Dernier écho de notre existence (le) Vol.2 - Actualité manga

Dernier écho de notre existence (le) Vol.2 : Critiques

Ginga Rocket ni Ohagaki Kudasai

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Août 2025

Le compte à rebours jusqu'à la destruction de la Terre par une météorite est désormais bien entamé, et face à la situation les humains réagissent de manières très différentes. Inévitablement, les personnes qui font le plus parler d'elles sont celles qui précipitent encore un peu plus l'espèce humaine vers son inéluctable fin: les suicides (parfois même en famille), les émeutes et autres agression sont de plus en plus légion car, visiblement, selon certains, pourquoi s'embarrasser encore de la morale et du fonctionnement de la société puisque bientôt plus rien n'aura de sens ? Pourtant, dans ce climat chaotique, et notamment à travers les lettres vouées à êtres transmises dans le vaisseau Ginga Rocket, il y a toujours des personnes qui, malgré leurs doutes et leurs moments d'errance, gardent toujours l'espoir de passer au moins des derniers instants heureux, et d'offrir à l'espace une preuve qu'ils ont existé.

Même s'ils ne peuvent eux non plus pas échapper à l'état du monde et notamment aux émeutiers de plus en plus violents, c'est sur ces gens ayant encore quelque chose d'humain que les auteurs continuent de se focaliser dans ce deuxième et dernier tome bien épais d'environ 260 pages, et cela à travers trois nouveaux cas qui ont tous quelque chose à dire sur ce qui fait notre humanité, en bien comme en moins bien.

Ainsi suit-on d'abord la famille Suematsu et plus précisément Nanako, lycéenne désabusée qui avait toujours rêvé d'aventures sans attaches et qui, à l'heure où le monde vole en éclats et où elle frôle enfin l'"aventure" dont elle rêvait, risque bien de déchanter. A l'image de sa mère, elle voyait son père comme un homme trop sérieux et profondément ennuyeux, et avait le regard si perdu vers l'horizon qu'elle ne voyait même plus son propre petit frère. Mais quand son père, modeste conducteur de bus, entreprend de les conduire indemnes jusqu'à leur destination en compagnie d'autres passagers, quitte pour ça à devoir faire face aux routes fermées, au manque de carburant et aux émeutiers, la jeune fille risque bien d'enfin voir où se situe l'essentiel, et d'enfin comprendre le sens de la fin d'un film d'aventures qu'elle a toujours adoré.

De leur côté, les trois soeurs de la famille Hara se réunissent enfin à l'occasion du décès de leur mère, une mère que Tamaki n'avait pas vue depuis 19 ans. Partie il y a longtemps pour Tokyo afin de fuir une vie qu'elle trouvait trop modeste, la désormais trentenaire retrouve sur place ses deux soeurs avec qui elle ne s'entendait pas spécialement et qui, elles, sont toujours restées proches de la figure maternelle, comme deux gentilles filles sérieuses. Et à présent, dans un contexte où elles devront organiser elles-mêmes des funérailles dignes de ce nom, Tamaki va peut-être se rendre compte qu'elle ne connaissait rien de sa mère propre mère, et pourrait cerner en quoi le bonheur consistait pour elle.

Enfin,la dernière histoire est celle de Tasuya, un homme au rôle essentiel puisqu'il est facteur et doit donc inlassablement récupérer les lettres pour le Ginga Rocket. Pourtant, face au monde qui se désagrège, et suite à de profonds traumatismes familiaux, il doute de plus en plus de son rôle, au point de céder psychologiquement. Comment ses proches parviennent-ils à garder bonté, solidarité et espoir après tout ce qu'ils ont traversé et alors que la Terre s'apprête à disparaître ? Y a-t-il vraiment un sens à expédier ces lettres dans l'espace alors que la chance qu'elles soient un jour récupérées et comprises semblent infimes ? La réponse pourrait bien lui être donnée par la plus innocentes (mais pas duper pour autant) de toutes les personnes: une enfant. Sa propre nièce, Emi.

Tout comme dans le premier volume, c'est avec une émotion à la fois palpable et assez contenue que les deux mangakas décortiquent l'état d'esprit de leurs personnages, les font passer par différentes formes de doutes pour à l'arrivée mieux faire ressortir la valeur de ce qui les fait tenir, valeur passant bien souvent par le rapport aux êtres qui leurs sont chers, que ceux-ci soient encore en vie ou soient déjà disparus. Dans cette optique, on appréciera toujours autant les petites connexions entre les histoires que les auteurs font, comme pour mieux faire sentir que tout le monde est dans le même bateau, à l'image du dénommé Akai dont on suit un peu la propre histoire en tant que personnage secondaire des deux premiers récits de ce tome, ou de la petite Emi qui est un peu celle avec qui tout avait commencé de manière poignante à la fin du prologue dans le premier volume.

Les choses restent ainsi très joliment pensées, jusqu'à un épilogue dont le parti-pris reste intéressant. Tragédie où la science-fiction est pleinement mise au service d'un récit intime, très humain et touchant, Le dernier écho de notre existence est un court manga qui vaut largement le coup d'être découvert.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction