La vie avant la mort - Actualité manga
Dossier manga - La vie avant la mort

Le cas des séries médicales


Bon, je pense que c'est un incontournable quand on parle de la vie et de la mort, les séries médicales. Elles ne sont pas très nombreuses en France, en manga, mais on peut noter la réédition de « Say hello to Black Jack » chez Naban, ou encore « Unsung Cinderella » chez Meian.


Pour ma part, je suis plutôt les séries médicales en série télévisée, et les séries coréennes sont pas mal fournies de ce côté-là. On peut parler par exemple de « Good Doctor », qui suit une jeune docteur autiste et qui est l'origine de la série américaine du même nom.


Dans la plupart des séries médicales, la question de vie et de mort est en centre. Bien évidemment, on pourrait parler du dilemme de l'euthanasie, sujet toujours controversé aujourd'hui.


Unsung Cinderella.


Ce qui est intéressant ici, c'est tout particulièrement le fait que les membres du corps médical soient confrontés à cette question quotidiennement, dans le cadre de leur travail. Ce n'est plus juste qu'une question morale, tout cela est institutionnalisé et mis en relation avec le serment d'Hippocrate auquel les médecins ont fait allégeance au moment de leur diplôme, mais également des choses beaucoup plus pragmatiques comme les questions d'assurances, de rémunération de l'hôpital, de mauvaise presse, de carrières... Un médecin, une infirmière, un pharmacien fait partie d'un tout et malheureusement sa bonne volonté ne suffira pas toujours à sauver la vie d'un patient. Tout un tas de facteurs pourront rentrer en compte pour se mettre en travers de son chemin. Notons également le cas des maladies dont ils ne pourront rien faire, ramenant quelque fois certains praticiens se prenant pour dieu à la réalité.


On retrouve tout ça chez « Unsung Cinderella », bien que ce ne soit qu'une pharmacienne. Au contraire, la série nous montre l'importance de cette profession dans l'hôpital, en tant que membre d'un tout. Mais elle parlera aussi de la place des pharmaciens à l'extérieur des hôpitaux. Ça montre autant la limite du système et comment les individus peuvent être souvent broyés par ce système s'ils ne sont pas assez soutenus, qu'ils sont isolés, etc... On retrouve également ce genre de problématiques dans les dramas Life et Dr Romantic.


Life.


Bref, narrativement, les séries médicales sont très efficaces. Elles peuvent s'articuler de manière assez simple : un patient vient pour consulter, le corps médical l'examine et le soigne ou non. Les enjeux deviennent rapidement clairs et peuvent vite devenir palpitant. Quand on rajoute à cela le côté tentaculaire des structures des hôpitaux et leurs propres enjeux (financier, réputation...), le tout peut être détonnant et vraiment addictif. D'autant plus que la question de la vie et de la mort n'est jamais vraiment résolu et dépendra souvent des humains qui y font face et des structures dans lesquels ils se trouvent.



Commentaires

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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 11 Juin 2022 à 00h41

Le sujet est bien traité, sauf pour un point : l'immortalité est présenté de façon trés partial, comme quel chose d'obligatoirement négatif. C'est le cas dans ce dossier comme dans tout les mangas, sans exception (ou alors je n'en ai pas vue).

Nous trouvons des excuses à la mort parce qu'elle a toujours été là, tout comme nous trouvons des excuses à toutes sortes de traditions malsaines simplement parce qu'elles sont entrées dans les habitudes et que les gens n'aiment pas le changement. Accepter la fatalité a été l'excuse brandie par le christianisme pour rejeter la médecine pendant des siècles. Si l'immortalité est une possibilité accessible et qu'on mêne une vie satisfaisante, il n'y a rien de mal a vouloir la prolongée autant que possible.

Voq

De Voq [677 Pts], le 30 Mai 2022 à 23h58

Vaste sujet, qui induit de multiples pistes de réflexion, et qu'on retrouve très souvent dans les œuvres de fiction. Mais effectivement, certains types de récits le placent au centre de leurs préoccupations. J'ai beau ne connaître que les titres de la plupart des œuvres évoquées dans le dossier, les thématiques abordées sont universelles.

