Judge - Actualité manga
Dossier manga - Judge

Jugement cinématographique


En 2013, une adaptation live de la série est lancée avec à la réalisation et au scénario Yo Kohatsu, homme impliqué dans le milieu du cinéma japonais depuis la fin des années 2000. Parmi les acteurs notables, les deux jeunes talents que sont Koji Seto et Kasumi Arimura parleront peut-être à certains, ces derniers s’étant illustrés dans certains drama ainsi que films nippons de ces dernières années. Judge, le film, représente l’archétype du film à petit budget si bien qu’on pense avant tout au téléfilm quand on a affaire à la production. L’action se déroule dans deux pièces distinctes seulement et le métrage ne dure même pas 1h30. Pour un film cinéma et pour adapter les six tomes du manga de Tonogai, cela fait peut. Mais était-ce vraiment l’intention de Yo Kohatsu que de rendre une copie confirme à l’histoire d’origine ?

Le film Judge démarre de manière très similaire au manga. Une poignée d’individus portant un masque à l’effigie d’animaux se réveillent attachés, dans une même pièce, et tous vont devoir se soumettre à un jugement. Plusieurs fois par heure, un moniteur leur permettra de voter pour la personne qui devra être exécutée, moniteur qui permet à chacun d’en savoir plus sur les « pêchés » des autres… Qui doit vivre, qui doit mourir ? Pour leur propre survie, nombre de participants de donneront le droit de vie ou de mort sur leurs camarades de procès.

Au fil du film, on comprend aisément que seule l’idée d’origine du manga a été reprise pour réaliser le long-métrage tant les changements sont légions. Les personnages d’origine sont remplacés par de nouveaux venus, souvent très inspirés des personnages de Tonogai, le déverrouillage des différentes pièces du bâtiment n’a pas lieu (ou de manière très réduite), et toute la surprenante partie qui construit les deux derniers tomes du manga est exclue, de manière à ce que le film développe sa propre vision du procès. A ce titre, nous sommes en plein cœur des productions horrifiques du genre qui soulèvent un scénario presque ambitieux pour se baser finalement sur la suggestion. La fin du film Judge aura donc de permettre à chacun de se poser des questions puisque rien n’est vraiment expliqué quant aux rebondissements finaux, de quoi faire grincer des dents tout en apportant une certaine ambiance.

Car si le film Judge peut se montrer creux en termes de personnages et d’intrigue, son atmosphère est réussie et va de pair avec le petit budget octroyé à la production. Le faire de centrer l’action sur deux pièces accroit la dimension « huit clos », l’absence d’échappatoire qui frappera les plus claustrophobes des spectateurs. Avoir remplacé les « observateurs » du manga par un système informatisé accentue la sensation, avoir un adversaire non-humain le rendant intouchable. Enfin, c’est par l’absence de bande-originale que le film développe son ambiance. Comme dans le manga, le cadre de Judge est glacial, de quoi rendre fou aussi bien les jugés que le spectateur.

Il serait toutefois faux de dire qu’il n’y a aucune bande originale dans Judge puisque le générique de fin est interprété par le groupe Man With a Mission, quintet qu’il est de moins en moins nécessaire de présenter et qui se distingue par… ses masque à l’effigie de têtes de loups ! Une chanson de fin dynamique et un joli clin d’œil au manga de Tonogai, donc.





Ki-oon soigne le procès


On sait de l’éditeur la qualité des ouvrages proposés. Judge ne déroge pas à la règle et les six volumes présentent les caractéristiques des séries que Ki-oon propose, notamment la présence de pages couleurs sur papier couché brillant et un papier épais et solide qui ne risque pas de se déchirer entre vos doigts. La traduction n’est pas en reste et s’avère très juste dans l’écriture des dialogues ou dans la manière d’adapter le ton de chaque réplique aux caractères des personnages, un élément essentiel quand on sait que ces mêmes caractères sont associés au pêché de chacun.

Contrairement à Doubt, Judge n’a pas eu droit à un coffret intégral, ce qui peut notamment s’expliquer par le fait qu’un coffret de six gros volumes serait pour le moins encombrant. L’édition standard est donc le seul moyen d’acquisition pour la seconde œuvre de la « saga des masques » de Tonogai, mais peut-être en sera-t-il autrement pour Secret qui ne comporte que trois tomes ?

En parlant de Secret, il est bon de noter que le film-live Judge est disponible en France à travers l’édition collector du premier tome. Ki-oon inaugure ainsi un sous-label nommé « Ki-oon Vidéo » qui, on l’espère, accueillera d’autres titres liés aux ouvrages de l’éditeur. Le coffret est de bonne facture et accueille comme il se doit le manga et le boitier amaray, le livre se positionnant justement grâce à des presses en mousse. Le DVD, lui, est dans son édition la plus standard : Une galette dans le traditionnel boitier plastique avec une vostfr uniquement au rendez-vous. Mais là était aussi la politique de Ki-oon, proposer le film à petit prix, et le rendre accessible dans une version minimaliste.





Conclusion


Avec Judge, Yoshiki Tonogai développe un style né sur Doubt en associant notamment ses capacités graphiques au ton de l’œuvre, et surtout en donnant plus d’ampleur à un scénario pensé depuis le départ qui fait moins office de twist gratuit que dans la série précédente. Demeure alors une série très accessible qui reprend habilement les codes du thriller psychologique et saura certainement surprendre sur ses derniers tomes. Au terme du sixième tome, le second volet de la trilogie du mangaka prend fin, laissant donc place à Secret.
   
  
Fiche de la série
Fiche vo de la série
Fiche de l'auteur
  
  
Mise en ligne le 25/09/2015.
  
  

Dossier réalisé par Takato


© Yoshiki Tonogai / SQUARE ENIX CO., LTD.

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