Une série plus que prometteuse...
« La Princesse Vagabonde » partait comme une grande épopée historique, à la « Kingdom » ou « Altair ». Alors oui, on était pas au même degré d'intensité que les deux séries citées, mais les enjeux étaient bien là. Tout simplement, notre personnage principal était dans une retenue, une sorte de force tranquille, tout en usant sans relâche de stratégies pour sauver les personnes qui l'entouraient, sans pour autant oublier son désir de vengeance. Est-ce parce que ce personnage était une femme ? Peut-être...
Cette grande épopée historique démarre assez classiquement, par une prise de pouvoir assez violente mais aussi par un désir de vengeance. Yongning a perdu tout ce qu’elle avait, et se voit contrainte de vivre comme un fantôme pour survivre. Elle décide donc de partir à la recherche d’une armée qui lui permettrait de se venger de son oncle, et lui seul.

Une des particularités de cette histoire, c’est qu’il n’y a pas vraiment de manichéisme. Bien qu’on sache ce qu’à fait Li Shimin, on ne le détestera pas. Il n’est pas présenter comme un homme avide de pouvoir, mauvais ou quoique ce soit d’autre. Il est finalement assez peu présent au début de l’histoire, et c’est plutôt à son conseiller, Du Ruhui, que nous avons affaire en tant que lecteur. Et là aussi, même si celui-ci recherche la princesse décédée, il ne semble pas être prêt à toutes les félonies pour ça. Bien sûr, certaines de leurs décisions auront des impacts forts sur notre héroïne et sur les décisions qu’elle prendra, mais rien ne nous les montrera comme des personnes nuisibles. Au contraire, Li Shimin montrera un certain talent en tant que diplomate et arrivera à éviter un conflit avec le grand Khan rien qu’en allant lui parler. C'est d'ailleurs le personnage de Li Changge/ Yongning qui est le plus intéressant. Elle vit des choses atroces en permanence, et elle semble résister au désespoir à chaque fois, grâce à une sorte de force tranquille, d'un calme qui lui permet de prévoir plusieurs coups d'avances, histoire d'assurer sa survie. Ce n'est finalement qu'après la trahison de sa première amie, Mimi, qu'elle aura un moment de faiblesse. Qu'elle se laissera aller, à son désespoir et qu'elle laissera son destin au hasard. Elle qui avait toujours su résister, qui s'était évertuée à protéger les gens devant elle, que ce soit les gens de la province de Shuozhou ou les Turcs orientaux qui s'étaient alliés aux Khitans.
Je dirais que cette histoire essaye d’insuffler une belle dose de réalisme dans son histoire. Pas forcément dans la véracité des éléments qui s’y passent mais plutôt dans la manière dont l’histoire se déroule, dans la manière dont Xia Dia construit ses personnages. On est loin de l’exagération shonenesque (souvent très appréciable) de certains mangas. Si Xia Dia avait voulu prendre cette direction, on se rend vite compte qu'elle aurait pris comme personnage principal Ashina Sun, beaucoup plus dans ce genre de codes. Un jeune général intelligent, pris dans des guerres de pouvoirs dont il aimerait s'extraire car il veut simplement protéger ses gens. Un personnage d'une loyauté et d'une droiture sans faille. À coté de ça, Li Changge est plus comme une anguille, qui se faufile, s'adapte à toutes les situations pour survivre.

Parlons maintenant un peu du dessin, un des gros points forts de la série. Le trait et fin, élégant et précis. Il y a un vrai travail des faciès des personnages, surtout masculin, et s'il y avait une critique à faire, ce serait plutôt sur les visages féminins, toujours un peu trop lisse et qui tendraient à se ressembler pas mal entre eux, et seuls les coiffures permettraient une vraie distinction. À côté de ça, on a un sacré travail sur les décors et l'ambiance. Des décors plus poussés que dans certains mangas, mais qui profite de quelques tricheries de trames comme on les connait bien. Et les pages couleurs... Ah la la... Pas étonnant qu'elle travaille en couleur maintenant, son dessin y est vraiment magnifié.
Bref, que ce soit en terme de narration ou de dessin, « La Princesse Vagabonde » est une œuvre à découvrir, même inachevée.
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