Le Goût d'Emma - Actualité manga
Dossier manga - Le Goût d'Emma

Une mise en couleur chaleureuse


Quand on parle du Goût d'Emma, il convient de parler de sa dessinatrice, Kan Takahama, qui sublime le vécu d'Emmanuelle Maisonneuve réécrit par Julia Pavlowitch. La mangaka, bien que présente dans les librairies françaises depuis un moment, à vu sa notoriété grimper depuis les one-shot Le dernier envol du papillon et Tokyo, Amour et Libertés, aux éditions Glénat. En 2019, c'est par sa captivante série La Lanterne de Nyx que l'autrice a séduit de nouveau son lectorat francophone, tandis qu'elle a répondu présent au salon Livre Paris, et reviendra dans nos contrées début 2020 lors du Festival International de la Bande-Dessinée d'Angoulême. Son programme pour le début de la décennie nouvelle est déjà riche, puisque la fin de La Lanterne de Nyx paraîtra cette année, ainsi que son adaptation manga de L'Amant de Marguerite Duras, nouvelle preuve que la mangaka a un lien incassable avec la France. Du côté du Japon, l'autrice a lancé une nouvelle œuvre qui s'ancre davantage dans le style du Dernier Envol du Papillon, une série intitulée Oogishima Saijiki, et qu'il serait étonnant de ne pas avoir arriver chez nous dans les années à venir.


Alors, Le Goût d'Emma marque les retrouvailles avec une mangaka que nous connaissons bien. Mais l'ouvrage a une particularité : celle d'être intégralement en couleur. Jusqu'ici, nous avons pu apprécier sa colorisation à travers des planches distinctes et ponctuelles au sein d'ouvrage majoritairement en noir et blanc. Le Goût d'Emma est une aubaine, puisque la patte de Kan Takahama a ce caractère envoutant, pur et vivant, qu'on aimerait retrouver plus souvent.

Mais si on pouvait apprécier, jusqu'ici, sa mise en couleur sur des histoires se déroulant essentiellement au Japon, le présent one-shot a la particularité de se dérouler en France sur 90% de l'ensemble. Alors, voir Kan Takahama croquer visuellement l’Hexagone constitue un certain plaisir. Ici, pas de France rétro comme peuvent la percevoir des pays lointains, mais un pays bâtis de villes modernes, d'architectures élégantes (laissant croire qu'Emma habite dane le beau Paris), et de petits patelins mettent en relief la variété de la France. On sent alors que Kan Takahama a déjà voyagé chez nous, à plusieurs reprises. Ses représentations sont ans fioritures, tandis que la mise en couleur leur donne un côté chatoyant aidant à l'immersion dans ce grand voyage. S'étant mise au travail numérique depuis un moment, la mangaka démontre une certaine habileté à mettre en couleur, de manière vive dans être trop flashy, une belle diversité de personnages et d'environnements. Au final, Le Goût d'Emma s'apprécie pour son histoire, ses découvertes, les sujets abordées, les plats qui font saliver, et toute la mise en couleur de Kan Takahama, véritablement savoureuse, qui justifie à elle seule le prix de l'ouvrage.

Édition et adaptation


Le Goût d'Emma a bénéficié d'une édition hautement qualitative dans nos contrées. Il faut dire que les éditions Les Arènes ne sont pas spécialement familières au format manga classique, préférant se consacrer à de jolis ouvrages. Et, justement, le one-shot, épais de 200 pages, a droit à un grand format nourri d'un papier d'une belle épaisseur, et agréable en mains par son côté lisse. Le choix est excellent et idéal pour faire ressortir aussi bien le style et la couleur de Kan Takahama, et toute la saveur de l'ensemble du récit. La couverture, cartonnée, est enrobée dans une jaquette faite d'un papier mât, tout aussi appréciable. Et concernant la couverture, on notera une adaptation du visuel japonais par Constance Rossignol, pour un rendu plus sobre et épuré mais qui colle très bien au récit d'Emma.


Enfin, il serait peut-être difficile de parler de traduction à proprement parler. En effet, l'ouvrage ne présente pas de nom de traducteur, mais plutôt une coordination en directe du Japon par le biais de Corinne Quentin. Une information intéressante qui laisse croire que l’œuvre a été conçue directement en partenariat entre Les Arènes et Kôdansha, conjointement. Un procédé qui se ressent dans le texte particulièrement vivant : Les dialogues présentent énormément de sincérité, quitte à manquer parfois de naturel, mais contribue indéniablement au charme et à la saveur des voyages d'Emma. Clairement, on sent qu'il ne s'agit pas d'une simple adaptation d'un texte japonais, et que les textes ont été conçu en français de prime abord. Le Goût d'Emma devient alors un cas d'école, et une collaboration franco-japonaise débordante de couleur.



© by TAKAHAMA Kan / Kôdansha

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