Girlfriend - Actualité manga
Dossier manga - Girlfriend
Lecteurs
15.50/20

La diversité des caractères mis en scène

    
Par la nature même du manga, qui présente plusieurs histoires à l’intérieur d’une seule, on retrouve de nombreuses figures qui vont toujours par deux, parfois par trois, et ceci plusieurs fois dans la série. Les personnages ne sont alors pas identifiables clairement, du moins pas dans leur dimension singulière et personnelle. Aucun protagoniste n’est dit principal, aucune figure n’est mise d’avantage en avant que d’autres. Nous traiterons ici de ces personnages qui ne peuvent faire l’objet d’un court résumé un par un. De toutes les personnalités qui se mettent en place, même si certaines feront l’objet d’un avis plus détaillé par la suite. En cinq volumes, on ne compte pas moins de 21 histoires différentes, avec quelques chapitres en deux parties ou encore des reprises de personnages. Dans tout ce panel d’histoires et de situations, le lecteur aura le choix pour s’identifier à telle ou telle fille, à telle ou telle expérience. En présentant des jeunes femmes toujours différentes, l’auteur peut toucher un grand spectre de gens, tout en appelant à la curiosité de ceux qui ne se reconnaissent pas forcément dans certaines histoires. A vrai dire, on apprécie les récits un peu suivis pour leur complexité et leur réflexion en terme de psychologie des personnages, mais le fait de ne rencontrer que des héros de quelques pages peut être tout aussi vivifiant. Ils sont là, démunis, offerts à nos yeux et sans passé, sans avenir. C’est à nous de les inventer, de les mettre en scène au-delà d’un chapitre, de les faire perdurer dans notre imagination. Cela laisse la part belle à l’innovation et au rêve, au questionnement et à la légèreté, ce qui ne fait pas de mal dans un récit pareil : ne pas prendre au sérieux tous les amours présentés ici devient alors le mot d’ordre de la série. Mais attardons nous un peu sur les différentes figures du manga, sans révéler leur histoire mais en découvrant ce qu’elles ont de particulier, d’intimiste.

Commençons d’abord par les grandes figures récurrentes. Notamment Togawa. Elle n’apparait pas très tôt dans l’histoire, pourtant c’est elle que l’on suivra le plus. Différente de la majorité des autres filles qui aiment faire l’amour ou tout du moins se concentrent là-dessus, la jeune fille n’est à aucun moment mise en scène dans ce contexte, sauf à la conclusion de la série, ce qui montre bien que l’adolescente est une des figures porteuses du manga. De plus, elle est souvent croisée avec Yoshikawa et son petit ami Kuraki, dont nous reparlons plus tard. Togawa est donc une fille assez banale, et n’a que son rang de bonne élève pour la rendre intéressante. Fujii, lui, est plutôt le tombeur de ces dames, un peu simplet mais très beau. Presque féminin. Ces deux là n’ont rien à voir ensemble, et pourtant ils se retrouveront à s’embrasser passionnément après les cours, sans jamais aller plus loin, Togawa ne le supportant pas. La jeune fille met en exergue là où commence le désir, comment l’apaiser tout en se refusant à franchir certaines limites. Elle se met elle-même en situation désagréable, et entraîne Fujii dans un enfer quotidien. Ces deux personnages sont donc souvent mis en scène, mais c’est surtout Togawa que l’on retrouve, tantôt couplée à Fujii, tantôt à Kuraki. Ce dernier est pourtant le copain de Yoshikawa, une très belle fille, parfaite en tous points. Elle est persuadée d’aimer Kuraki, mais au final n’attend que quelqu’un à ses côtés. Kuraki souffre d’un complexe d’infériorité et n’apprécie pas forcément de faire l’amour avec cette fille qui le dérange, il trouvera alors un réconfort tout particulier auprès de Togawa : leurs désirs s’accordent. Si ces quatre adolescents sont particulièrement représentés, c’est que leurs destins se croisent, se décroisent, témoignant parfaitement des affres amoureuses, des attentes des uns et des autres qui ne coïncident pas toujours avec les sentiments ressentis.
        
       
   
Quelques autres exemples de vie de ces « girlfriends » sauront montrer à quel point l’auteur s’éparpille dans tous les genres de personnalités et d’émotions possibles. Par exemple, le thème de l’inceste est effleuré. Satsuki est la grande sœur de Naoki, et même s’ils n’ont aucun lien de sang, c’est en secret qu’elle jettera son dévolu sur lui, alors que Naoki ne peut s’empêcher de fantasmer sur la créature de rêve qui vit sous son toit et s’amuse à le provoquer. On ne peut empêcher l’attirance de jouer en la défaveur de Naoki, qui ne peut céder face à sa sœur malgré les efforts qu’il fait pour préserver son propre couple … Le thème abordé à ses limites, étant donné que ce sujet tabou est déjoué facilement et avec quelques pirouettes pour ne pas en aborder les réels problèmes, mais la narration n’en est que moins lourde, ce qui permet au lecteur de poser sa propre opinion sur la situation. En restant dans le tabou, on pourra évoquer la relation élève - professeur, qui a toujours beaucoup de succès quand il met en scène le plaisir d’être aimée et reconnue par quelqu’un d’un autre statut et d’un autre âge, pour ainsi s’élever au dessus des camarades envieuses. De même, l’histoire d’Hitomi, la belle mère de Satoshi délaissée de son nouveau mari et cherchant un peu de réconfort, va dans le même sens et explore les dessous de l’amour, qui ne décide pas forcément sur qui il va se projeter. On le voit bien également dans le récit de Terashima qui sort avec le grand frère de Shu … et cédera dans le même temps aux avances de ce dernier. L’espace de quelques instants, les plaisirs interdits naissent et se défont, dans la plus stricte intimité des participants. Dans le genre des relations à trois, on peut aussi citer Uehara, la très petite mais fidèle membre du même club que son idole, et que Takatsu. Le problème, c’est que son besoin impérieux de recevoir des compliments va l’amener à utiliser l’un pour avoir l’autre … les deux se laissant faire. C’est donc ici le pouvoir de l’amour qui est rabaissé, mis en valeur par ce qu’il peut amener à faire faire, notamment dans la trahison et la manipulation muette.

