Ichigo 100% - Actualité manga
Dossier manga - Ichigo 100%

Amour, lycée et petites culottes


On peut aisément rapprocher Ichigo 100% de la catégorie ecchi, ce genre qui consiste à jouer avec le côté frivole d’une œuvre, sans toutefois montrer plus qu’une poitrine dénudée et ne volant pas la place à l’aspect sentimental de l’histoire. Le côté coquin du best-seller de Mizuki Kawashita a même une place très importante et même si c’est évidemment les personnages et les relations qui nous intéressent, on ne cache pas que la patte frivole de l’auteure apporte quelque chose à la série.

Soyons tout de même clairs sur le fait qu’Ichigo 100% est loin d’être un manga cochon puisque jamais il n’y a de rapport sexuel entre les personnages qui ne sont que lycéens. De même, le titre ne montre aucune poitrine entière apparence, au mieux les demoiselles seront entièrement dévêtues mais les parties intimes cachées d’une manière ou d’une autre, et au plus soft des cas nous ne verrons qu’un décolleté ou une petite culotte. La limite fixée par Mizuki Kawashita prend beaucoup de sens d’abord parce que, l’auteure étant une femme, il n’était pas question de dépeindre une quelconque femme-objet ni même d’aller trop loin dans la dimension érotique. C’est pour cette raison que dans la majeur partie des gags, l’ecchi sert l’humour et il est difficile d’entrevoir une tension sexuelle quand le héros se casse vulgairement la figure et atterrit le nez entre les seins de l’une de ses camarades. Il est évident qu’une partie de ce fan-service a lieu pour satisfaire le jeune lecteur masculin mais tout est dosé de telle manière à satisfaire ses mirettes sans jamais attiser son excitation. L’œuvre propose pourtant certains moments plus intenses dans les relations, où l’ecchi semble franchir un certain cap et prend clairement pour sujet la libido du personnage masculin. En générale, c’est la belle Satsuki qui fait les frais de ce genre de séquences, un choix qui peut rendre vulgaire le personnage auprès de certains et certaines mais qui prend un tout autre sens quand on cerne les thématiques de la série. Quand Ichigo 100% ose le sujet de la sexualité, c’est toujours dans le cadre de l’adolescence et des premiers amours où les lycéens, inexpérimentés qu’ils sont, sont tentés par les plaisirs charnels tout en gardant en eux un soupçon d’hésitation. Il arrive même que ces séquences soient dépeintes sans qu’aucune demoiselle ne se trouve dévêtue, dans le simple cadre de la sexualité par amour. En ce sens, Mizuki Kawashita garde une éthique constante et ne franchit jamais la limite qu’elle s’impose. Dans l’œuvre, l’ecchi fait rire ou s’appuie sur les thématiques de l’amour et de l’adolescence, ni plus ni moins.

On l’a dit, le style de l’auteur rend évident que les culottes à foison ont aussi pour but de satisfaire le jeune lecteur et pour cela, il était impératif de compter sur un coup de crayon réussi. Et du talent, Mizuki Kawashita n’en manque pas, déjà parce que ses héroïnes restent à croquer mais aussi parce sa manière de dépeindre les corps de ses personnage est élégante mais peu ou rarement vulgaire. Sa manière de jouer sur l’ecchi varie selon les personnages et leurs psychologies, aussi la mangaka met en avant les formes chaleureuses de Satsuki en essayant de rester dans un respect du personnage en évitant les poses trop osées, ou gardera une certaine intimité pour un personnage comme Tsukasa que le lecteur aura tendance à idolâtrer pour son côté inaccessible. Il existe un juste milieu représenté par Aya qui, bien qu’ayant un corps très idéalisé, ne fait pas tant l’objet de séquences coquines que ça et quand c’est le cas, c’est en respectant la nature du personnage et en n’exposant que peu ses formes. On ne peut donc pas parler de vulgarité quand on voit les jolies héroïnes de l’auteure tant il s’en dégage une fraicheur et une élégance, du sexy qui n’est donc pas trop provocateur et établit un juste milieu, ce qui décrit parfaitement les intentions de l’auteure par rapport aux orientations esthétiques de son œuvre.





