Lyla et la bête qui voulait mourir - Actualité manga
Dossier manga - Lyla et la bête qui voulait mourir

Une ode à l'humanité


Aaron, de monstre à humain

L'humanisation d'Aaron est un point central du récit, si ce n'est le point central aux côté de l'objectif des deux héros, à savoir trouver l'auteur du livre de la chimère et le fameux terrain de fleur où il pourra être amené au paradis. Mais ce développement du personnage renvoie aussi à un thème particulièrement important dans l’œuvre et présent sous plusieurs aspects : l'humanité et l'amour.

Être incapable d'éprouver la moindre émotion, Aaron va se constituer petit à petit un affect de plus en plus puissant. Voir Lyla en danger provoquera chez lui un certain malêtre, et déguster une petite sucrerie lui procurera un plaisir inédit jusqu'à présent. D'ailleurs, il découvrira même ce qu'est le « plaisir ». Ainsi, la chimère fera office de protagoniste particulièrement candide au sein de l’œuvre. Comparé à un enfant en bas-âge du fait de son absence d'éducation et de son enfermement permanent dans une cellule, Aaron symbolise une certaine innocence, et se satisfait de petits riens. Un pancake délicieux, voir l'être cher face à lui... Il finit par incarner un être d'humanité particulièrement pur. Partant de rien pour devenir un être doué d'émotion, il devient alors une des figures les plus humaines du récit, faisant de lui le personnage le plus touchant de l’œuvre.


Lyla et le Pardon

Parmi les autres grands symboles de la série, il y a aussi celui de Lyla, cette héroïne issue d'un foyer modeste qui va voir sa mère, aimante, assassinée devant elle. Pour Lyla, l'objectif de l'aventure n'est pas la rédemption mais la vengeance. Le scénario imaginé par Asato Konami opère donc un fascinant parallèle entre les deux protagonistes : Aaron est un meurtrier mais incarne le mieux l'image de la pureté, là où Lyla n'a pas de sang sur les mains mais devient un être habité par les plus mauvaises intentions. Cette opposition cherche sans aucun doute à constituer un tout. Car si Aaron est capable de s'humaniser, donc de partir du mauvais pour aller vers le bon, le cheminement de Lyla doit être similaire. On s'en doute assez rapidement, ses sentiments finiront pas devenir ambigus, ce qui ne manque pas d'arriver. Les doutes de l'héroïne deviendront même la caractéristique la plus fascinante de la jeune fille : Malgré le drame qu'elle a vécu, pourra-t-elle accepter la vérité autour d'un Aaron qui n'avait pas conscience des atrocités qu'elle commettait ? Pourrait-elle même lui pardonner une fois que la chimère sera devenue un être meilleur ? Là aussi, la finalité de la série répond à cette question. Et, sans trop en dire, la point final nourrit aussi le message d'amour global développé par la série.


Famille et Différence...

Un autre attrait de l'humanité très présent dans la série, c'est celui de la famille. Le thème est indirectement un élément déclencheur de l'intrigue puisque c'est parce qu'Aaron a détruit la famille de Lyla que la jeune fille accepte de partir en voyage avec la chimère, pour pouvoir l'envoyer au paradis et assouvir sa vengeance. Par la suite, l'idée de la famille sera utilisée avec habilité pour appuyer d'autres sujets abordés par l’œuvre, mais aussi pour permettre à Lyla d'avoir un autre regard sur le drame qu'elle a vécu. Voir la famille d'autrui provoquera le malaise chez l'héroïne, de manière compréhensible, ce qui ne manquera pas d'amener quelques notes d'émotion assez touchantes. Une émotion qui n'a rien de très gratuit, car elle permettra aussi à Lyla de faire son deuil et d'accepter ce qu'elle a perdu. Outre le Pardon, la demoiselle doit bien passer par les différentes phases du deuil au cours de la série. Le rendu sera abrupte pour certains étant donné que l'intrigue n'a pas forcément le temps de se pencher de manière exhaustive sur le sujet, mais a le mérite d'appuyer une héroïne vraiment meurtrie, et de légitimer cet archétype de personnage principal en quête de vendetta.

De manière purement émotionnelle, la Famille est aussi représentée comme le noyau le plus humains d'individus dans ce monde. Celle-ci est représentée à travers le foyer de Travis, hybride adopté par deux humains. Les auteurs jettent alors un regard sur la différence et la xénophobie, deux idées aussi très présentes dès le début de la série. Sans trop développer la chose, Asato Konami présente, à plusieurs reprises, un univers où les chimères sont purement méprisées quand elle ne sont pas considérées comme de simples marchandises. Le traitement du racisme est assez sommaire et simpliste dans l’œuvre, mais permet de renforcer la noirceur du monde dans lequel évoluent Lyla et Aaron, tout en faisant un parallèle avec notre propre réalité où le mépris de la différence est monnaie courante. Dans un tel climat, la famille de Travis sonne comme un pur message d'amour. On notera, d'ailleurs, que le trio formé avec le jeune homme incarne totalement le lien de paix entre humains et chimères : Aaron et Lyla sont une chimère et une humaine séparés par une volonté négative, mais l'arrivée de Travis, un être des deux bords, consolidera le lien sincère entre les deux héros. Sur une deuxième lecture, Lyla et la bête qui voulait mourir semble donc présenter des idées particulières intéressantes et plein de petites tentatives de raconter des choses sur les personnages et l'univers dans lequel ils évoluent. Peut-être que la série aurait pu rendre la chose plus explicite si elle avait duré quelques chapitres de plus...
  
  

© Asato KONAMI 2017 ©Eziwa SAITA 2017 KADOKAWA CORPORATION

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