Tout une partie de la série présentera des situations plus conventionnelles, diverses et variées mais moins mises en avant. On trouvera l’étudiante étrangère qui se saoule au sexe pour ne pas être seule, la jeune femme qui a envie de faire comme les autres, sans ressentir de l’amour pour son partenaire, les jumelles se partageant le même jouet, l’amie d’enfance qui retrouve son « grand frère », la lycéenne insatiable et totalement dévergondée, le trio amical qui se déchire en silence à cause de la fille du groupe qui sème le trouble chez les deux autres, l’expérience d’une première fois désagréable ou les problèmes de désir dans un couple depuis longtemps installé dans une routine, la réparation d’un traumatisme émotionnel par un refus de tout contact qui coïncide avec un besoin d’être admirée, … Tous ces épisodes tombent dans la banalité malgré leur aspect singulier. Les répétitions ne sont pourtant pas gênantes puisque chaque histoire est différente, ne ressemble pas à la précédente malgré le thème semblable qui y est traité, et tous ces héros d’un jour ne sont que le reflet de ce que tout un chacun a pu être dans le temps de son adolescence. C’est d’ailleurs cette diversité qui représente un tout ne sortant pas du lot qui pose des bases solides dans l’histoire de l’auteur, permettant alors à d’autres épisodes de ressortir d’autant plus fortement. Comme s’il fallait un tapis basal pour faire remarquer au lecteur ce que le reste peut avoir de particulier.

Enfin, un dernier registre se met en place dans Girlfriend : celui des amours marginaux, étranges et sans aucune logique. Le chapitre le plus représentatif se constitue de quelques pages, autour d’une inconnue mystérieuse et inatteignable. Elle existe et se définit par son caractère incompréhensible, et s’enfuira lorsque son bienfaiteur tentera de l’aimer au-delà des rapports charnels. C’est le moment le plus incompréhensible et étouffé du récit, tant l’inconnue n’a d’existence que par son mystère. Elle habitera le cœur d’un homme le temps de lui rendre son courage et sa motivation, avant de disparaitre de plus belle. Ensuite, on a Mari. Cette jeune fille a une passion inavouable, taboue et absolument secrète. Elle aime regarder sa grande sœur faire l’amour à Kota, celui qu’elle aime. Il ne lui reste que ça pour assouvir ses idées et pulsions, celles qu’elle garde pour elle, partageant un secret avec Kota, qui la provoque, la pousse à aller au bout … sans qu’elle puisse se résoudre à faire autre chose qu’observer le monde. C’est ici la découverte d’un monde inconnu, adulte et sulfureux dont une jeune fille fait l’expérience, de la même manière que n’importe qui aura pu découvrir cette chose un peu mystérieuse, par inadvertance. Enfin, ce qui diffère le plus du reste sont les deux chapitres qui concluent les tomes 1 et 3 de la série : au lieu d’être un acte « Girlfriend », ce sera un acte « Boyfriend », puisque Yoshida n’est pas une héroïne véritablement mise en avant. On se concentre alors d’avantage sur les mœurs amoureuses de Tachikawa, un otaku véritable et passionné. S’il apprend beaucoup de chose à sa copine, celle-ci n’arrive pas à le comprendre et se fait régulièrement jeter, alors même qu’il se refuse à la toucher, à lui manifester des signes d’affection. L’auteur exprime avec un humour dissimulé la difficulté à rentrer en contact avec ceux qui habitent ce monde, ainsi que la diversité des attentes dans un couple aux membres si différents l’un de l’autre. L’histoire intrigue alors autant qu’elle amuse, par son thème un peu décalé, sa vision inhérente à la vie de Tachikawa, et son originalité.
   
     
               
                           
                               

GIRL FRIEND © 2004 by Masaya Hokazono, Bettencourt / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 15 Février 2010 à 21h02

Merci.

Et mis à part les quelques réfractaires qui apparemment préfèrent être studieux (tant mieux, remarque), jetez vous sur cette petite série qui, sans le montrer, est vraiment excellente. Une mine d'informations et de visions du monde à découvrir avec plaisir.

jojo81

De jojo81 [7209 Pts], le 12 Février 2010 à 20h41

20/20

perso j'adore les dessins.

Tres bon dossier qui ma donné envie de reprendre ce manga.

Koiwai

De Koiwai [12693 Pts], le 12 Février 2010 à 20h08

* à merveille, honte à moi ><

Koiwai

De Koiwai [12693 Pts], le 12 Février 2010 à 20h07

20/20

Vraiment un excellent dossier, qui analyse à merveilles tous les aspects de l'oeuvre, dont certains que je n'avais pas vus sous cet angle.

tur-in-gg

De tur-in-gg, le 12 Février 2010 à 19h31

1/20

Je n'ais pas aimé les dessins (des vissages bien dessiné 1/4 ^^')  et encore moin l'histoire (au point de préférer les livres de cours!!!! Et je suis loin très très loin de les aimer!!!!) !!! Au point de regréter armerment de l'avoir acheté!!!! Une grande déseption!!! A éviter tout simplement!!!!

smgbuffyliliy

De smgbuffyliliy [5876 Pts], le 12 Février 2010 à 13h22

20/20

Ca me donne envie de le lire ! Bon dossier !

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