Rien que l'idée d'aimer la vie tant qu'on le peut touche tout un chacun. Mais pour en faire l'enjeu d'une histoire, le « tant qu'on le peut » devient une échéance concrète et dont le personnage a conscience plutôt qu'un futur indéterminé.
Cela peut venir d'un danger mortel, qui remet en cause la façon dont on a vécu jusque-là et ouvre la perspective de mieux profiter de la vie à l'avenir si jamais on arrive à s'en sortir, ou dans certains cas donne l'impression de vivre plus intensément lorsqu'on côtoie la mort. Ce sont des choses que l'on retrouve par exemple dans le genre survival.
Mais si l'on préfère aborder le sujet à travers le drame ou la romance, pour avoir une mort proche (qu'elle soit certaine ou non), c'est bien souvent le thème de la maladie qui va s'imposer. Mettons ça dans le cadre d'une œuvre à destination d'un public ado / jeune adulte, ajoutons le côté très codifié des mangas, et nous voilà face à des titres qui semblent avoir tous le même pitch de base, et un traitement très similaire. Avec une jeune fille dans le rôle-clé parce que... le public s'attache plus facilement à une fille ? (C'est une généralisation très grossière mais un lecteur masculin va plus facilement s'identifier au garçon lambda qui tombe amoureux de cette fille, et ainsi être touché par l'histoire, que si les rôles étaient inversés).
Pour ma part, ce type d'histoire ne fait pas spécialement ressortir mon côté troll, je vais juste passer mon chemin s'il n'y a pas au moins un élément pour m'intriguer / attirer mon attention. 300 jours avec toi, je ne suis pas allé plus loin que l'annonce du manga, je ne l'ai même pas feuilleté en librairie. En revanche, j'ai lu le light novel Ce qu'il reste de nos souvenirs, où l'affection touche la mémoire et donc où vivre une vie de lycéenne normale est un peu plus compliqué que de faire bonne figure devant les camarades, en plus de laisser le champ libre pour certaines révélations concernant le passé (même si le traitement de fond reste très classique). J'ai aussi acheté le LN Je veux manger ton pancréas juste parce que j'aimais bien le titre, haha (mais je ne l'ai pas encore lu).
Sinon, pour garder l'idée de vivre à fond avant une mort proche mais en évitant le coup de la maladie, j'ai trouvé beaucoup plus intéressant Pour trois jours de bonheur de Sugaru Miaki (Le prix du reste de ma vie pour la version manga) où, face à la perspective d'une existence dénuée de valeur, le héros choisit de vendre son espérance de vie pour n'en garder que trois mois. Bien qu'on entre là dans le domaine du fantastique, le fond de l'histoire ne repose pas du tout sur ce commerce d'espérance de vie mais bien sur le fait d'apprendre à profiter du peu de temps qu'il lui reste.

*

Concernant le thème de l'immortalité, s'il s'agit d'une immortalité individuelle, exceptionnelle, on a effectivement une distinction entre celle déjà en place et celle qui représente un but à atteindre.

Dans le premier cas, un personnage immortel et satisfait de son existence aura difficilement une grande valeur narrative, à moins qu'il s'agisse d'un ennemi à abattre, genre créature légendaire ou dieu maléfique. Un immortel satisfait de sa condition et bienveillant (ou indifférent) ferait plus office de divinité qui pourrait intervenir de manière sporadique, sans occuper de place centrale dans le récit, sinon où seraient les enjeux ?
À l'inverse, avec un personnage qui voit l'immortalité comme une malédiction (solitude, lassitude...), on peut véritablement mener une histoire ; c'est une idée que l'on retrouve parfois aussi associée au mythe du vampire : je pense par exemple au personnage de Kiss-Shot Acerola Orion Heart-under-Blade de la saga Bakemonogatari (plus spécifiquement Kizumonogatari). Avec ce traitement de l'immortalité, on bénéficie en plus d'une certaine valeur morale : la vie finit par perdre tout son sens si elle se poursuit indéfiniment (la vie avant la mort plutôt que la vie sans la mort) ; quelque part, là où l'humain peut voir sa mortalité comme une malédiction, il s'agit d'adopter un autre point de vue afin de renverser cette conception.
Après, certaines histoires ne s'encombrent pas d'une telle morale : dans la toute récente Anthologie 17-21 de Tatsuki Fujimoto, par exemple, on peut croiser un immortel qui n'aspire qu'à mourir au début du récit, une idée qu'il délaisse lorsque sont rompus la solitude et l'ennui.

