Kano Miyamoto - Actualité manga
Dossier manga - Kano Miyamoto
Lecteurs
20/20

Langueur des sentiments

 
 
Cet attachement pour un certain type de thèmes, certes variés mais peu renouvelables, créent une certaine redondance dans les scénarios de l’auteur. Ils sont alors tous centrés sur un même but, faire évoluer les protagonistes qui partent d’une situation difficile et oh combien mal vécue, pour les amener à un présent que l’on découvre au fur et à mesure, parsemé d’embûches et pas forcément meilleur qu’auparavant. Ainsi, l’amour ne transforme pas la peine en bonheur, loin de là. Alors oui, c’est très bien exprimé. C’est même une très grande qualité de cette mangaka que de si bien exprimer ce genre de progression et de difficultés. On retrouve parfaitement la souffrance et la mélancolie constante de tous les personnages de l’auteur, mais c’est peut-être justement cela qui pèse parfois et rend la lecture un peu difficile. La joie se fait rare, les rires encore plus et il manque un peu de gaieté à ce titre, comme aux autres œuvres de l’auteur. Jamais personne n’explose spontanément de rire, ou si peu. Les joies de la vie, les petits bonheurs du quotidien, sont toujours teintés de tristesse et de mélancolie. Tout a un ton plus triste, tout parait terne par rapport aux couleurs éclatantes de la joie de vivre. Bref, il manque de la nuance, des décors, du caractère et des nuances aux scénarios très répétitifs de Kano Miyamoto. Si la finesse des sentiments est toujours au rendez-vous, on commence à voir un schéma assez répétitif dans les œuvres de la mangaka. Un gay déprimé avec un lourd passé, qui veut mettre fin à ses jours, qui a du mal à se confier. Et en face, un hétéro qui veut le prendre sous son aile, se prend d’affection pour lui et finit par l’aimer avec passion et tendresse. On suit toujours un parcours bien tranquille, facile, presque prévisible. On sait comment tout cela va se finir, on apprend à connaitre les ficelles de l’auteur. Par exemple, on sait que le passé a une importance primordiale chez elle et qu’elle utilise le traumatisme à outrance, ainsi que la gamme de réactions qui peuvent suivre. Souvent, une dérive sexuelle et un abandon de la fierté de son corps. Les ex petits amis sortant de nulle part sont un outil bien pratique pour elle, touchant à la fois le domaine du sexe et même parfois les premiers rapports ou des rapports malsains, et du passé. Souvent il y a une connotation un peu trop limite dans les rapports sexuels du passé. Soit dans la violence, soit dans l’amour non réciproque, ou encore le triangle amoureux … On aurait aimé un peu de changement, pourquoi pas quelque chose de joyeux ? Soyons fous ... Parce que là, TOUS les personnages ont une face torturée et froide, celle que l’auteur aime bien insuffler systématiquement à ses personnages, un au moins mais souvent les deux.
 
 
 
 
 
Tout cela fait qu’on a bien du mal à passer d’une histoire à l’autre, surtout quand elles sont liées. On a toujours l’impression de voir les caractères du manga précédent, et ainsi on a l’impression de lire la même histoire à quelques détails près. Et ça, c’est vraiment dommage même si cela ne se ressent pas si on lit séparément tous ses titres. Du coup, en commençant un manga de l’auteur, souvent on prévoit inconsciemment la fin, qui reste prévisible quand on connait bien le style de Kano Miyamoto, qui a jusqu’alors un peu de mal à se renouveler. Pourtant, on continue d’apprécier ses œuvres et ses mangas sont réellement sympathiques, des réussites pour la plupart. Cela parce que, admettons-le, rares sont les auteurs à se lancer aussi loin dans les problèmes psychologiques ou personnels de leurs personnages, d’autant plus lors de one shot. Mais cette ascension dans le monde du psychique et des douleurs morales nous entraine parfois plus loin que l’on ne l’espérait. Trop loin, même.  Dommage, alors, que certaines idées soient floues ou lointaines, presque inaccessibles pour nous simples lecteurs. Il est alors peu évident de pénétrer dans le manga, mais une fois ceci-fait c’est une agréable surprise, une petite balade sympathique et appréciée. La lecture n’est donc pas des plus accessibles, mais elle se montre réellement agréable. Les jeunes lecteurs devront sans doute faire un effort pour saisir toutes les nuances voulues par la mangaka, tandis que les autres apprécieront ou pas ses œuvres pour cette raison précise. L’accès est difficile, la compréhension parfois laborieuse, mais au final c’est comme tout : on s’habitue. Et une fois la logique de l’auteur assimilée, tout est plus simple.

