Jojo's bizarre adventure - Saison 6 - Stone Ocean - Actualité manga
Dossier manga - Jojo's bizarre adventure - Saison 6 - Stone Ocean
Lecteurs
19/20

Atouts et particularités de Stone Ocean



Une partie pleine de qualités



Une histoire davantage sophistiquée

Tout d’abord, l’on appréciera la présence de diverses intrigues parallèles, plus ou moins concordantes, et dans la plus grande tradition du bizarre, au sein d’un univers carcéral relativement mystérieux, dans lequel le lecteur est baladé assez habilement d’un coin à l’autre. Ceux faisant grief du caractère linéaire des troisièmes et cinquième partie seront apprécier cela.

Certes, si, comme évoqué précédemment, les six premières parties de la saga constituent le premier arc, en ce que Stone Ocean porte un clap de fin manifeste, il convient de préciser que celles-ci peuvent être regroupée dans le cadre d’une summa divisio : les parties une et deux forment le cycle du « masque de pierre », les parties quatre et cinq sont identifiables sous la thématique de « l’arc et de la flèche », tandis que les parties trois et six peuvent être regardé à travers la notion de « lignage étoilé ». Ainsi, Stone Ocean occupe, en terme de trame générale, à l’égard de la saga, une place singulière en ce que, d’une part, elle s’inscrit dans une intrigue de lignage étoilé préfiguré dans une partie antérieure et, d’autre part, il en clôture un cycle plus vaste et continu s’écoulant sur les quatre-vingts premiers tomes.

Aussi, Stone Ocean, elle-même, peut être analysée en trois tiers : premièrement, dans le quartier général de la prison sur intrigue des « disques » afin de porter secours à un proche de Jolyne ; deuxièmement, dans le quartier disciplinaire et ses marécages environnants dans le cadre de la « naissance verte » ; troisièmement, et pour dernier tiers, l’évasion vers le Centre Aérospatial sur une intrigue « étoilée » : chacun de ces trois tiers, et de leurs éléments respectifs d’intrigue, s’enchevêtrent assez intelligemment et, dans une couture très agréable, lors d’un final plus que grandiloquent. A quoi l’on ajoutera un fil conducteur notamment saupoudré çà et là de flashbacks successifs apportant leurs éléments respectifs de compréhension en sus des projets d’un antagoniste insaisissable qui apparaissent toujours plus sombres à mesure qu’ils ne se révèlent.

Plus spécifiquement, l’auteur s’est efforcé à conférer à chaque tome une identité propre et distincte, pratiquement chacun d’eux comportera : un lieu différent, une ambiance particulière, l’introduction d’un personnage assigné, un fragment d’intrigue, et cetera : une approche presque mathématique d’Araki, comme si chaque ouvrage correspondait à l’application d’une équation algébrique répondant à certaines constantes précises : une exécution très professionnelle. Bien évidemment, la structure générale de la partie reprendra certains acquis des saisons précédentes et, notamment, de Vento Aureo, avec ce climax en quasi-centre de partie afin d’introduire, à grands coups de pompes, l’antagoniste principal, accompagné des tristes conséquences que l’on se rappellera (tome 11 pour Diamond is not crash, tome 10 pour Vento Aureo et tome 11 pour Stone Ocean) : toujours un grand moment de Jojo que cette séquence.





Des moments incroyables qui ne peuvent sortir que de la tête de cet auteur

D’abord, disons, jusqu’à satiété, que Hirohiko Araki c’est, avant tout, une créativité hors norme et, probablement, la plus importante parmi l’ensemble de ses confrères : c’est à la force de cette imagination intarissable qu’il bâtit la réputation de cette institution. Car si souvent, en lisant un quelconque manga, nous somme épris d’un sentiment de déjà-vu, cela sera chose rarissime dans Jojo : l’auteur ne cesse d’innover, d’inventer, de créer. Et, surtout, il va toujours plus loin que nous n’aurions pu nous même conceptualiser n’importe quelle situation.

En sus de cette créativité, lorsqu’il est livré une séquence inédite, à renfort de retournements de situations – parfois au rythme de plusieurs par chapitres – les moments culminants de tension, comme s’ils n’avaient point suffi, seront parfois accompagnés de la mort d’un protagoniste de premier plan : marque de fabrique chère à l’auteur ; lequel n’a guère peur d’attrister et de choquer son lecteur.  Cela en accroît manifestement l’intensité de l’ensemble des phases durant lesquelles les personnages sont régulièrement mis en grande difficulté, et c’est peu dire.