Maintenant, si l'immortalité n'est plus une donnée mais un but à atteindre, les enjeux sont différents.
Tellement de choses à découvrir, à accomplir, comment une seule vie pourrait-elle suffire ? Tout en restant de l'ordre du pur fantasme, l'idée ne manque pas d'attrait à mes yeux... si l'on oublie de penser à très long terme (d'ailleurs, quand on pense aux personnages immortels qui voient leur condition comme un fardeau, c'est généralement après une très longue existence, l'équivalent de plusieurs vies humaines).
Partant de là, est-ce que j'ai envie de lire l'histoire d'une personne en quête de vie éternelle, qui réussit et qui vit éternellement heureuse ? Pas sûr que ce soit bien passionnant, ni satisfaisant du point de vue du lecteur. Non, les protagonistes sont plutôt du genre à renoncer à l'immortalité quand ils prennent conscience du prix à payer, et c'est effectivement l'apanage des antagonistes d'être prêts à tout pour atteindre ce but, surtout si la mégalomanie s'en mêle (quelque part, devenir immortel revient à devenir un dieu). C'est toujours assez ironique de voir des personnages gâcher leur vie dans un vain espoir de la prolonger.

Quant à l'idée d'une immortalité collective, démocratisée, c'est un peu l'aboutissement de la médecine : la mort n'est plus seulement repoussée, elle est véritablement vaincue. Ce qui mène à tout un tas d'autres problèmes. Je m'éloigne de la pop culture japonaise (ainsi que des romans américains ;-) ), mais je trouve fascinante la façon dont est traitée cette idée dans Futu.re de Dmitry Glukhovsky, notamment à travers la « loi du choix » imposée par la surpopulation : pour être autorisé à avoir un enfant, l'un des parents doit perdre son immortalité.

*

Avec le sujet de la médecine, on fait passer la vie avant la mort non plus d'un point de vue individuel, mais altruiste (enfin, dans la théorie, mais je ne vais pas commencer à m'attarder sur l'idée de soigner quelqu'un / sauver une vie par pur intérêt personnel).
Et là, je dois dire que je ne suis pas spécialement adepte des séries médicales, donc pas connaisseur non plus. Mais parfois, je trouve la position de médecin de certains personnages particulièrement intéressante. Alors oui, je pense aussi à un certain personnage quand il renoue avec son père chirurgien dans le quatrième tome d'une certaine série de romans, mais pour rester coté mangas (ou y revenir), je vais plutôt citer Monster où, au-delà de certaines décisions hiérarchiques contestables d'un point de vue humain, une vocation est remise en cause quand une vie sauvée se révèle un monstre qui répand la mort.

*

Et enfin à propos du suicide j'ai encore envie de faire encore un écart en évoquant Le magasin des suicides de Jean Teulé, mais je ne voudrais pas finir complètement hors-sujet vis-à-vis du site (et oui, c'est carrément un moyen détourné de le mentionner quand même).
Outre les appels de détresse de personnages qui finiront sauvés (on en trouve aussi dans GTO, qui n'oublie alors pas la gravité d'un tel acte malgré le ton humoristique de la série et l'exubérance de son protagoniste), on rencontre aussi des suicides réussis, qui, plus qu'un élément dramatique, font alors office de révélateur (d'un point de vue scénaristique). Dans Many Reasons Why, le suicide d'une collégienne qui semblait avoir tout pour elle est un point de départ qui va faire éclater les tensions et exposer les faux semblants qui jusqu'alors donnaient l'impression d'une existence paisible et heureuse. Dans un autre ordre d'idées, Parasites Amoureux (tiens, j'ai déjà parlé de Sugaru Miaki plus haut) nous interroge sur l'idée d'un bonheur de marionnette, induit par un parasite, et c'est paradoxalement un suicide qui va révéler la part de choix personnel, de réalité dans ce bonheur.


Bref, énormément de choses à dire sur tout ça, et rien d'étonnant à ce qu'autant d'œuvres de toutes origines abordent ce(s) sujet(s), même s'il ne faut pas oublier qu'elles répondent à des impératifs scénaristiques. En tout cas, chacun aura ses références en la matière, qui, aussi différentes qu'elles soient, pourront se rejoindre dans leurs interrogations ou dans les idées véhiculées.
Pour ma part, je vais m'arrêter sur cette citation hautement philosophique (et pas du tout japonaise, une fois de plus) :
Always look on the bright side of life *whistle*

Voq

De Voq [677 Pts], le 27 Mai 2022 à 09h57

Life before death.


Strength before weakness.
Journey before destination.

Excellente référence !
(Bon par contre je viendrai lire le dossier plus tard, là je n'ai pas le temps.)

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