Les protagonistes restent sympathiques mais sont peuvent alors bien vite être dépourvus de l’aura de mystère qui les entourait. On se prend pourtant rapidement à l’histoire contemporaine mais surtout crédible des personnages : cela permet de découvrir deux jeunes gens dans leur environnement, à travers une histoire d’amour tout ce qu’il y a de plus simple. De plus, rendre toujours l’un d’eux un peu en dessous de tout et quelque peu naïf et benêt permet à ces œuvres de donner un petit coup de dynamisme à ses personnages. C’est donc un côté vraiment bien joué que de se baser là-dessus. Dommage pourtant qu’il y ait autant de rigidité dans la narration … L’univers de l’auteur est alors très fermé, rigide, presque étouffant. L’improvisation, la légèreté, les coups de tête, les impulsions ne sont pas au programme de l’auteur et elle se tient à ses schémas, à ses habitudes, ce qui enfonce un peu plus le bouchon de la répétition et du prévisionnel de ses histoires. Dommage qu’elle ne se permette pas de temps à autres un petit coup de folie. En résumé, on sent que l’auteur maitrise bien son sujet et ses protagonistes, malgré une certaine lenteur sourde dans le scénario et un certain manque de profondeur, par moments, dans une narration qui reste assez fermée et prenante. Il faut s’accrocher pour rentrer dans les qualités de ces manga, et ne surtout pas en ressortir avant la fin … Mais si l’on y arrive, c’est véritablement un excellent moment de lecture, rempli de bons sentiments et de passion aveugle. Des histoires de tous les jours, des récits simplistes qui deviennent très touchant
  
  

© Miyamoto Kano

Commentaires

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Einah

De Einah [4313 Pts], le 28 Septembre 2012 à 17h37

20/20

J'aime cette auteur, j'aime le côté sombre qui s'y dégage car je trouve que ca peut représenter les tourments de la vie auxquels on peut être hélas un jour confronter. C'est une auteur qui m'a fait remuer les tripes dans lovers and souls T_T

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 28 Septembre 2012 à 14h29

CherryLake > Il se trouve que je ne lis pas de scantrad, aucun, jamais. Et que je ne peux donc pas connaitre ce lien entre les deux séries. Je me doute que de nombreuses séries peuvent encore approfondir les liens cités, en créer de nouveaux ... Puisque c'est la patte de l'auteur. Mais je ne peux pas deviner les liens qui sont explicités dans des séries qui ne sont pas sorties en France. Ce dossier se base sur les sorties françaises des oeuvres de l'auteur.

 

Merci pour vos compliments.

Azu

De Azu, le 28 Septembre 2012 à 13h53

Bon dossier !

CherryLake

De CherryLake [215 Pts], le 28 Septembre 2012 à 13h47

20/20

Magnifique dossier ! J'aime beaucoup Miyamoto Kano, donc merci.

Mais je voudrais juste dire que  Vanilla Star et Touch of Pain sont en réalité plus ou moins liés (contrairement à ce que dit l'auteur de ce dossier), il manque un one shot entre les deux qui est Asanai Otoko, non licencié en France. Dans Asanai Otoko, on suit un collégue de Yagisawa qui a une relation avec Takeshi, c'est Shù. Ce même Shù on le croise un fois dans Vanilla Star et Takeshi parle de lui dès le début. Pour comprendre le petit extra dans Vanilla Star où Takeshi et Yù croisent Shù et son petit ami il faut avoir lu Asanai Otoko. 

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