Hawkwood - Actualité manga
Dossier manga - Hawkwood

Profession: mercenaire


Pour Hawkwood, Tommy Ohtsuka a décidé de prendre en personnage principal une personnalité historique qui reste méconnue du grand public malgré son statut intéressant : John Hawkwood est en effet considéré comme le tout premier chef d'armée de mercenaires de l'Histoire.

Dès le tout début de la série, le mangaka nous offre un premier aperçu de la Compagnie Blanche du Corbeau et de son fonctionnement sous la houlette de John Hawkwood. On découvre alors le sens du combat de cette bande, ainsi que leurs petites stratégies (par exemple l'utilisation de leur carriole de femmes pour endormir la vigilance de l'ennemi)... mais ce sont surtout les motivations de Hawkwood qui intéressent le plus : mercenaire oblige, elles sont purement pécuniaires. Le combattant prend soin de ne pas trop se lier à ceux qui l'embauchent, car il n'est pas dit qu'il ne devra pas les affronter plus tard si un ennemi lui fait une plus belle offre pour s'attacher ses services. Et quitte à se battre et vivre uniquement pour l'argent, autant toujours essayer de tirer le plus de profit possible des missions...





Ainsi, on comprend très rapidement que John Hawkwood n'est pas du genre à respecter les règles de chevalerie dans les batailles, et il ne cessera ensuite jamais de le démontrer dans la série, ne serait-ce qu'en se mettant en quête de villages à piller en utilisant et sacrifiant sans scrupule des hommes qui ne sont pas à lui, ou en fuyant sans état d'âme face à un ennemi trop redoutable comme Perrier.

Le travail de mercenaire est sans foi ni loi, Ohtsuka s'applique à nous le montrer. Et cela, même quand (voire surtout quand) des mercenaires se croisent. A ce titre, deux personnages ont beaucoup de choses à dire.
Tout d'abord, Bruno Gabin, avec qui John Hawkwood est amené à faire une alliance... mais une alliance qui n'en a que le nom. Même si les deux hommes semblent bien se comprendre du fait de leur statut similaire de mercenaire, cela traduit surtout une défiance naturelle entre deux hommes qui ont conscience de leur dangerosité l'un pour l'autre... ce qui se confirmera très vite. Car après tout, quoi de plus dangereux, pour un chef mercenaire, qu'un autre chef mercenaire ? En effet, le monde des mercenaires au XIVè siècle est décidément impitoyable et s'avère bien loin des considérations chevaleresques, et Tommy Ohtsuka nous le montre en confrontant avec brio les deux chefs mercenaires, où la victoire reviendra à celui qui parviendra en premier à exploiter la fourberie de l'autre pour l'éliminer et mettre la main sur de nouveaux hommes.
Ensuite, il y a le cas d'Otto Doria, le mercenaire génois qui, lui, est clairement identifié comme ennemi de Hawkwood dès le départ puisqu'il est embauché par le camp français. Dans cette autre confrontation mercenaire vs mercenaire, on a un cas qui doit avant tout se régler sur le champ de bataille.

Entre les avancées du conflit et ce que l'auteur dépeint dans chacun des camps, l'un des éléments qui restent les plus passionnants à suivre et qui constituent le coeur de l'oeuvre est bel et bien ce statut de mercenaire, en premier lieu à travers Hawkwood, mais aussi via Bruno Gabin et Otto Doria. Et de ce côté-là, Tommy Ohtsuka ne manque pas une occasion d'approfondir sa façon de voir les choses. Entre autres, une réponse de Hawkwood au prince Edouard confirme qu'il se fiche royalement de savoir pour qui il combat, et qu'il se moque de qui l'emportera entre Anglais et Français, tant qu'il en ressort enrichi. Et ses discussions avec Gabin présentent bien le fait que l'argent constitue sa motivation, et montre aussi les stratégies fourbes qu'un mercenaire peut adopter pour s'enrichir, par exemple en faisant exprès de faire durer les hostilités.





Guerre


Hawkwood est donc une série marquée par la guerre, les batailles, les alliances et les stratégies pour vaincre l'ennemi. Et à ce titre, Tommy Ohtsuka propose un travail plutôt honnête, pas forcément hyper développé, mais où il y a constamment un certain désir d'utiliser différentes facettes de la guerre.

Ainsi, il y a par exemple l'arrivée de problèmes collatéraux typiques de la guerre, à commencer par la pénurie de nourriture due aux rats. Le ravitaillement a son importance pour une armée anglaise éloignée de ses terres.

L'exploitation d'un problème de ce type est évidente pour la France. Ainsi, le roi de France Philippe VI, retranché derrière les murailles du château de Vincennes, préfère d'abord refuser le combat direct et miser sur la guerre d'usure et sur la politique de la terre brûlée pour tenter d'affamer encore plus l'adversaire anglais. Mais le monarque français ne décidera-t-il pas d'enfin s'engager dans un conflit direct pour ne pas perdre la face en constatant le saccage de la province de Normandie par les troupes anglaises ?

Nous avons ici un exemple de stratégie à grande échelle, celle que les souverains décident de mettre en place. Mais des stratégies, Ohtsuka en propose aussi, bien sûr, sur les champs de bataille eux-mêmes. On peut par exemple évoquer le sens de la stratégie de Hawkwood via la manière dont il prend au piège la compagnie ennemie des chevaliers de Saint-Lô, l'utilisation de la cavalerie ou des fantassins, le besoin de mettre au point de nouvelles tactiques dans l'urgence pour ne pas se laisser dépasser par l'ennemi, l'exploitation du relief, la lecture du cours des choses, la tentative d'influer sur le moral des troupes...





Enfin, au beau milieu de ces stratégies de guerre classiques, apparaissent de nouvelles donnes de l'époque : nouvelles armes comme le canon et l'arbalète, nouveau type de guerrier avec l'émergence des mercenaires... et donc, tout simplement, nouvelles façons de mener la guerre. Signant, dès lors, la lente chute d'un tout autre esprit guerrier qui se voulait plus noble...
  
  
  


© Tommy OHTSUKA / KADOKAWA CORPORATION

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