Et si Stone Océan comporte, comme chaque partie de Jojo, son lot de grandes séquences, au titre de celles-ci, il est fréquent, au détour d’une conversation, que la première chose évoquée par les lecteurs soit son dénouement final ; car, en effet, il s’agira probablement de la meilleure fin d’une partie de la saga et peut-être même parmi celles du shonen en général : un machin de barge, à la fois lyrique et dantesque ; lequel impliquera néanmoins une aspirine.

A coté de se final rutilant, les lecteurs, selon les cas et fonction de leur ressenti personnel, pourront garder en mémoire, notamment et à titre d’exemple – par abstraction généralisée afin de ne point spoiler les évènements en eux-mêmes –, savoir : une visite familiale en salle de parlote aux allures paranormales qui deviendra, sur multiples retournements de situations, un instant de drame manifeste ; une pluie de choses bien étranges dans l’inaccessible cour intérieure après avoir frôlé la mort en état d’apesanteur ; une douche froide au quartier disciplinaire de haute sécurité qui se transforme en émeute-génocide tandis qu’une épidémie botanique transformera les lieux en jardin des horreurs ; une altercation sous la pluie, les pieds dans la boue, dans les marécages environnants, alors que tout ne fera qu’empirer sous la menace de la naissance d’une créature qui n’aurait jamais dû voir le jour ; trois sombres crétins de névrosés dont les pouvoirs dépassent que trop le seuil de leur propre intelligence pour des conséquences qu’eux-mêmes ne seront point toujours en mesure de maîtriser ; et cetera. 


Des personnages hauts en couleur

Comme le dira lui même l’auteur, si le personnage principal laisse un sentiment de déjà-vu au lecteur, alors l’histoire est ratée ; et bien, dans Stone Ocean, à l’instar de chaque partie de Jojo, Araki fait montre d’un chara-design d’un strict inédit. Si souvent les protagonistes d’un manga pourront sembler ordinaires, il serait presque impossible de faire ce grief en l’espèce, tant sur la forme que sur le fond : car même du point de vue de leur psychologie, l’auteur fait toujours montre d’originalité. Comme susévoqué avec le personnage d’Annasui, ce meurtrier-psychopathe épris d’un amour absolu envers Jolyne lequel qui n’hésitera point, par jalousie, d’assassiner ceux qui pourront s’approcher d’elle, d’autant qu’assister à ses tentatives de séduction qui tomberont régulièrement à l’eau produira un effet comique tout à la fois drôle et assez particulier.

Ces personnages sont parfois davantage travaillés que lors des précédentes saisons : notamment Jolyne, pour laquelle l’auteur s’est exercé à une évolution dans sa personnalité et sa relation paternelle en carence : la Jojo préférée de nombreux fans. Araki nous aura prévenu à son sujet par une note figurant lors du tout premier ouvrage : si le protagoniste principal est une femme, cela n’y changera rien : le monde tout autour d’elle n’en sera pas plus tendre. Et ce n’est pas la suite de l’aventure qui contredira cela, Jolyne va vivre des moments d’une difficulté sans nom : l’auteur lui réserve le même traitement que si elle fut un homme, parfois même au-delà.

Au titre de ces protagonistes, il conviendra également d’évoquer particulièrement cet antagoniste qu’est le Prêtre Enrico Pucci : le « grand méchant garçon » auquel Araki aura sans doute porté le plus de soin parmi les six premières parties de la saga. Et pour cause, introduit très tôt dans le récit, l’auteur s’amuse régulièrement à le mettre en situation de faiblesse afin de mettre en exergue sa véritable personnalité : un homme qui, pensant faire le bien, manipule sans cesse et assène le mal tout autour de lui. Ici aussi l’auteur travaillera son évolution, tant dans sa personnalité que ses pouvoirs, notamment à travers son passé et un lien particulier qu’il put entretenir avec un antagoniste d’une précédente saison. Un méchant comme seul Araki sait les faire, dans la lignée d’un Kira ou autre.

Les ennemis ou antagonistes secondaires, quant à eux, ne sont pas en reste ; l’univers pénitentiaire étant rempli d’énergumènes diverses et variées : depuis l’employé-technicien de surface dépressif – qui, lorsqu’il tente de se suicider, entraîne des choses bien étranges autour de lui – jusqu’à la responsable de la sécurité top-modèle qui fait littéralement perdre la tête ; en passant par les détenus les moins recommandables : un multirécidiviste taxidermiste, un vieux maître de secte fana d’arts martiaux, un planqué sadomasochiste et autres tracassés en tout genre.

