli, la jeune fille au fort tempérament que Kira a d'abord rencontré sur Heliopolis, et qui avait rejoint la résistance du Désert de l'Aube. Mais la menace de ZAFT est plus forte que jamais, tandis que l'équipage retrouve ses adversaires d'autrefois : Les pilotes des Gundam dérobés. Un concours de circonstances mènera même Asran et Cagalli à se rencontrer, tous deux étant échoués sur une île déserte suite à un âpre combat entre les deux factions. Chacun a sa vision du conflit et même de la vie. Alors que l'Archangel devra trouver refuge au sein de la nation pourtant neutre d'Orb, la rivalité cruelle entre Kira et Asran prendra un propre tournant. Une amitié perdue, un cercle de la haine et de la guerre solide comme un roc... Une issue favorable pourra-t-elle avoir lieu pour ces jeunes gens ?


L'intrigue, ses prouesses, ses faiblesses


Ce second long-métrage aborde la phase sans doute la plus passionnante de Gundam SEED, celle qui sera marquée par de grands revirements de situation, permettant d'ailleurs à la série de prendre ses distance avec l'œuvre Gundam originelle dont elle s'inspirait grandement dans sa structure. L'opposition entre Kira et Asran monte donc d'un cran tandis qu'une autre figure importante prend de l'ampleur : Cagalli. La jeune femme représente le parfait entre deux, une figure qui a plus de distance sur le conflit et qui pourrait jouer le rôle de jonction entre les deux protagonistes. Ajoutons à cela son caractère et son histoire pour obtenir l'une des figures les plus attachantes de la série.

Et si les quelques pirouettes scénaristiques viennent assurer l'émotion sous l'angle de la surprise, ces revirements sont tout aussi intéressants dans les optiques thématiques qu'ils proposent. Jusqu'à présent, le duel entre Kira et Asran semblait inéluctable, et celui-ci prend de l'ampleur dans les premiers instants du métrage. Quelle réponse apporter à cette rivalité ? Dans son scénario, Chiako Morisawa devait-elle narrer une ascension aboutissant à meurtre mutuel de l'un et de l'autre ? La proposition est grandement différente, mais aussi plus humaine. Pour ces deux adolescents qui ont toute leur vie devant eux, l'heure est aux réconciliations. Et pour que celle-ci soit juste, chacun devait prendre ses distances avec le conflit, à l'instar de Cagalli. La vision entretenue dès lors par Kira (grandement influencé par Lacus Clyne, dont le rôle dans ces films est toujours de l'ordre du ressort narratif) est d'un idéalisme sans commune mesure, chose qui sera poussa à son paroxysme et avec débilité dans Gundam SEED Destiny. Mais pour l'heure, on peut trouver une certaine justesse. Kira et Asran n'en restent pas moins des jeunes gens en quête de paix et de réponse, souhaitant lutter contre une vision plus juste en abordant des paradigmes nouveaux. Une jolie réponse qui résonne avec le propos de la guerre instauré par Yoshiyuki Tomino depuis les premières œuvres Gundam, le créateur ayant toujours eu à cœur de montrer la jeunesse comme détentrice de l'avenir du monde, et vouée à ne pas réitérer les erreurs des adultes.

Mais tout cela n'est pas sans faille. Au sein de Gundam, du moins des œuvres de l'Universal Century, on appréciait la complexité des propos, la noirceur des dilemmes des personnages, et les résolutions proposées. A tel point, parfois, que cela amène des divisions chez les fans, comme ce fut le cas dans quelques traitements de Zeta Gundam. Dans les événements de ce second film, conforme à celle de la série bien évidemment, on pourra reprocher une facilité d'ensemble, tant dans la réflexion que dans le cheminement des péripéties. Comment expliquer que des adolescents soient illuminés de révélations quasi saintes, sans que ces derniers aient l'expérience de la vie ? Toujours en comparant l'écriture de SEED à celle des premières œuvres Gundam, Amuro Ray n'a pas gagné sa sagesse (qui plus est nuancée, comme le prouveront Zeta et Char contre-attaque) par magie. Il a derrière lui le traumatisme d'une guerre complète, même si on accordera que Kira a lui aussi assisté à son lot d’atrocités et d'injustices. Mais on gardera en bouche un goût un peu amer, de par les réponses apportées par ces protagonistes. Le message est clair, l'utopie se réalisant par la paix, et cette tentative se traduisant par des batailles où il n'est plus question de tuer son ennemi. Mais c'est un peu trop idéaliste et irréaliste pour du Gundam, saga qui a quasiment toujours tenu compte des contradictions de l'esprit humain. Ajoutez à ceci plusieurs actions qui peuvent parfois causer un certain nombre de victimes collatérales (en attestera l'amorce de SEED Destiny), et il devient difficile d'adhérer à 100% à la vision du trio phare.


Ce qu'apporte ce deuxième film

La déception de ce deuxième long-métrage, c'est sans doute la quasi absence de segments supplémentaires. Là où le premier Special Edition s'offrait de petits rajouts qui, même mineurs, impactaient le récit (tel le visage dévoilé de Rusty qui créait au moins un semblant d'empathie lors de sa mort précipitée), rien de tel n'a été envisagé pour cette suite. Les suppléments sont plus que discrets, et ne donnent pas de sens supplémentaire au métrage.

Et au-delà de ça, le découpage rend le tout encore plus difficile à appréhender. Les événements s'enchainent, parfois à tel point qu'on perd dans l'intensité de scènes majeures de la série. Aussi, les deux décès brutaux et lourds de sens de la première partie du métrage perdent clairement en puissance, notamment parce que ces figures n'ont pas été rendues aussi attachantes dans le premier film, de part leurs peu de temps d'apparition. C'est le jeu de ce type de compilation à la durée moyenne : Difficile de traduire tout l'impact du matériau d'origine. Encore une fois, la trilogie tirée de la première série animée Gundam a fait une prouesse dans son genre.

On accordera alors à cette seconde partie du projet Special Edition son final touchant. Il est celui de l'épisode 40 de la série (ou 38 du HD Remaster), sans modification, mais le poursuivre par un générique de fins aux artworks plus doux, associés à la bouleversante chanson Akatsuki no Kuruma de FictionJunction Yuuka, permet de finir sur une note douce-amère plus que bienvenue.

Mobile Suit Gundam SEED © SOTSU, SUNRISE

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