Des culottes animées


Alors que le manga approchait doucement de sa fin en 2004, le studio Madhouse se lança dans une production animée de 18 épisodes découpée en une OAV, puis une série télévisée de 13 épisodes, et enfin de 4 dernières OAV pour conclure le projet. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour une adaptation de 19 volumes, le ratio est plutôt maigre et pour cause, l’anime Ichigo 100% fait partie de ces projets qui ont pour unique vocation de servir de support promotionnel au manga d’origine.

L’histoire reste bien évidemment celle de Junpei, du club de cinéma mais surtout des différentes conquêtes du héros. Seulement, adapter de manière efficace la vie lycéenne de ce petit groupe en peu d’épisodes relevait davantage du défi si bien que c’est le choix le plus incompréhensible qui a été fait : Retranscrire rapidement quelques arcs du manga, de manière disparate. L’idée aurait pu être bonne si les studios Madhouse avaient sélectionné des segments judicieux du manga et ensuite fluidifié le déroulement de l’intrigue mais il n’en est rien et le spectateur non conscient de l’existence du support papier est condamné à voir apparaître des personnages de manière hasardeuse et surtout, et malheureusement, de se contenter d’une fin qui n’en est pas une… pour ensuite se rabattre sur le manga.

Pourtant, loin de vouloir copier/coller bêtement l’œuvre de Mizuki Kawashita, l’adaptation animée a cherché à produire un vrai travail d’adaptation en tenant compte de sa cible. Cette cible, c’est un public adolescent amateur de productions fan-service et de quiproquos en tous genres. C’est pour cela que l’anime propose une écriture très étrange des personnages en prenant leurs caractéristiques fortes et en les vulgarisant un maximum pour aboutir à des discussions souvent grotesques qui, associées aux situations burlesques, font perdre aux personnages toute leur crédibilité. Satsuki en tête paraît si cruche et vulgaire que votre serviteur lui-même n’a pu finir de revisionner un épisode avant l’écriture de ce dossier.

L’anime aurait pu se rattraper sur ses qualités techniques, surtout lorsqu’on sait que l’excellent et très esthétique Death Note était créé un an plus tard, toujours par Madhouse. Pourtant, tout porte à croire que cette tentative d’essai d’anime ecchi par les studios a été improvisé pour surfer temporairement sur l’engouement d’un manga dont la fin se profilait. On ne retiendra donc pas le character-design de Kiyotaka Nakahara qui, bien que cherchant se rapprocher le plus possible du trait de Mizuki Kawashita, n’en assimile pas toutes les nuances et ne retranscrit pas l’élégance du dessin. De même qu’aucun gros travail d’animation n’a été fourni, que le choix des couleurs reste criard et que la création musicale ne rend pas vraiment service à la série tant elle cherche simplement à appuyer une ambiance coquine et comique, sans chercher la subtilité des interactions ou des personnages.





Jouons cependant l’avocat du diable durant quelques lignes. Une comédie sentimentale longue comme Ichigo 100% se prête très bien à la pré-publication dans un magazine hebdomadaire mais moins à une série télévisée sur le long terme. Il aurait en effet fallu peut-être une centaine d’épisodes pour retranscrire fidèlement l’intégralité du manga de Kawashita et pour une œuvre de ce registre, cela se serait traduit par une redondance auprès du spectateur. Gageons toutefois qu’il était certainement possible de choisir des éléments clefs du manga et de ne garder que les arcs scénaristiques essentiel pour créer une œuvre qui aurait fait honneur au labeur de la mangaka d’origine, un procédé qui se serait appelé ni plus ni moins un travail d’adaptation.
  
  
  

ICHIGO 100 % © 2002 by Mizuki Kawashita/SHUEISHA Inc.

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