Le Special Edition III : La plus grande réussite
A l'inverse des deux métrages qui ont précédé, le troisième Special Edition de Gundam SEED n'a pas eu droit à sa diffusion télévisée, mais uniquement une sortie vidéo. Un véritable vilain petit canard qui n'a pas non plus été considéré dans le projet des 40 ans Gundam Beyond : The Cinema Experience Tour, ce qui ne l'a pas empêché de bénéficier d'une remasterisation, sans aucun doute à partir de la version HD Remaster de la série.
Sorti au Japon le 22 octobre 2004, le long-métrage prend pour titre original Meidô no Uchû, ce que l'éditeur @anime traduira par Tonnerre dans l'Espace dans son coffret intégrale Blu-ray.
Vers la phase finale du conflit
Uzumi Nara Athha, le dirigeant de la nation d'Orb, a préféré se sacrifier et détruire Morgenroete, point militaire, technologique et stratégique de la nation neutre, plutôt que de céder aux chantages d'une Alliance Terrienne maintenant régie par le groupe fasciste Blue Cosmos. L'Archangel et le Kusanagi, deux vaisseaux refusant de se soumettre à la barbarie de cette guerre insensée et meurtrière, ont ainsi rejoint l'Espace. Ils ne tardent pas à être rejoint par un navire supplémentaire, l'Eternal, vaisseau de ZAFT dérobé par la révolutionnaire la rebelle Lacus Clyne, soutenue par un Andrew Waldfeld qui a survécu à son combat contre Kira. Cette maigre opposition devra compter sur ses pilotes aguerris, Kira et Asran, pour tenter de stopper un conflit qui gagne en envergure et dont la volonté de chaque camp est radicale : Exterminer l'espèce opposée. Et lorsque Raw Le Creuset décide de mettre en marche son plan visant à mener l'humanité à sa perte, l'hécatombe n'en sera que plus grande. La phase finale de cette guerre mènera Kira à comprendre ses origines...
La guerre et ses non-sens
Les deux premiers métrages ont mis en avant l'évolution du conflit en prenant Kira et Asran en figures de proue autoritaires, dans le sens où leur dualité était privilégiée au détriment de bon nombre d'aspects de l’œuvre d'origine. Maintenant que cette opposition est résolue, la troisième et dernière partie du projet Special Edition a le loisir de se consacrer à d'autres pans de son histoire. Une belle aubaine puisque la partie finale de Gundam SEED ne manquait pas de panache dans ce qu'elle aborde, à commencer par l'évolution de la guerre opposant Naturels à Coordinateurs.
Les intentions d'écriture d'époque de la défunte Chiaki Morosawa apparaissent claires : Dénoncer l'extrémité absurde du racisme et de la guerre en mettant en avant deux camps qui n'ont qu'une optique pour résoudre le conflit, à savoir annihiler la race ennemie. C'est volontairement radical, et ça a forcément son impact dans le tiers final qui ne lésine pas sur les massacres entre les deux camps. A première vue, cette idée de l'effet potentiel du racisme réciproque peut heurter, tant la thématique renvoie toujours à certains aspects de notre monde contemporain. Mais dans l’exécution, les choses sont-elles aussi simples ?
Il faut alors se questionner sur le but de la guerre. Est-ce que les conflits modernes avaient pour but d'éradiquer la moindre population des camps ennemis ? Non. Mais lorsque la haine d'autrui gangrénait les conflits, alors il devenait bien question d'exterminer tant que possible les ethnies et populations appartenant à des groupes jugés nocifs. Par besoin de rappeler le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, celui-ci pouvant alors donner du sens aux choix de cet axe final de Gundam SEED, et donc de ce Special Edition.
Kira Yamato : The Origin
La fin de l'histoire est aussi l'occasion de boucler la boucle, et de donner des explications à certains éléments de teasing. Commençons par cette dualité ambiguë entre Mu La Fraga et Raw Le Creuset, très très peu exploitée dans les deux métrages précédents. Il était pourtant obligatoire d'amener sa résolution au sein des films, ne serait-ce pour justifier le caractère de l'homme masqué, antagoniste et trublion qui sera directement responsable des derniers événements tragiques de cette histoire. De par son histoire, ce dernier est un misanthrope assumé. Le simple homme au visage camouflé (un classique inévitable dans Gundam) prend plus de sens. Il n'est pas un Char Aznable bis, mais une entité nocive dont le pessimisme tranche avec l'espoir incarné par Kira et les siens.
Parlons alors de Kira, et des révélations qui le concerne. La fin du troisième métrage dévoilant son lien de parenté avec Cagalli, et la fin de l'histoire pousse ce background plus loin en présentant le héros comme un Coordinateur suprême, la perfection d'un scientifique eugéniste qui ferait pâlir de jalousie Oswell E. Spencer de Resident Evil. Au-delà de la justification des aptitudes de Kira, pilote si talentueux qu'il parvient désormais à mettre hors état de nuire des dizaines de mobile suits en un temps records et sans les détruire, il est intéressant de voir le discours nuancé sur les manipulations génétiques. Si le concept de Coordinateurs n'a jamais représenté un mal dans les deux premières parties, le troisième Special Edition nous parle des dérives potentielles, directement lié au caractère humain que déteste tant Raw Le Creuset. Le traitement est intéressant, d'autant plus qu'il a le mérite de ne pas être expédié en terme de rythme.
Recomposition et rajouts
Cette fois, le dernier long-métrage des Special Edition de Gundam SEED ne doit compiler que 10 épisodes, ce qui assurait déjà une certaine zone de confort. Il faut dire que comme dans toute fin de série forcément axée sur le principal du scénario, peu d'éléments pouvaient être écartés, au mieux recomposer pour gagner un peu de temps ci et là. C'est dans cette optique que la mort d'un personnage secondaire est changée et rendue extrêmement moins impactante, ce qui est dommage.
Mais à côté, on apprécie le rythme proposé, celui-ci permettant un scénario qui prend son temps pour développer ce qui doit l'être. L'ensemble prend même parfois le temps de se poser et d'amener des scènes plus intimes, ce qui inclus un rajout sur les questionnements intérieurs d'un Kira troublé par la vérité à son sujet. Une aubaine quand on sait que le personnage deviendra une incarnation quasi divine de la figure héroïque dans la séquelle de SEED. Il n'en faut donc pas plus pour faire du troisième Special Edition le plus réussi et le plus prenant, mais aussi celui qui perdra moins les spectateurs qui auront fait le choix complexe d'aborder l'œuvre pour la première fois par ces métrages. Notons aussi la non inclusion de l'épilogue de la série, initialement présente dans les DVD de la version TV de la série (et autrefois proposé chez nous dans l'édition Beez). On pourrait penser que cette séquence a tout bonnement été reniée par Sunrise depuis l'existence de SEED Destiny, puisqu'elle ne fait pas non plus partie de l'édition HD Remaster. Une information contredit toutefois cet état de fait : La présence de l'épilogue dans l'édition anglaise de la série. Son absence dans notre propre coffret demeure incompréhensible, d'autant plus que cette petite conclusion douce-amère a déjà été traduite et doublée pour l'édition DVD de la décennie 2000.
Mobile Suit Gundam SEED © SOTSU, SUNRISE
