Goggles - Actualité manga
Dossier manga - Goggles

Slider


La première nouvelle du recueil, nommée « Slider » et publiée pour la première fois au Japon en janvier 2008, nous propose, le temps d'une petite soixantaine de pages, de suivre les aventures de trois laissés pour compte : un chômeur, et intérimaire fauché et un écolier qui, un jour, découvrent dans une maison abandonnée une vieillard qui n'est autre que le dieu de la misère !





Décidé à se venger de ceux qui ont fait de lui ce qu'il est devenu, le chômeur Kôhei, accompagné de ses deux camarades, embarque le vieillard pour le présenter au fils prétentieux du patron du pachinko où il a l'habitude d'aller, puis au directeur de l'usine qui l'embauchait autrefois avant de le virer.

Sous couvert d'humour et d'une pointe de fantastique tout juste esquissée, Tetsuya Toyoda dresse un petit portrait assez lisse mais criant de vérité sur le monde du travail et sur la manière dont les hauts placés, à l'image du directeur de l'usine, utilisent les personnes les plus modestes comme Kôhei.

Du fait des quelques années de la nouvelle, les dessins restent assez simples, mais déjà portés par une mise en scène posée et des personnages à l'expressivité subtile.


Mr. Bojangles


Parue dans son pays d'origine en avril 2011, la nouvelle « Mr. Bojangles » nous fait retrouver le détective privé Michio Yamazaki, déjà présent dans Undercurrent.

Cette fois-ci, le détective part sur la trace d'un vieil homme qui se fait surnommer Mr. Bojangles, sur demande de sa cliente, une jeune femme qui a été marquée par ce gentil homme dans son enfance et qui souhaiterait l'inviter à son mariage.





De fil en aiguille, au gré de quelques rencontres, Yamazaki est amené à retracer les grandes étapes de la vie de cet homme. Se dresse alors le portrait d'un homme qui a connu des drames que tout le monde peut vivre et qui a cherché le réconfort comme il le pouvait, par exemple en s'occupant de fillettes lui rappelant sa propre enfant, tout en restant profondément énigmatique et quasiment insaisissable.

Le ton est posé et réaliste, les dessins plus aboutis, et en seulement 26 pages, cette nouvelle se dresse comme un petit bijou d'émotion retenue.


Goggles


Initialement parue au Japon en septembre 2003, la nouvelle « Goggles », en plus d'offrir son nom au recueil, est aussi celle qui a permis à Tetsuya Toyoda de remporter le prix 4 Saisons de Kôdansha et de lancer sa carrière d'auteur de manga.

On y retrouve Kôichi, l'intérimaire de « Slider », à une époque où, déjà fauché, il vit chez un dénommé Murata. L'histoire commence alors que Murata a recueilli une fillette d'une dizaine d'années, Hiroko, et qu'il a chargé Kôichi de s'en occuper pendant son absence. Seulement, Kôichi ne sait pas trop comment s'y prendre avec Hiroko, qui ne dit jamais rien, ne change jamais de vêtements, et ne se sépare jamais d'une paire de lunettes de protection fixées constamment sur ses yeux et qui constitue son plus cher souvenir de son grand-père décédé. Faisant du mieux qu'il peut, sans insister, Kôichi finit peu à peu par apprendre le parcours familial chaotique de la fillette qui l'a amenée à se replier sur elle-même.

Sur un ton calme, quasiment nonchalant et un brin mélancolique, le mangaka livre ici une histoire d'une petite soixantaine de pages tout en sensibilité et en délicatesse, qui soulève avec une émotion retenue le drame d'une fillette qui est la première victime des échecs sentimentaux et professionnels de ses parents, et où seule la présence de son grand-père était une consolation.





Alors que la petite ne dit pas un mot, on se surprend à s'attacher tout naturellement à elle, tant le ton est juste. Et bien que la dernière page achève la nouvelle sur une petite note d'optimisme, c'est bien le ton réaliste qui l'emporte, soulevant avec beaucoup de subtilité un problème de société loin d'être rare.

Du côté des dessins, malgré les doutes que le mangaka émet dans sa postface, on a droit à une œuvre de jeunesse qui visuellement a très bien vieilli, et qui excelle dans les expressions des visages, tout en nuances. Tout simplement, la nouvelle « Goggles » est un bijou, qui justifie à elle seule l'achat du recueil.
  
  

GOGGLES © Tetsuya Toyoda / Kodansha Ltd.

Commentaires

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nolhane

De nolhane [6594 Pts], le 12 Mars 2022 à 12h25

Merci pour ce jolie dossier qui donne envie de se replonger dans ce beau manga qu'est Googles

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