Dossier manga - Knights of Sidonia
Lecteurs
18/20

Partie III

  
  

Graphismes

  
L'autre révolution pour Tsutomu Nihei se constate au niveau de son trait. Dans BLAME!, malgré des maladresses propres à tout débutant, le jeune mangaka se distinguait par un style unique, très crayonné, dans une ambiance gothique et oppressante. Son dessin s'est ensuite affiné pour atteindre un pic de lisibilité dans Biomega, tout en gardant la complexité qui lui était propre. Mais soudain, dans Knights of Sidonia, patatras ! L'auteur se plie soudain aux codes classiques du genre : son trait se veut beaucoup plus appuyé, les dessins sont clair, on note aussi l'usage de trames à outrance... Son style graphique s'est ainsi contraint aux carcans en vogue, en raccord dans sa plongée narrative vers le mainstream. Notons cependant une évolution intéressante au fil de la série : d'un trait épais et solide, le dessin s'affine peu à peu au fil des volumes, offrant une clarté de plus en plus proéminente et des lignes discontinues, plus proche de son style initial. C'est comme si, après s'être contraint à un exercice de style, son naturel revenait au galop.
  
Pourtant, dans cet excès de classicisme, Tsutomu Nihei conserve une patte qui lui est propre. Au niveau des personnages, si les regards sont plus grands, l'intérieur des yeux est souvent empli de noir, tranchant avec l'absence de détails sur le reste du visage. Cela accentue l'inexpressivité des protagonistes, en leur donnant un aspect de poupée de porcelaine, malléables à merci. Les contrastes sont aussi omniprésents dans les décors, l'auteur n'ayant plus rien à prouver dans le domaine du vertigineux. Cet appel du vide se ressent aussi à l'arrivée des Gaunas, mais l'on pourra reprocher un vrai manque de lisibilité dans les affrontements. Gaunas et sentinelles se croisent parfois dans la confusion générale, et il faudra souvent s'en remettre aux déclarations des personnages (et donc à leur perception de la situation) pour y voir plus clair. A moins qu'il ne s'agisse là encore d'une ruse de l'auteur, bâclant les passes d'armes pour mieux sublimer ses protagonistes ? On a cette fois un peu plus de mal à le croire...
  
  
Knights of sidonia visual 4
    
  

L'adaptation animée

  
Hormis quelques OAV anecdotiques pour BLAME!,  Knights of Sidonia est la première série de Tsutomu Nihei a bénéficier d'une adaptation en anime. L'annonce tombe au printemps 2013, et l'on sentit alors que la série n'allait pas être comme les autres...
  
En effet, le projet a été confié à Polygon Entertainment, studio basé dans l'animation en images de synthèse. Ayant longtemps travaillé à base de celluloids, la production japonaise a conservé une tradition d'animation 2D (même si l'ordinateur a depuis longtemps remplacé les pinceaux), et les séries en full 3D-CGI restent marginales. Le studio Polygon s'est ainsi fait connaître en travaillant sur les effets spéciaux de Ghost in the Shell 2 Innocence en 2002,  ce qui amènera le réalisateur Mamoru Oshii à retravailler avec eux pour son film The Sky Crawlers en 2008, tout en images de synthèse. En 2014, Polygon a également collaboré avec le célèbre studio Ghibli sur sa série Ronya, fille de brigand. On le retrouve aujourd'hui sur la trilogie cinématographique et la série animée basées sur le manga Ajin.
  
La réalisation est confiée à Kobun Shizuno, qui s'était illustré sur plusieurs films de la saga Conan ainsi que les sur les OAV Hokuto no Ken – La légende de Toki. Le scénario du manga est adapté par Sadayuki Murai (Boogiepop Phantom, Natsume Yûjin-chô), le chara-design par Yuki Moriyama  (que l'on retrouvera les années suivantes sur Ajin), et les musiques sont signées par Noriyuki Asakura (Kenshin, Ragnarok). Couvrant approximativement les cinq premiers volumes du manga, la première saison en douze épisodes est diffusée du 10 avril au 27 juin 2014 au Japon. 
    
   
  
    
A l'issue de la diffusion du dernier épisode, l'équipe de production annonce déjà qu'une suite est prévue, et donne rendez-vous aux spectateurs en novembre. Ainsi, quelques mois plus tard, lors d'un événement dédié au Tokyo Dôme City Hall, deux nouvelles annonces attendaient les fans. D'une part, celle d'un film, dirigé par Kobun Shizuno, et récapitulant les évènements de la première saison, avec quelques séquences inédites. Ce long-métrage fut projeté dans les salles japonaises pendant deux semaines à partir du 3 mars 2015, offrant quelques bonus exclusifs à ses spectateurs.
  
La deuxième annonce fut celle d'une saison 2, lancée après la diffusion du film, le 10 avril 2015. Comptant douze épisodes supplémentaires, cette suite est cette fois dirigée par Hiroyuki Seshita, assistant-directeur sur la saison 1. Introduisant le personnage de Tsumugi Shiraui, cette nouvelle saison couvre les évènements jusqu'au 42ème chapitre du manga (soit à la moitié du tome 9). Il reste donc à espérer une troisième saison pour conclure l'aventure, même si rien n'a encore été annoncé en ce sens.
   
   
  
    
Si les insertions d'effets spéciaux en 3D se sont largement démocratisé dans les productions japonaises, les séries réalisées entièrement par ce biais ont encore mauvaise réputation. En particulier, l'animation des personnages perd en expressivité : il est en effet plus aisé de dessiner l'expression que l'on souhaite sur un visage, plutôt que de se contraindre aux déformations sur un modèle existant. Aussi, même si Polygon utilise des procédés poussés comme la performance capture, il ressort de ces productions une sensation de malaise, propre au phénomène de l' « uncanny valley » : lorsque des représentations d'humains deviennent trop proches de la réalité, le moindre défaut trouble notre perception. Cependant, cette impression d'étrangeté sied parfaitement aux univers de Tsutomu Nihei, et particulièrement à celui-ci, où les personnages ne sont plus vraiment des humains tels que nous les concevons. En outre, on retrouve dans la série animée le jeu de contraste du manga, avec des éclairages massifs à l'intérieur du Sidonia (se reflétant sur les peaux lisses des personnages), et des effets lumineux du plus bel effet dans l'obscurité spatiale lors des affrontements. Bien qu'imparfait, l'anime est donc à l'image du produit original : hybride et déroutant, malgré des points de repère bien connus.
  
Notons par ailleurs que cette collaboration permettra de remettre en avant le premier succès de l'auteur : BLAME!. Apparaissant d'abord comme caméo dans Knights of Sidonia, en tant que « série dans la série », la première œuvre sera très prochainement déclinée en film d'animation, via le studio Polygon, permettant ainsi à Tsutomu Nihei de fermer une boucle...
  
   
  
  

SIDONIA NO KISHI © Tsutomu Nihei / KODANSHA Ltd.

Commentaires

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ShakuganKenshin

De ShakuganKenshin [577 Pts], le 06 Avril 2016 à 19h17

18/20

J'avais été vraiment impressioné & ai apprécié Sidonia no Kishi (visionner que l'animé).

Appréciant à la base les mecha, & là, avec ce mélange futuriste, je m'étais dis pourquoi pas! Et cette série s'est finalement avèré réussite de plaisance; en somme je conseil.

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