Lyla et la bête qui voulait mourir - Actualité manga
Dossier manga - Lyla et la bête qui voulait mourir

Une histoire courte, rythmée et dramatique


Une structure classique

Lyla et la bête qui voulait mourir se construit autour de petits arcs scénaristiques, tous constituant la pièce d'un puzzle qui sera assemblé au final. On pourrait presque dire que chaque tome développe un arc : le premier lance le titre et présente les débuts de l'aventure d'Aaron et Lyla, le second s'intéresse à la confrontation avec le jeune parrain Luka, le troisième à la rencontre avec Travis, et le dernier l'acte final de l'histoire. La structure du manga se révèle donc particulièrement simple, chose peu étonnant puisqu'il s'agit de l'un des premiers mangas d'Asato Konami, et qu'une trop grande prise de risque aurait peut-être été fatale pour un auteur qui débute.

Ainsi, la lecture globale du manga se révèle assez efficace. Ce système de courts arcs permet à l'intrigue d'aller à l'essentiel sans jamais nous perdre. Lors de la parution tome par tome, peut-être que le sentiment global du lectorat était celui d'une intrigue qui avançait dans l'inconnu, et qui a dû précipiter les choses sur l'ultime arc. Pourtant, sur une lecture continue, l'impression est un peu peu plus nuancée : on saisit assez facilement les informations qu'ont voulu distiller les mangaka afin d'amener la partie finale du titre. Certes cela aurait pu être un peu plus développé à certains instants, mais l'ensemble du récit ne donne pas l'impression d'un manque. Une œuvre a toujours la possibilité d'être portée plus loin, mais seul l'essentiel est traité dans Lyla et la bête qui voulait mourir. Évidemment, ceux qui se sont attachés aux personnages et qui en attendaient plus de l'univers pourront regretter ce format trop court, tandis que d'autres apprécieront que l'intrigue va simplement à l'essentiel, aboutissant à un ensemble rythmé et réussi en terme de simple divertissement.


Quelques facilités scénaristiques

Mais même en appréciant l’œuvre telle qu'elle nous est présentée, difficile de ne pas remarquer qu'Asato Konami, dans son scénario, se laisse aller à quelques facilités. Le titre étant court et sa structure étant celle d'un puzzle, chaque élément introduit se devait de faire progresser le voyage de Lyla et Aaron. En terme de personnages présentés, chacun d'eux devait avoir son utilité au sein du récit. Pour ces raisons, chaque péripétie vécue par le binôme et chaque nouveau personnage rencontré sera un levier pour permettre à l'intrigue de progresser. A chaque rencontre, quel miracle : Le personnage sera lié à l'enjeu principal, ou pourra mener Aaron et Lyla sur la piste ! Cette équation, elle se répète ponctuellement dans le série, aussi les amateurs de scénario complexe et moins convenu auront de quoi grincer des dents. Mais Asato Konami et Eziwa Saita n'auront sans doute jamais promis une œuvre qui bouscule les standards, mais surtout de véhiculer de l'intérêt et des émotions à travers une histoire portée de A à Z. En ce sens, le pari est globalement réussi : la fin ne laisse pas de portes ouvertes, et les différents éléments initiaux sont expliqués. Le lecteur referme alors le dernier ouvrage sur une conclusion du dilemme de Lyla (celui de pouvoir tuer Aaron et venger sa mère), de l'humanisation de la chimère ou des explications quant à ses origines et à son attachement au livre qu'il emmène partout. Si bien des œuvres courtes ne prennent pas la peine de correctement fermer toutes les portes de l'intrigue, ce n'est pas le cas pour Lyla et la bête qui voulait mourir.


L'humanisation d'Aaron, fil conducteur du récit

Aaron est le véritable personnage principal de l'histoire, et celui qui créera le plus d'empathie chez le lecteur. Paradoxalement, ce n'est pas forcément à Lyla qu'on s'attache le plus, malgré le grand malheur qui la frappe en début d’œuvre, mais bien à cette chimère qui parle aussi bien qu'un enfant de 7 ans, au regard dans le vague comme si elle ne comprenait pas ce qu'il se passe autour d'elle, et à son décalage systématique avec son entourage, point marqué par de nombreuses réactions du personnage qui ont de quoi fendre le cœur. L'humanisation d'Aaron est marquée rapidement, dès le premier opus. Malgré son désir de vengeance, Lyla comprend ce qu'est l'assassin de sa mère, et veut lui donner un cœur avant qu'il ne rejoigne le paradis. Un dilemme assez cruel par ailleurs, cela sous-entendant donner goût à Aaron à la vie, avant de lui retirer un bonheur durement acquis. Ainsi, chaque étape du parcours des deux personnages va contribuer à humaniser la chimère. Plus globalement, il s'agira de lui faire comprendre ce qu'est « aimer », que ce soit autrui ou de simples appréciations du quotidien. Évidemment, les situations tumultueuses contribueront grandement à nourrir l'attachement du personnage pour Lyla qu'il verra en grand danger à plusieurs reprises. Mais en parallèle, le récit va se poser efficacement pour permettre à Aaron d'apprécier les petits bonheurs de la vie. Le « bon », comme l'appelle la chimère, sera un moment particulièrement émouvant du titre. Un pancake, c'est sucré, et ça fait chaud dans le ventre. Une telle tirade peut paraître bien naïve, mais sortant de la bouche de ce personnage qui est éduqué comme une machine à tuer depuis l'enfance, elle a de quoi émouvoir et espérer une belle évolution pour la chimère.

Au final, le titre réussit ce développement du personnage. Aaron a une évolution douce et touchante, et le dernier chapitre de la série concrétise tout le traitement du personnage, en tenant compte du lien qui s'est noué entre l'ancien assassin et le lectorat. Dire que la fin est émouvante de manière tragique ou joyeuse... cela serait de l'ordre du spoil. On se contentera alors d'affirmer qu'on quitte le personnage avec une petite pointe d'émotion, avec la certitude que les deux auteurs nous ont présenté un personnage fort.

Pourtant, l'humanisation d'Aaron n'est pas le seul enjeu de l'intrigue. Le dilemme de Lyla est aussi particulièrement présent, la jeune fille se rappelant souvent qu'elle devra mettre fin aux jours d'Aaron, tout en voyant la chimère s'humaniser devant elle. Pourtant, cette aspect semble en retrait par rapport à l'histoire de la chimère. Certes le manga est l'histoire de Lyla, mais elle est aussi et surtout celle de la bête qui voulait mourir.
  
  

© Asato KONAMI 2017 ©Eziwa SAITA 2017 KADOKAWA CORPORATION

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