Par extension, le design des « stands » sera tout aussi agréable que celui des protagonistes-manieurs, qu’il s’agisse du cyber-fashion Stone Free ou encore du gothique-punk White Snake, ces derniers figurants aisément parmi les plus éminents stands conçus par Araki ; mais encore, et peut-être, dans une moindre mesure : Weather Report, Kiss, Diver Down, Jumpin Jack Flash et Jail House Lock ; sans oublier les atypiques : Manhattan Transfert, Dragon’s Dream, Sky High, etcetera. Bref, un éventail de stands toujours aussi intéressant et artistiquement éclectique : en substance, les aptitudes de ces derniers seront abordées, à certains endroits et sur certains de leurs aspects généraux,  dans la suite du présent dossier.





Le « vilain petit canard » d’un « sage grand mangaka » ?



Ebats et débats

Si cette partie demeure majoritairement appréciée parmi les fans et pourra dans certains cas être celle qu’ils pourront préférer, elle fût également mésestimée par d’autres ; bien que, également, chaque partie de Jojo trouvera toujours ses détracteurs : chaque saison suivant des structures différentes et s’adressant souvent à des publics relativement distincts. Nous reviendrons là-dessus dans la suite du présent dossier. Aussi notons que l’auteur confessera plus tard avoir perdu de sa motivation avant de commencer cette partie ; peut-être à raison du rythme imposé par la prépublication hebdomadaire auquel il était assujetti depuis plus d’une dizaine d’années et dont il dira lui-même avoir le sentiment d’être soumis à un rythme d’employé de bureau.


Principales oscillations

Si chaque partie de jojo et, de manière générale, chaque manga peuvent faire l’objet de maintes critiques, et que l’on aurait pu citer quelques personnages secondaires introduits que trop promptement, une narration parfois censurée ou certains abus de blessures ou autre, il en sera retenu ici au moins trois qui feront consensus.

Le premier regret qui pourra être formulé sera, bien que le dessin de l’auteur soit d’un niveau artistique, la prestation semblera, notamment lors du tome huit, moindrement soutenue qu’à l’habitude – lequel tome contiendra, par ailleurs, une des escarmouches les plus complexes de Stone Ocean et peut-être même de la saga et dont le style adopté en l’espèce par l’auteur pourra lui avoir conféré, au demeurant, une identité assez unique dans la fresque de Jojo – ; de surcroît, les planches étant très détaillées cela pourra provoquer chez le lecteur, préférant notamment les styles davantage épurés, un sentiment de confusion à certains endroits. Même si une partie du lectorat aime ces planches chargées dont il est pris le temps afin de les décortiquer : un des charmes incontestables de la saga.

Puis, malgré que l’auteur demeure dans une bonne santé créative, certains stands, parfois hors norme, paraîtront exploités en dessous des possibilités qu’ils semblaient offrir : frustrant ainsi le lecteur pensant que Jojo allait, tout autant qu’à l’habitude, le sortir, avec toute sa force, de l’ordinaire de certaines lectures.

Ensuite, il aurait quelquefois été bon que l’auteur propose des affrontements croisés, et non en file indienne : pour davantage d’épaisseur ; non pas que cela soit systématique, mais, qu’en l’espèce, c’eût été approprié ; au risque d’augmenter encore davantage la complexité des évènements.


Et alors donc ?

Quand bien même, si Stone Ocean, à l’instar de tout manga qui se respecte, n’est pas exempt de griefs, gardons toujours à l’esprit les qualités dont il est empli : cette créativité folle, la hauteur du niveau général d’implication de l’auteur dans son œuvre et tout ce qui pu être susévoqué : tant ce sont des choses rares. Et, malgré ce qui pourra en être dit, lorsque le récit articulera de grands moments avec d’autres, quelques fois relativement moins sophistiqués, cela demeurera, néanmoins, au-dessus de la moyenne du marché nekketsu actuel, sans encombre : car cela demeure du Jojo : le haut de gamme d’un genre.
  
  
  


JOJO’S BIZARRE ADVENTURE PART6 STONE OCEAN © 1999 by LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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leyugidu

De leyugidu, le 12 Août 2016 à 14h10

18/20

Enfin un dossier qui rend justice à cette partie de Jojo!

damian

De damian [4646 Pts], le 08 Avril 2016 à 19h04

20/20

ce dossier donne vraiment envie de se jeter sur stone ocean et le reste de la saga jojo. jojo n'est pas booty

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