Double Edge - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Août 2025

Désormais prévu aux éditions Hana en septembre après avoir d'abord été annoncé pour ce mois d'août, Double Edge faisait partie des mangas boy's love disponibles en avant-première sur le stand de l'éditeur à Japan Expo, d'où l'arrivée anticipée de cette chronique. Prépubliée au Japon sous ce même titre, pendant l'année 2022, dans le magazine Gush des éditions Kaiôsha, cette histoire en six chapitres (plus un petit épilogue exclusif au volume broché, pour un total d'environ 180 pages) est la toute première publication française de tapon, une autrice assez discrète qui a à son actif quelques autres récits (majoritairement BL, mais pas uniquement) depuis ses débuts en 2016.

Cette oeuvre, comme pas mal d'autres dans le genre, nous immisce dans l'univers de la mode, auprès d'Akira, un jeune créateur de mode en vogue. Profitant souvent de sa popularité actuelle pour mettre dans son lit les admirateurs qui lui plaisent pour un enchaînement de conquêtes sans lendemain où il a l'habitude d'être le dominant, il se retrouve désormais à devoir composer avec Subaru, mannequin populaire et ouvertement gay qui est le premier à critiquer sans détours ses créations. Peinant à se comprendre, les deux hommes semblent d'abord partir dans une sorte de querelle d'ego, mais la situation entre eux risque de changer du tout au tout lorsque, pour tenter de mieux se comprendre, ils décident de se mettre littéralement à nu en couchant ensemble. Là, pour la première fois, Akira, habituellement dominant dans ses relations, se retrouve dans la position inverse face à l'entreprenant Subaru, et y trouve un plaisir inédit qui pourrait bien être le point de départ vers une évolution respective des deux hommes.

Commençons par aborder les quelques évidentes qualités de tapon dans cet ouvrage. Sur le plan visuel, l'autrice, en plus de vouloir offrir des planches généralement assez riches et des visages séduisants (il suffit de voir la jaquette pour s'en convaincre, avec de coiffures travaillées, des regards qui ressortent bien et des cils travaillés), a surtout pour elle une volonté de bien travailler le look de ses héros, avec des tenus assez réfléchies pour faire ressortir les différentes facettes de leur charme, ce qui est somme toute parfaitement adapté à un manga qui se déroule justement dans l'univers de la mode. Et du côté du scénario, on retiendra surtout les quelques éléments évoquant l'acceptation de l'homosexualité à la fois par la personne directement concernée et par l'entourage, Subaru et Akira étant dans deux cas opposés: quand le premier a vu son coming-out tout naturellement accepté par sa mère, le deuxième a été violemment rejeté par ses parents quand ils ont découvert son orientation sexuelle.

Mais le problème dans cette oeuvre, c'est que les bonnes choses s'arrêtent là. Le reste n'est pas mauvais pour autant, mais est tout simplement très banal. L'oeuvre pèche en particulier sur son écriture, les répliques étant souvent artificielles, peu naturelles (et cela ne semble pas venir de la traduction française où Caroline Alexandre s'en sort correctement avec clarté, malgré quelques coquilles ayant échappé à la relecture). La même constatation peut être faite sur la gestion des principaux rebondissements qui sont amenés de la manière la plus basique voire facile qui soit, le meilleur exemple étant peut-être la façon dont Akira sort de nulle part face à Subaru au cimetière. Le personnage de Nagisa, troisième figure importante du récit, cristallise un peu toutes ces limites: le bonhomme a beau connaître sa propre petite évolution au fil des pages, tout ce qui est proposé sur lui reste très superficiel, et il est vraiment cantonné à un rôle de personnage-fonction sans plus de substance. Enfin, sur le plan visuel, beaucoup de limites finissent par ressortir, en particulier dans les scènes de nudité et d'érotisme: anatomies un peu aléatoires (un bon exemple au tout début du chapitre 2, avec un pénis totalement improbable), visages et mouvements trop figés, incapacité de la dessinatrice à proposer des torses suffisamment réalistes...

A l'arrivée, on ressort de cette lecture sans sentiment particulier. L'autrice montre pourtant quelques qualités graphiques et idées de scénario, mais derrière cela tout reste traité de manière beaucoup trop artificielle pour marquer un minimum les esprits, le résultat étant alors un BL pas mauvais du tout mais très anecdotique.

Côté édition, enfin, au-delà de la traduction dont on a déjà parlé plus haut, on peut souligner le lettrage assez propre et la jaquette très fidèle à l'originale japonaise. Le principal regret viendra de l'impression effectuée en Chine sur un papier qui est un peu transparent et qui manque de souplesse malgré son épaisseur, rendant le livre peu agréable à manipuler.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.5 20
Note de la rédaction