Entre Deux - Actualité manga
Dossier manga - Entre Deux

Un premier mot sur le style et l'ambiance


Comme dit dans la présentation de l'oeuvre, Entre Deux s'ouvre sur des pages en couleurs belles et douces où Sakura, en primaire, voit son coeur battre fort pour la première fois en serrant la main de Nozomi, puis nous fait faire un saut dans le temps jusqu'à l'époque du lycée où elle essuie le refus de sa déclaration d'amour, avant de se remémorer avec un peu d'amertume son parcours au fil des ans. Et en offrant une entrée en matière de ce type, KUJIRA se montre d'emblée très maligne, car ainsi elle parvient à installer immédiatement une atmosphère ayant quelque chose de très nostalgique et mélancolique, à la manière de souvenirs dont on se rappelle avec parfois des pointes de regrets.

Cette impression d'ambiance nostalgique, mélancolique et douce-amère, elle se voit subtilement renforcée par la narration, puisque c'est Sakura elle-même qui raconte essentiellement son passé, son enfance, son adolescence, en décortiquant alors brièvement chaque étape de sa jeune vie comme autant de souvenirs qui l'ont conditionnée.





Cette atmosphère dans l'ensemble très réussie, la mangaka parvient encore très habilement à la souligner de façon posée et pudique, par la force d'un trait à la fois maîtrisé, expressif et léger, qui dégage une certaine douceur et qui ne tombe jamais dans l'exagération.

Dans un style assez simple, l'autrice se contente, à travers son héroïne, de narrer son histoire de façon sincère et réaliste, sans artifices inutiles, pour un résultat qui va très souvent parvenir à taper là où il faut... mais qui va surtout réussir à développer des sujets plus complexes qu'on pourrait le croire.


Entre sentiments et puberté, un portrait de jeunes qui évoluent inévitablement


Car au-delà d'une romance de jeunesse aux allures somme toute assez classiques, KUJIRA s'applique bel et bien, au fil des chapitres, à aborder ses personnages principaux avec une certaine profondeur, au fil des changements qui ont pu marquer leur vie.

De l'enfance en primaire jusqu'à l'époque du lycée, en passant par les premières années d'adolescence si cruciales au collège, la mangaka dépeint cette poignée d'années en leur donnant tout leur sens, tant on sent que les grandes étapes de cette période si formatrice ont eu un impact sur Sakura, mais aussi sur Nozomi et même sur Arikawa.

D'une enfance où Nozomi avait une allure féminine avec des cheveux longs qui lui valaient d'être traité de "tafiole" par Arisaka, et où Sakura s'efforçait de ressembler à un garçon pour certaines raisons que l'on sera amené à découvrir, on arrive dès la fin de la lecture du premier volume à une fin d'adolescence où le petit garçon efféminé et la fillette garçon manqué ont bien changé, notamment car ils ont dû vivre les changements physiques inhérents à leur sexe: voix qui mue et corps qui se durcit pour lui, règles et poussée de la poitrine pour elle...

KUJIRA aborde évidemment tout ceci avec beaucoup de pudeur, et en cherchant avant tout à souligner l'impact que ces éléments de la puberté peuvent avoir sur ses héros et, plus généralement, sur tout un chacun.

Et quand l'intérêt pour le sexe opposé, si typique de cette période de la vie, finit tout naturellement par s'en mêler, les choses ne peuvent que se complexifier, surtout pour Sakura.





Mais Arikawa n'est pas en reste, ses méchancetés d'enfant en primaire voire au début du collège (là aussi assez typiques de cette période) finissant par laisser clairement place à autre chose à l'adolescence, de manière plutôt prévisible mais réussie, car une nouvelle fois la mangaka ne précipite pas les choses : c'est petit à petit que le camarade de classe de Sakura et de Nozomi changera, avec ses propres petits questionnements, une prise de conscience maladroite de ce qu'il ressent, et même un désir sincère de rédemption. Après tout, en grandissant, en devenant adolescent puis adulte, on peut tous se remémorer des choses de l'enfance que l'on regrette parfois...

Dans un premier temps, surtout dans le tome 1, seul le cas de Nozomi reste un peu plus énigmatique, dans la mesure où on ne suit à aucun moment ses pensées, dans la première moitié de la série : en effet, en premier lieu on le découvre avant tout à travers les yeux de Sakura et ses souvenirs dans le tome 1 (dans le volume 2, en revanche, il y aura quelques passages narrés du point de vue de Nozomi et d'Arikawa). C'est d'abord à travers Saku qu'on voit ce garçon changer physiquement, se mettre à sortir avec des filles en semblant pourtant toujours très (trop) détaché, si bien que l'on devine que celui-ci cache sans doute autre chose en lui. Une chose qui finira par apporter encore une profondeur supplémentaire à l'oeuvre...
  
  


© KUJIRA 2017 / KADOKAWA CORPORATION

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