Bienvenue dans un univers de sauvagerie
De la sauvagerie, clairement, il y en a dès les débuts des Royaumes Carnivores, qui posent avec force l'atmosphère dure où règne la loi du plus fort, par le biais d'une mise à mort brutale et atroce de la plus innocente des figures.
Pour bien appuyer ce cadre sans pitié, on peut dire que les choix visuels de l'auteur sont très bons, en premier lieu pour la densité qu'il parvient à mettre dans son trait assez brut et plutôt riche, ce qui sert efficacement les assez nombreux instants d'action et de tension.
Mais aussi pour la part d'humanisation des animaux : si Hata reste bien fidèle au design de base des lions, gazelles, zèbres, hyènes et autres chacals, il a toutefois décidé de les amener à un certain stade d'évolution : leurs expressions faciales (surtout les yeux) véhiculent beaucoup d'expressivité, ils sont capables de se déplacer en bipédie... Choix d'autant plus intéressant que le récit de ces animaux ne cesse de nous pousser à nous interroger sur le fonctionnement de notre propre espèce humaine.
Au-delà de ça, on peut souligner tout de suite la puissance que peuvent dégager les dessins de l'auteur. Ceux-ci sont assez riches dans les décors, comme en témoignent les plaines de la savane, la dense forêt de Sctou, ou la cité royale bâtie par les lions. Mais ce qui bluffe surtout est la limpidité et le dynamisme que Hata arrive à insuffler à ses régulières scènes d'action et de combat. Celles-ci sont très claires et denses, on y cerne bien les mouvements des personnages animaliers, et l'ensemble ne fait globalement pas semblant avec plusieurs vrais moments sanglants et brutaux, laissant des traces, des coups et des cicatrices.
JASMIN © 2014 by Yui Hata / SHUEISHA Inc.
