Œuvre engagée et comédie romantique scolaire
Dans Le Secret de Madoka, d'une part, il y a donc l'oeuvre engagée que nous venons de traiter, un manga court de six chapitres mais qui aborde son sujet avec intelligence et sous une atmosphère douce, le patos ne prenant finalement jamais le pas sur l'esprit bon-enfant de l'ensemble. Et parce que cette ambiance est importante dans le récit, on peut légitimement s'intéresser au one-shot en tant que tranche de vie teintée de comédie.
Car les ressorts comique nous sont proposés dès les premières pages, contrebalançant tout le caractère mignon de Madoka. Suite à sa première rencontre avec une Itsuki qu'il juge « classe » (tout en se méprenant sur son identité de genre), le garçonnet en vient à la querelle avec ce dernier, faisant même les premières expériences du poing dans la figure qui nous est montré drôle malgré la tension dramatique en arrière-plan. Car cette rixe survient après des propos blessants d'Itsuki, un comportement de la jeune fille qui sera rééquilibré au fil du récit. On a presque honte d'émettre un rictus, réaction due à la mise en image toujours assez excentrique de Deme Kingyobachi.
Dès lors, l'aspect humoristique du manga ne le quittera jamais vraiment, et passera aussi bien par le visuel que par les codes de l'histoire en eux-mêmes. Ainsi, si le quiproquo vis à vis du genre de Madoka par Hiroto, le frère d'Itsuki, pose évidemment la question de l'importance qu'on accorde au regard d'autrui sur nous, il créé aussi un décallage qui sied à la légèreté globale de l'oeuvre. Cet aspect est aussi caractérisé par Takato (et nous parlons bien du second frère d'Itsuki et non de votre serviteur), qui fait montre d'un caractère de cochon extrême en totale opposition avec son regard posé et objectif sur son entourage. Lui ne se méprend pas et accepte naturellement les goûts de Madoka, mais sera le centre de quelques frasques par son tempérament ronchon, finalement proche de celui de son petit frère.
C'est sans hésiter que la mangaka inclus des codes comiques à son récit, pas pour détériorer la gravité du ton, mais pour ne pas faire de son histoire une lecture déprimante. L'équilibre est alors particulièrement bien entretenu, car jamais Le Secret de Madoka ne laisse croire à une bouffonerie qui serait contre-productif vis à vis de ses messages, bien au contraire.
Et c'est aussi dans sa dimension scolaire que la comédie fonctionne, puisque le one-shot est aussi une tranche de vie écolière, soit un bon moyen de montrer la cruauté dont sont capables les enfants (chose que nous avons précédemment traité) tout en contrebalançant une nouvelle fois cet aspect grâce par un ton plus frivole. Mes camarades de classe des deux héros, souvent anonymes, sont aussi bien des moyens de traiter le message clé de l'oeuvre que de créer de l'humour, voire les deux au même moment. Comme nous l'avons dit, c'est par la dérision que le titre donne aussi de la force à ses idées, non pas en se moquant des individus en eux-mêmes mais en riant des comportements mauvais qui n'ont pas de sens, si ce n'est celui de la violence et de la méchanceté. On pourrait rapprocher ces moments de légèreté scolaire à une série en cours chez nous, Mon Amie des Ténèbres, dans laquelle le protagoniste rend ridicule les comportements de harcèlement d'autres élèves par sa dérision involontaire. Un autre moyen de créer des situations cocasses donc, tout en gardant le fond du récit intact.
MADOKA NO HIMITSU © Deme Kingyobachi 2019 / SHODENSHA Publishing Co.Ltd.
De Mai TÔJÔ 2, le 29 Janvier 2024 à 19h48
j'adore ce manga 😍
De Theodoryna [2278 Pts], le 26 Mars 2022 à 10h51
Merci pour ce dossier ☆
De Paliko-Paliko, le 26 Mars 2022 à 10h11
Merci pour ce dossier ! :-)
J'ai beaucoup aimé ce one-shot aussi, acheté un peu sur un coup de tête, comme quoi la chance existe !
J'aimerais beaucoup aussi découvrir la nouvelle oeuvre féline de l'autrice,
Kaiki Senban! Nekomachi Shôtengai
https://www.manga-news.com/index.php/serie-vo/Kaiki-Senban-Nekomachi-Shotengai-vo